Hommes et chiffres

Samuel Deglaire, président de la FFB 08 « Il faut s’attendre à une année 2023 compliquée »

Bâtiment. Profitant de la période de vœux, Samuel Deglaire, tout nouveau président de la FFB 08, a fait le point sur l’actualité du bâtiment et des travaux publics.

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Photo de Samuel Deglaire
Pour son premier discours devant les entrepreneur ardennais, Samuel Deglaire a accueilli 140 personne à cette manifestation. (Crédit : PR)

« Globalement, les carnets de commandes sont encore correctement remplis jusqu’à moyen terme. Mais si l’activité est bonne à cet instant T, nous avons néanmoins beaucoup d’inquiétudes sur l’avenir car tous les voyants sont dorénavant passés à l’orange. Il faut s’attendre à une année 2023 compliquée ».

Pourquoi ce constat pessimiste ?

« Parce qu’on arrive à une période où les permis de construire accordés pour les logements neufs vont être moins nombreux en raison de la mise en place de la réglementation environnementale 2020 et des surcoûts qu’elle entraine en matière de déperdition thermique et consommation de carbone. »

S’ajoutent à cela l’augmentation du prix des matériaux qui se répercute sur les coûts de construction et le rebond des taux d’intérêts auprès des banques qui entraine une perte de solvabilité pour certains ménages au budget limité.

Est aussi pointée du doigt la hausse des charges de fonctionnement sur les marchés publics qui débouchent sur des capacités d’investissements moindres pour les collectivités locales lesquelles donnent actuellement la priorité à la recherche d’économies d’énergie au sein des établissements dont elles ont la charge plutôt qu’à l’édification d’équipements neufs.

Concernant le non résidentiel neuf, des craintes existent pour ce qui touche l’industrie, un secteur en forte chute car les PME s’interrogent sur leur avenir. Enfin, pour la partie rénovation, les besoins boostés par des aides très importantes de l’Etat dans le cadre de MaPrimeRenov’, sont énormes.


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« Mais il y a un décalage important entre le moment où les entreprises établissent leurs factures et l’instant où les aides sont versées aux clients. Parfois plus de six mois après la facture », déplore Samuel Deglaire. Autres sujets encore évoqués lors de ce tour d’horizon : l’explosion brutale des prix de l’énergie dont l’impact est massif sur le budget des sociétés. « On est plutôt rassuré pour les artisans qui ont pu bénéficier du bouclier fiscal mais plus inquiet sur le sort des PME qui ne vont pas pouvoir tirer parti de ce dispositif. »

Comme son prédécesseur, Christophe Jacquemard, auquel il a d’ailleurs rendu un hommage appuyé pour avoir laissé la fédération « en parfait état de marche », Samuel Deglaire est revenu sur un phénomène particulièrement sensible dans les Ardennes et qui irrite les acteurs du bâtiment : la présence de 983 micro entreprises dans le département. Ce qui représente les effectifs des 15 plus importantes entreprises du secteur !

« Une grosse problématique dans la mesure où certaines de celles-ci détournent les règles, ne sont pas en conformité ni assurées pour la garantie décennale. »

« C’est de la concurrence déloyale et on souhaiterait plus de contrôles. »

Pour conclure, le président de la fédération locale a dénoncé la complexité d’accès aux dispositif mis en place pour la rénovation énergétique. « Beaucoup d’artisans sont perdus. Il serait bon qu’il y ait une clarification », assure Frédéric Jolion, le secrétaire général.

La Fédération représente 300 des 647 entreprises et 2 900 salariés sur les 3 397 recensés dans les Ardennes. Elle espère que comme les années précédentes, les défaillances d’entreprises demeurent très rares.