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Metha’Groupe ambitionne de devenir la future Licorne de l’AgriTec

Energie. La start-up rémoise, qui vient d’intégrer la Communauté du Coq Vert de BpiFrance, va procéder à une levée de fonds d’ici la fin de l’année pour développer le déploiement de ses solutions de méthanisation « clé en main ».

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Méthaniseurs Valorie
Metha’Groupe développe quatre modèles de méthaniseurs Valorie « Plug & Play » de 1m3 à 7m3 selon les besoins des utilisateurs. (Crédit : DR)

Proposer des solutions de méthanisation sur-mesure aux professionnels qui souhaitent devenir producteurs, voire autonomes en énergie. Le pari relevé par Metha’Groupe est aussi audacieux qu’ambitieux.

Car si la méthanisation est souvent associée à l’agriculture, l’accès à ce procédé n’est pas si évident qu’il n’y paraît, précise Clément Courtehoux Pdg de Metha’Groupe et de Kortos, sa branche commerciale :

« Aujourd’hui moins de 1% des agriculteurs et des éleveurs peuvent se permettre d’avoir un méthaniseur dit « à l’allemande », qui nécessite 10 000 tonnes de déchets minimum par an pour être rentable. Certains très rares et très petits projets « à l’allemande » peuvent se satisfaire de 20 tonnes de déchets par jour, soit 7 500 tonnes par an. Cela représente tout de même la masse d’une Tour Eiffel de déchets ! ».

Sur les « gros méthaniseurs », à peine la moitié d’entre eux peut aujourd’hui accéder à un épurateur, la machine qui permet de séparer le CO2 du Biométhane et qui à elle seule coûte de l’ordre du million d’euros. Un constat qui a incité le Pdg à travailler en plus de ses solutions de petite et moyenne méthanisation sur un projet de micro-épurateur avec Centrale SupElec et surtout de s’intéresser aux 99% d’agriculteurs exclus de cette activité.

Pour rappel, la méthanisation est un procédé naturel qui consiste à fermenter des déchets en absence d’oxygène. « Cela permet de produire du biogaz composé à 60% de méthane et 40% de CO2 », résume Clément Courtehoux. Le biogaz obtenu peut être valorisé en cuisson, eau chaude sanitaire, cogénération (pour produire de l’ordre de deux-tiers de chaleur et un tiers d’électricité renouvelables), mais aussi pour sa molécule de biométhane, soit injectée dans le réseau de gaz de ville, soit en valorisation directe comme gaz carburant renouvelable.

Un marché à conquérir

Avec sa start-up brevetée Qualimétha, il développe trois technologies destinées à proposer de petites unités de méthanisation « clés en main », à destination des agriculteurs, mais pas uniquement. Son produit-phare, baptisé Valorie, est un petit méthaniseur en PVC, conteneurisé « Plug & Play », et qui permet à l’utilisateur de devenir son propre producteur d’énergie grâce aux déchets verts. « Nous ne nous adressons pas qu’aux agriculteurs, mais aussi aux professionnels de la restauration, aux collectivités et à tout producteur de matière fermentescible ».

Metha’Groupe développe quatre modèles de méthaniseurs Valorie de 1m3 à 7m3 selon les besoins des utilisateurs. « Le traitement in situ des biodéchets permet de supprimer leur transport vers les sites de traitement conventionnels », précise d’ailleurs Clément Courtehoux.

C’est ce dernier procédé qui rencontre la plus grande demande pour l’entreprise, qui a intégré, courant 2023, l’accélérateur industriel C2IME, le dispositif d’accompagnement des projets de la Région Grand Est. Avec un objectif : changer de braquet et passer de la phase artisanale au stade préindustriel.

« L’enjeu est de créer une usine ou de s’associer à un partenaire industriel pour fabriquer nos équipements ».

Pour Clément Courtehoux, le marché est immense : « Au niveau des biodéchets, tout est à faire ! Il y a même urgence car l’obligation de trier les biodéchets à la source va entrer en vigueur dès 2024. C’est pourquoi les hypothèses de croissance de ce marché sont considérables ». Pour accompagner cette croissance, la prochaine étape de l’entreprise rémoise est de procéder à une levée de fonds.

« Nous avons déjà levé 1M€ en Love-money depuis la création de l’entreprise, ce qui a permis de financer notre R&D et notre post-amorçage », rappelle cet ingénieur Agronome diplômé d’AgroParisTech, qui s’est surtout concentré sur sa structuration, ses brevets technologiques et la réalisation de ses premiers projets depuis qu’il a fondé Metha’Groupe en 2012.

Levée de fonds de 7 à 15 Millions d’euros

Clément Courtehoux annonce donc le lancement de son process de levée de fonds, soutenu par le diagnostic croissance cofinancé par Bpifrance, dont le closing devrait se finaliser sur fin 2023. Le 7 août dernier, Metha’Groupe -Kortos a d’ailleurs intégré la communauté du Coq Vert de BpiFrance, rejoignant ainsi une soixantaine d’autres entreprises impliquées dans la transition énergétique en Champagne-Ardenne.

« Notre objectif pour la fin de l’année 2023 c’est de boucler cette levée de fonds, recruter à des postes-clés (managers, bureau d’étude), c’est pourquoi on se fait accompagner ».

Au cours de l’été, l’entreprise a déjà levé 150 000 de bons de souscription à action rapide, le premier palier de la campagne de collecte de fonds. « Aujourd’hui nous travaillons sur différents scénarios de développement. Nous avons estimé nos besoins en financement entre 7 M€ et 15 M€ », explique le Pdg qui n’hésite pas à présenter Metha’Groupe comme une « future licorne de l’AgriTech » avec une estimation de chiffre d’affaires potentiel de 200 M€ sur le marché.

Valorie à la Foire de Châlons

Metha’Groupe-Kortos sera présente sur la Foire de Châlons-en-Champagne, du 1er au 11 septembre en qualité de partenaire sur la démarche RSE « Foire Ecoresponsable ».

« Nous expérimentons un process d’économie circulaire complet avec un impact environnemental observable et concret : d’un côté du process, nous avons la collecte des biodéchets produit par les restaurants de la Foire. Au centre, la transformation de ce biodéchet en énergie renouvelable et digestat avec notre méthaniseur conteneurisé de démonstration « Valorie ». Et de l’autre côté du process, des utilisateurs d’eau chaude ou de biogaz pour la cuisson », explique le Pdg.