Entreprises

Le Grand Pitch : des idées écologiques au coeur des projets

Start-up. Organisée par la CCI Marne en Champagne et La French Tech Est, la huitième édition du Grand Pitch s’est déroulée à l’occasion de la Foire de Châlons. Sept entrepreneurs ont présenté leur projet devant un jury d’investisseurs.

Lecture 9 min
Photo du Pitch de la Foire de Châlons
Le Pitch de la Foire de Châlons accueillait sept nouveaux porteurs de projets cette année. L’occasion pour les entrepreneurs de placer l’écologie au centre de leur concept. (Crédit : DR)

Soutenue par l’écosystème local de l’accompagnement à l’entreprise, la CCI a organisé sa huitième édition du Grand Pitch pour la troisième fois sur la Foire de Châlons. À l’occasion de cet évènement incontournable, sept nouveaux porteurs de projets sont venus présenter leurs idées pour la plupart en lien avec l’écologie devant un jury d’investisseurs du réseau Business Angels Marne Ardennes.

Loi AGEC : Des solutions pour les professionnels

À l’approche de l’application de la Loi AGEC en janvier 2024 (loi obligeant le tri des biodéchets à la source), les porteurs de projets ont été inspirés par la recherche de solutions peu coûteuses et durables pour les professionnels.

Soutenu par la CMA, Vincent Landois est venu présenter CHAFF. Après avoir constaté que le simple fait de couler un café gaspillait 65% du produit, le jeune responsable souhaite désormais pouvoir recycler cette matière automatiquement jetée à la poubelle par les professionnels et qui représente 230 000 tonnes de marc de café en France et par an. Son concept repose sur « la massification de la ressource » et sur une collecte hebdomadaire du produit pour les professionnels afin de créer des granulés de bois boostés au marc de café.

« Depuis notre création, nous collectons au quotidien « Terre de café » (8 boutiques à Paris) et « MaxiCoffee » dans l’Aube. » Vincent Landois explique : « Notre modèle économique est très simple : collecte et valorisation. » Le porteur de projet est aujourd’hui à la recherche d’un partenaire extérieur pour produire en masse les granulés tout en restant garant du mélange initial.

Sur le même sujet, l’ingénieur agronome Clément Courtehoux est venu expliquer le concept de KORTOS. L’équipe composée de sept personnes, soutenue par la French Tech Est, propose « une revalorisation organique et énergétique des déchets et biodéchets par méthanisation ». Le principe ? Mettre dans une enceinte hermétique les biodéchets afin de produire naturellement du gaz, de l’énergie et de l’engrais du digestat qui serviront ensuite à créer du chauffage, de l’eau chaude, de l’électricité, du biométhane ou encore du carburant (voir l’article). Dans le cadre d’une levée de fonds, Clément Courtehoux espère recueillir entre 7 et 15 millions d’euros pour investir notamment dans un parc de méthaniseurs mobiles « Valorie. » « Valorie est un micro méthaniseur conteneurisé, il a tout d’une grande machine mais est beaucoup plus petit que ceux que l’on peut voir dans le milieu agricole. »

Entre recyclage, circuits courts et tourisme responsable

L’écoresponsabilité était au cœur de plusieurs pitch cette année. C’était le cas avec Mélanie Guertsch, soutenue par le Creativ’Labz et venue présenter sa start-up L’éventail, qui vise à créer un éco-lieu touristique, « un endroit où se croisent culture, tourisme et écologie pour une nouvelle manière de profiter de la Champagne ».

« C’est un habitat partagé qui contiendra un tiers lieu autour du vivant sous deux formes : la première, avec la valorisation de la biodiversité et ensuite grâce à des spectacles d’art vivant (danse, cirque, théâtre) », explique la jeune co-fondatrice. Le modèle économique est basé sur l’hébergement touristique low tech, conçu en « terre crue », et faisant de lui un habitat insolite. Pour cela, l’Eventail a un besoin de 3 à 5 ha de terrain.

De même, Nicolas Dubaut a voulu faire de son rêve « Un monde sans pollution plastique », une réalité, en créant Plasticentropy avec le soutien d’Innovact. Le concept de la start-up consiste à trouver « des solutions alternatives, propres et durables, pour dégrader les déchets plastiques qui se chiffrent à 400 millions de tonnes produites par an. »

En 2022, Federica Bertocchini, membre de la start-up et biologiste, a découvert que quatre enzymes présents dans la salive des vers de cire permettaient de dégrader le plastique pour obtenir des produits valorisables. Le fondateur explique que cette méthode applicable sur 70% du plastique « ne rejette aucune substance nocive et est très peu énergivore ».

Plasticentropy a déjà obtenu une licence exclusive et mondiale signée en mars 2023. La start-up a d’ailleurs été le coup de cœur du jury lors de cette huitième édition. « Aujourd’hui nous avons encore de la recherche à faire, et sommes encore à deux ou trois ans des premières ventes de licence. » L’équipe, qui a déjà levé 1 million d’euros, recherche actuellement 1,5 million d’euros pour terminer ses travaux et signer ses premiers contrats.

Du côté de Rimbaud tech, Un’pacte agri propose de créer une plateforme entre les professionnels et les producteurs français. La fondatrice Meggie Gombert rappelle qu’aujourd’hui, « la France est le troisième plus gros importateur mondial de tomates », alors qu’il y a « de très bons produits en France ». Elle a donc imaginé « un hub de distribution alimentaire qui facilite l’approvisionnement des professionnels en produits locaux bruts ou transformés ».

Une marketplace en ligne facilitera la commande des professionnels de produits locaux, le hub de distribution les ramassera, les stockera et les conditionnera avant de les renvoyer vers les professionnels en une seule livraison. « Il y a une vraie demande de la société pour connaître l’origine des produits », indique Meggie Gombert. Un’pacte agri permettrait ainsi de démocratiser l’alimentation biologique et locale sur les cartes des restaurants. La plateforme possède déjà cinq clients et vingt producteurs à Charleville-Mézières et à Sedan. Leur objectif pour les deux prochaines années est de faire adhérer les restaurateurs de l’ensemble de la région.

Internet au cœur des projets

Outre les projets environnementaux, les porteurs de projets ont présenté des concepts innovants en lien avec Internet. « Huit français sur dix sont anxieux au moment de choisir et d’acheter un cadeau », annoncent Margaux Arnould et Marie Bornont, deux étudiantes de Néoma Business School. Devant ce constat, elles ont créé Marjaux. Le concept ? Une application 100% gratuite qui permet de renseigner les préférences d’une personne afin de lui trouver le cadeau parfait (voir l’article).

Ce qui différencie Marjaux de la concurrence, c’est une idée de cadeau « faite sur mesure et avec une grande diversité de produits présents sur l’application ». Leur modèle économique repose quant à lui sur la publicité, les commissions et l’affiliation. Pour se développer, les étudiantes ont besoin d’un peu plus de 100 000 euros.

Assistée par la CCI, Swift Cash a été la deuxième start-up à pitcher sur le thème d’Internet. Rendre la traditionnelle caisse enregistreuse plus simple et moins coûteuse, c’est le défi que se sont lancés Mokhtar Ghezaeil et Walid Khlifi.

Leur concept repose sur « une caisse enregistreuse 100% sur internet, avec un site et un paiement en ligne via un TPE virtuel ». Cette solution économique représente un gain de temps important pour les professionnels en limitant le nombre de fournisseurs et d’interlocuteurs. « Elle a été accueillie avec enthousiasme par les restaurateurs qui ont testé notre caisse et notre site internet », estiment les fondateurs. Ils ont pour objectif de commencer la phase de commercialisation, dès le 1er octobre prochain.