Hommes et chiffres

Alain Di Crescenzo : « Les entrepreneurs n’ont plus le moral »

Conjoncture. À Troyes, le président de CCI France tire la sonnette d’alarme face à une situation qui s’aggrave et nécessite un soutien plus important.

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Photo d'Alain Di Crescenzio, Sylvain Convers et Jean-Paul Hassler
Alain Di Crescenzo, président de CCI France, Sylvain Convers, président de la CCI de Troyes et de l’Aube et Jean-Paul Hassler, président de la CCI Grand Est. (Crédit : LL)

Le président de CCI France ne prend pas de gants. « L’économie va mal et l’entreprise française n’a plus le moral », lâche Alain Di Crescenzo. Il en veut pour preuve le dernier sondage réalisé en septembre par Opinon Way.

« Lorsque nous avons lancé cet indicateur en 2015, il était à 100, puis il est monté à 142 avant le Covid, maintenant il est à 74, après avoir perdu 22 points par rapport au mois d’août », analyse le patron des CCI de France. L’indice de confiance des entrepreneurs français est en berne et ils sont même 52 % à affirmer que l’inflation pourrait peser sur la viabilité de leur entreprise. D’ailleurs, 40 % des chefs d’entreprise déclarent connaître déjà des difficultés de délais de paiement.

« Les entrepreneurs français sont perdus dans ce contexte difficile et leur moral est en baisse à cause de l’inflation, la croissance molle, les difficultés de recrutement, la flambée des prix de l’énergie et plus que jamais, ils doivent pouvoir compter, dans les territoires, sur les CCI pour les aider, les orienter vers les dispositifs existants pour qu’ils franchissent le cap », ajoute Alain Di Crescenzo.

En d’autres termes, ce n’est vraiment pas le moment de porter un coup, qui pourrait se révéler fatal, aux chambres consulaires en amputant à terme de 100 millions la dotation publique qui s’élève actuellement à 525 millions (voir PAMB 8041). Venu à Troyes remettre les insignes de chevalier de l’ordre national du Mérite à Sylvain Convers, président de la CCI de l’Aube, Alain Di Crescenzo compte sur la mobilisation la plus large possible, parlementaires, élus, organisations patronales et professionnelles, pour faire reculer ce projet de ponction supplémentaire. « Si on ne fait rien aujourd’hui, dans trois ans, on est morts », craint-il encore.

Organiser le soutien aux entreprises

D’autant que les CCI ont déjà fait beaucoup d’efforts jusqu’ici pour réduire la voilure. « Un rapport de la DGFIP émis il y a quatre ans indiquait déjà que si on descendait sous les 525 millions, l’existence des réseaux consulaires serait remise en question », ajoute Jean-Paul Hassler, président de la CCI Grand Est.

Les efforts en matière de mutualisation ont été portés à l’extrême, la Haute-Marne avec la Meuse, La Marne avec les Ardennes notamment. « On lance aussi de nouvelles pistes, comme dans les Vosges où on expérimente une agence de développement économique, opérée et animée par la CCI avec la Région Grand Est et les collectivités locales », fait remarquer Jean-Paul Hassler. Ses voisines étant déjà engagées dans des rapprochements et des fusions, la CCI de l’Aube ne voit pas vers qui elle pourrait se tourner.

« Nous sommes la CCI pauvre du Grand Est », déplore Sylvain Convers, énumérant les pertes subies à cause d’une pesée économique défavorable ou encore la suppression de son statut de « CCI rurale » qui lui apportait auparavant 350 000 euros par an. Malgré cela, « les CCI, en 2022, ont accompagné et sensibilisé 1,1 million de porteurs de projets d’entreprise, ça n’a jamais été aussi fort », tient à souligner Alain Di Crescenzo. Une présence auprès des entreprises et des porteurs de projets que les chambres consulaires entendent bien maintenir au plus près des territoires.