Carton plein pour la 5e édition du Grand Pitch
Start-up. La CCI Marne en Champagne, en partenariat avec les Petites Affiches Matot Braine, organisait la 5e édition du Grand Pitch, où 8 start-up, six accompagnées et deux en « candidats libres », ont présenté leur concept et activité. Un événement qui s’est déroulé à l’Atrium, à Reims.
3 minutes. C’est le temps imparti où les start-up doivent « pitcher » leur projet. Exercice formateur mais implacable, qui distingue rapidement ceux dont le concept est abouti et maîtrisant parfaitement la ligne directrice de leur entreprise de ceux où les choses sont encore floues, imprécises. Ce fut encore le cas mercredi dernier pour cette 5e édition du Grand Pitch, organisée par la CCI Marne en Champagne en partenariat avec les Petites Affiches Matot Braine. Courageux, les huit « pitcheurs » sont montés sur scène, dans un premier temps pour présenter leur activité et dans un second, afin de répondre aux questions des deux membres du jury, l’un Sébastien Gressent, Business Angels, l’autre rédacteur en chef de notre journal, Benjamin Busson. Certains, rompus à l’exercice s’en sont sortis haut la main, quand d’autres, la voix tremblante, ont esquissé les contours de leur projet. Mais tous, convaincus par ce qu’ils présentaient voulaient croire en la réussite.
• Le premier à se plier à l’exercice était Arnaud Denis avec l’entreprise Handivisible, créée par l’Auboise Maïté Ferdinand et soutenu par la CCI. Handivisible, comme son nom l’indique, a créé une solution pour les personnes en situation de handicap de pouvoir passer de manière prioritaire dans les files d’attente, sans se justifier, grâce à une application connectée à un outils présent en caisse. « C’est une solution inclusive, bienveillante, simple et rapide », explique Arnaud Denis. « Le dispositif, loué par l’entreprise — enseigne de supermarché mais aussi musée, CPAM ou commissariat, bref tout endroit où il peut y avoir une file d’attente — est connecté à une application téléchargeable gratuitement qui permet à la personne de se signaler. Là, l’hôte ou hôtesse de caisse par un simple signe, la fera passer en priorité. » Cette application s’adresse à tous les types de handicap, des plus visibles au moins visibles et même à la grossesse. Handivisible a identifié un potentiel de 8 millions d’utilisateurs et a déjà enregistré 5 200 inscriptions. 80 dispositifs ont déjà été installés chez des clients à fort potentiel dans la Marne et l’Aube comme les supermarchés et hypermarchés Leclerc, Carrefour, Netto, Intermarché et Super U de la région, mais aussi l’Assurance Maladie et la CAF ou encore des commerces comme les Chocolats de Neuville ou Leroy Merlin. « Nous espérons, dans le cadre des JO 2024, déployer encore un peu plus notre dispositif », indique Arnaud Denis. Un kit de démarrage ainsi qu’une vidéo et une formation sont mis à disposition de ses clients qui paient pour installer la borne, un abonnement de 50 euros par mois. La start-up a été sacrée « coup de coeur » du jury pour cette édition, aussi bien par rapport « aux valeurs défendues que dans la structure et l’avancée du projet », soulignait Sébastien Gressent, Business Angels Marne Ardennes.
• Accompagné par le Village by CA, Mabrouk Aib était le second à passer devant le jury avec sa start-up Amaya, dont l’objectif est d’aider les petites exploitations à augmenter leur rentabilité grâce à une application. « Nous agissons sur trois problématiques : centraliser un carnet de culture digital, avoir des alertes concernant les maladies et recevoir des recommandations d’utilisation d’intrants agricoles », détaille Mabrouk Aib précisant que les petites exploitations sont, à 40% concernées par des pertes de récolte et à 33% par des pertes de productivité. Les clients sont les coopératives et les producteurs d’intrants pour qu’ils proposent les services à leurs adhérents. Dans un futur proche, la volonté du responsable de l’entreprise est de lever 500 000 euros pour 2023. À la confluence de plusieurs applications, Amaya veut centraliser aussi bien la gestion de la relation Agriculteur / conseiller, que la recommandation par l’intelligence artificielle et la centralisation des données.
Du slow tourisme au marché des sneakers
• Troisième entreprise à se présenter, My House Boat imaginé par Sandra Braud. Soutenue par le Réseau entreprendre Champagne Ardenne, c’est au secteur touristique que se destine l’entreprise. Et une fois n’est pas coutume, il ne s’agit pas d’une énième application mais d’un concept d’hébergement fluvial et durable. En effet, le bateau est éco-conçu et recyclable en fin de vie. Fonctionnant grâce à l’énergie solaire, il obéit à une grande sobriété énergétique. Il est de plus, quasi autonome en eau. Hébergement insolite, il peut accueillir jusqu’à 8 personnes pour une durée minimale de trois jours. Le coût (549 euros la nuit en haute saison) doit couvrir les frais d’acquisition du bateau évalué à 285 000 €HT. Stationné entre Aÿ et Reims, il se pilote sans permis à une vitesse de 6 km/h, parfaitement adapté au slow tourisme, nouvelle tendance post-covid. Des vélos électriques seront proposés en location pour découvrir les paysages marnais alentours. Concernant son chiffre d’affaires, Sandra Braud estime, avec une capacité de remplissage de 60%, pouvoir atteindre 150 000 euros par an. Un bain nordique sera aussi proposé de manière payante idem pour un guide skipper afin de pouvoir voguer sur la Marne. « À terme, je prévois une flotte de huit bateaux », espère Sandra Braud qui peut compter sur le soutien d’organismes de financement (bpifrance) et d’expertise comptable (KPMG).
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• Greener fait partie des nombreuses entreprises soutenues et accompagnées par Innovact. Surfant sur la nouvelle passion des Français pour la déco et les travaux, Greener propose, grâce à la réalité augmentée, de concevoir des nouveaux espaces et mobiliers avant même de casser le moindre morceau de mur. « Aujourd’hui, 78 % des consommateurs prévoient d’utiliser la réalité augmentée (RA) dans leurs achats et actuellement 15% des Français ont déjà réalisé un achat en utilisant la RA », confie Cédric Navet, le concepteur. Quelques grandes sociétés disposent de ce type d’outil, mais l’offre reste limitée et le but est justement d’ouvrir cette utilisation aux magasins plus petits et concepts store. « L’application d’aide à la vente est destinée aux professionnels de l’ameublement et permet une personnalisation et une visualisation interactive de leurs produits et équipements dans leur environnement », précise-t-il. Le business model de Greener repose sur un abonnement de licence à 99 euros par mois et d’un module en ligne de 800 à 4 000 euros par mois selon les usages. Ingénieur en informatique, Cédric Navet compte dès 2023 recruter un développeur et proposer son produit dans les marchés des poêles à bois / granules, canapés, cuisine, spa… 2024 et 2025 seront consacrés au développement commercial et au recrutement d’une équipe de développement.
• La Chambre des Métiers et de l’Artisanat avait décidé de présenter FIERR, entreprise de pressing de sneakers, comprendre baskets et représentée par ses deux créateurs Éric Asalobie et Florian Labillois. Pour poser le sujet, les deux jeunes hommes nous apprenne que le marché de la sneaker est de 91 milliards d’euros dans le monde dont 3 milliards en France en 2021 et qu’il représente 60% du marché de la chaussure aujourd’hui. La société FIERR a été créée en 2018 à Reims, et après un magasin rue Gambetta, c’est rue de Vesle que Éric Asalobie et Florian Labillois ont posé leurs cartons. Là, ils se sont non seulement spécialisés dans le pressing de la sneaker mais proposent également du dépôt-vente et ambitionnent de faire aussi du reconditionnement, de la location ainsi qu’un site marchand en 2023. « Les pressings traditionnels sont de plus en plus sollicités pour nettoyer les sneakers. Nous sommes d’ailleurs en discussion avec une grande enseigne pour nouer un partenariat avec eux », révèle Florian Labillois. Leur besoin immédiat est d’un investissement de 100 000 euros afin de pouvoir « créer un atelier de reconditionnement ainsi que d’acquérir un stock de sneakers de collection pour l’achat revente et la location. Il y a un fort développement du marché de la seconde main. »
• Dernier candidat accompagné par une structure, en l’occurrence Neoma, Yohan Levacher avec Give a Bet propose de « participer à des Fantasy League grâce à un abonnement ou à des tickets GameWeek. On acquiert fictivement des joueurs, qui valent des points différents, afin de participer à des paris sportifs et des Fantasy League. » Le marché de la Fantasy League, aux Etats-Unis, pesait 14 milliards en 2020 avec 50 millions de joueurs. Give a Bet ambitionne de se positionner sur trois réseaux sociaux clés : Twitter, Twitch et Discord. Yohan Levacher a besoin de lever 500 000 euros pour financer le site et l’application.
Les troubles musculo-squelettiques ont leur table de soin
• Deux autres start-up pitchaient de manière indépendante. Charlotte Bouchet venait des Ardennes pour présenter Bodyfeed, « un concept innovant et breveté de table de décompression vertébrale afin de prévenir et de soigner les troubles musculo-squelettiques (TMS) de manière non-invasive. » La table associe « déclivité et vibration », c’est un dispositif médical et breveté qui s’adresse au monde médical, à celui du sport, du bien-être mais aussi de l’entreprise. Cette dernière est déjà en application au CHRU de Nancy. D’ici 2023, la start-up ambitionne un chiffre d’affaires d’un demi-million d’euros et de 36 millions sur quatre ans.
Dernière start-up à se présenter devant le public d’une soixantaine de personnes I-Tego, propose des audioguides multilingues. Porté par Christophe Juppin, cet audioguide est accessible directement sur le portable des visiteurs sans télécharger une application. Le principe ? « Le visiteur vient flasher un QR code apposé sur un circuit, une exposition ou un monument et il peut suivre la visite avec la langue de son choix. Sur l’écran, une photo, une vidéo, un texte. » OD-Guide a déjà été mis en place dans plusieurs communes dont Nogent, Langres et aux Ricey ainsi qu’au château de Taisne (Aisne). « Nous faisons des démarches pour investir le marché allemand qui est très intéressé. L’Unesco aussi pour baliser la route touristique du champagne. »