Collectivités

Brigitte Macron et Sarah El Haïry face à l’enfance en danger

Justice. L’UAPED ouvre à l’hôpital de Troyes, un parcours pour que les enfants victimes de violence se libèrent de leur calvaire.

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Photo de Brigitte Macron et Sarah El Haïry
Brigitte Macron accueillie à Troyes par Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’enfance, de la jeunesse et des familles, Cécile Dindar, préfète de l’Aube et les élus de Troyes et de l’Aube. (Crédit : MBP)

« Nous sommes là. Les enfants subissent des violences qu’ils n’ont pas à subir. L’Aube est un département qui gère l’enfance », constate Brigitte Macron, présidente de la Fondation des Hôpitaux. L’unité d’accueil pédiatrique enfance en danger de l’Aube, UAPED, accueille les enfants victimes de violence dans le pôle rassurant de la Mère et l’Enfant de l’hôpital de Troyes. Inaugurée le 25 avril par Brigitte Macron et Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’enfance, de la jeunesse et des familles, l’unité permet une prise en charge globale de l’enfant tant médicale, psychologique que judiciaire. Avec une audition unique, la « salle Mélanie » est conçue pour les interrogatoires d’enfants avec des professionnels formés à la méthode Nichd et filmée, pour éviter que l’enfant répète son vécu traumatique.

Il s’agit de sécuriser l’enfant et de recueillir les preuves suffisantes pour porter l’affaire en justice. Aussi, les locaux ont été conçus sur les préconisations de l’association précurseur en la matière la Voix de l’Enfant, présidée par Martine Brousse et qui a 25 ans de recul sur le sujet avec la création de la première UAPED à Bézier. Après la visite commentée du parcours avec Damien Patriat, directeur général des Hôpitaux Champagne Sud et les professionnels, un échange avec le personnel soignant et les partenaires a permis de prendre la mesure de l’importance de tels dispositifs pour venir en aide aux enfants victimes… souvent d’un proche.

Briser la loi du silence

« Dès qu’un signalement est transmis au Parquet, nous demandons désormais, dès que cela se justifie, l’activation de l’UAPED pour les premiers actes d’enquête », explique Julie Bernier, procureure de la République « Océane, Marine, Aloïs, Elsa, Laetitia, je les ai connus ces enfants », poursuit, émue, Julie Bernier. « J’ai pu voir dans leur dans leurs yeux tout le soulagement quand une décision de culpabilité est rendue. Notre objectif est que le vécu de l’enfant devienne une vérité judiciaire ».

Avec plus de 40 000 appels reçus par an, le 119 recueille soit directement l’appel de l’enfant, soit un signalement. Violence, inceste, attouchements, la ministre encourage les adultes, l’école, l’infirmière scolaire à briser le silence. Depuis son ouverture il y a un mois, l’UAPED de Troyes compte déjà 8 saisies et 5 rencontres sont prévues.

Le plus jeune enfant accueilli a un an. « Nous avons besoin de former un bouclier autour de ces enfants », poursuit Sarah El Haïry. D’ici 2027, 169 unités mailleront le territoire. Saluant les associations, le département, la Ville de Troyes, la ministre ajoute « cette UAPED de Troyes est quasiment parfaite, très bien construite. (…) Dans l’Aube, vous avez une synergie qui présage une belle politique de prévention et une belle politique de protection de l’enfance ». Le modèle qui met en lien les forces de police, la gendarmerie, la justice, les professionnels de santé, les associations sur un même lieu pourrait se dupliquer pour les adultes.

Photo de Brigitte Macron, Sarah El Haïry, Damien Patriat et Nicolas Honoré
Brigitte Macron et Sarah El Haïry à la rencontre du personnel et des associations avec notamment Damien Patriat et Nicolas Honoré. (Crédit : MBP)

« Nous avons aussi des projets pour les parents qui sont au milieu du désert, il faut les aider. Tout cela, on va pouvoir le faire avec l’aide du gouvernement, j’ai un mari très impliqué sur le sujet », poursuit Brigitte Macron. « Un enfant meurt chaque semaine en France, victime de violence », s’indigne Nicolas Honoré, maire-adjoint à la Ville de Troyes. « La question se pose aussi pour les femmes. Face au grand nombre d’interlocuteurs, certaines renoncent à se soigner, à engager les poursuites judiciaires. Comme pour les enfants, cette situation ne doit pas perdurer ». Avec le même souci de simplification et d’amélioration de la prise en charge des victimes de violence, le projet de maison des femmes mené par le Centre municipal d’action sociale de la Ville de Troyes et le centre hospitalier va en ce sens.