Collectivités

Faire des Ardennes un département pilote dans la réindustrialisation verte

Visite. Le binôme ministériel Bruno Le Maire-Roland Lescure a annoncé que les Ardennes serviraient de modèle expérimental au développement de l’industrie verte.

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Bruno Le Maire et Roland Lescure
Avec Hanon Systems, Bruno Le Maire et Roland Lescure avaient choisi un lieu industriel symbolique pour présenter la future loi « industrie verte ».

Seul site français du groupe mondial coréen (5,6 milliards de chiffre d’affaires et 21 000 salariés dans 21 pays), l’usine Hanon Systems de Charleville-Mézières a reçu la visite des ministres de l’économie et de finances et de l’industrie. Appelé à disparaître il y a dix ans, l’équipementier automobile compte aujourd’hui 414 salariés (350 emplois directs et indirects et 74 postes d’encadrement) plus un volant de 35 intérimaires dans les Ardennes.

« Quand je suis arrivé ici, j’avais pour mission de fermer l’usine en engageant 200 millions d’euros pour cela. En tant qu’expert-comptable de formation, j’ai alors effectué un audit interne, décelé du potentiel et demandé une enveloppe de 12 millions d’euros. On est alors passé de l’injection plastique à l’aluminium avant de prendre, quelques années plus tard, la direction de l’électrique » se rappelle l’actuel directeur général, Mustapha Khelladi.

Pour basculer vers la solution de demain, l’entreprise a opéré un investissement de 36 millions d’euros pour passer en cinq ans du tout thermique à l’électrique. Hanon Systems consacre désormais plus de 50 % de son activité à la fabrication de systèmes de refroidissement de batteries pour deux constructeurs allemands, Volkswagen et Porsche. Elle produit 800 refroidisseurs de batteries par jour pour arriver à terme à 3000. « Notre groupe a parfaitement compris que le véhicule électrique n’était plus une alternative mais une obligation. Il a eu la volonté d’investir, ce qui a permis de pérenniser le site ».

Une loi votée en avril

Du pain béni pour Bruno Le Maire venu, ici, promouvoir l’industrie verte en faisant des Ardennes le département pilote en la matière. Une idée sur laquelle certains élus et la communauté des industriels locaux travaillent depuis un certain temps. Concrètement, un projet de loi sera présenté au Parlement en avril. Il comprendra des propositions concrètes pour accompagner financièrement la transformation écologique, accélérer l’implantation de sites industriels, inciter à la décarbonation des entreprises, réserver des aides à des produits nationaux et européens et encourager la production nucléaire et d’hydrogène.

Avec, en plus, un gros effort sur la formation et la qualification des jeunes aux métiers de l’industrie, ce qui se traduira par la venue du ministre de l’Education Nationalesur place.


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« Il faut profiter du changement climatique pour relocaliser l’industrie en France », a résumé Bruno Le Maire. « Et nous voulons faire des Ardennes un département pilote en matière de réindustrialisation sur la base de l’économie verte. Ce dispositif est une des priorités absolues de 2023. Il sera expérimenté en priorité dans ce département. Au département des Ardennes de se projeter dans l’avenir en contribuant à son échelle à ce que la France soit à long terme la première nation de l’industrie verte en Europe en produisant des batteries électriques, des électrolyseurs, de l’hydrogène et de l’électricité nucléaire décarbonée, comme ici à Chooz. Cela permettra de renverser 30 années de désindustrialisation pour relancer l’industrie nationale »

Pour financer cette innovation, le locataire de Bercy envisagerait de créer de « véritables outils d’épargne verte » et un environnement fiscal favorable tout en encourageant la commande publique nationale. Le texte comprendra des mesures fiscales, réglementaires et législatives. Ces dispositifs seront définis « sur la base d’un dialogue comme il a été fait sur la loi Pacte » à l’origine de cette initiative, le député Lionel Vuibert a martelé que le choix des Ardennes, terre de forges et de fonderies, n’était pas usurpé.

« Nous avons déjà prouvé notre capacité d’aller avec succès vers les technologies du futur. Nos industries sont donc prêtes à se lancer dans ce projet. Il y a là un vrai dossier à construire. Sans oublier notre candidature à un prochain EPR nouvelle génération. Et nous avons des atouts et de l’avance sur ce sujet ». Aux Ardennes désormais de saisir cette nouvelle opportunité qui vient après celle du « Rebond Industriel » qui sera instauré dans trois intercommunalités. Autant dire que l’année 2023 commence sous les meilleurs auspices pour le territoire…