Hommes et chiffres

Ardennes : les entreprises ont fait acte de résistance en 2022

Economie. C’est au château-fort de Sedan que le Medef a organisé son assemblée générale annuelle.

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Thierry Ducoffe et Christophe Hotton
Thierry Ducoffe, président du Medef ardennais (à gauche), en compagnie du nouveau secrétaire général, Christophe Hotton, ex-conseiller juridique en droit social qui a pris sa nouvelle fonction il y a deux mois. (Crédit : P. Rémy)

Thierry Ducoffe, le président, a profité de ces assises pour livrer un point de conjoncture global sur une économie ardennaise qui, malgré les crises traversées ces trois dernières années (mouvement des Gilets Jaunes, le Covid, la crise énergétique) « a fait tant bien que mal, acte de résistance. Mais cette résistance a ses propres limites et nous commençons à les atteindre », soutient le représentant de l’organisation patronale.

Avant d’argumenter son propos : « Comment croire, en effet, que les entreprises locales quelles que soient leurs activités et leur taille puissent absorber à ce point, une hausse historique des prix des matières premières et de l’énergie quand, de surcroît, cette dernière est conjuguée à la problématique récurrente de la difficulté de recrutement dans des métiers en tension et aux problèmes financiers liés aux remboursements des PGE pour les TPE et PME. »

+19,5% de défaillances d’entreprises

La réalité économique fait, par ailleurs, craindre des mois difficiles comme en témoigne une hausse du nombre de défaillances d’entreprises après deux ans de baisse (+19,5 % sur un an dans le département au second trimestre 2022). Si l’industrie manufacturière garde encore à ce jour un bon rythme de production, les entreprises métallurgiques liées au secteur du bâtiment connaissent une activité en dents de scie, sans aucune visibilité, alors que le secteur de l’automobile est touché par le coût des matières premières et la pénurie de composants électroniques, même s’il tend toutefois à s’améliorer. Concernant le bâtiment, bien que les carnets de commandes soient soutenus, des signes négatifs sont à craindre en 2023 (réduction des investissements immobiIiers des ménages et des collectivités locales, diminution des projets de logements sociaux ).


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Revenant plus en détails sur la flambée des prix du gaz (+360 % entre les printemps 2021 et 2022) et des coûts de production de l’électricité (+391 %), Thierry Ducoffe a estimé « qu’il est faux de croire que cette crise énergétique était purement conjoncturelle, car le problème est bien structurel ». Selon lui, « il est impossible que les trésoreries des entreprises puissent encaisser de telles hausses, surtout si des délocalisations vers les Etats-Unis, l’Asie voire des pays voisins comme l’Allemagne se confirmaient ».

Thierry Ducoffe craint aussi que les entreprises françaises, et notamment les petites structures, malgré le bouclier tarifaire, n’arrivent pas à répercuter toutes ces hausses en perdant non seulement des clients mais aussi de la compétitivité par rapport à la concurrence américaine, asiatique ou même européenne. « Nous sommes encore dans l’expectative pour l’exercice 2023 mais il faudra qu’on trouve une solution pour maîtriser tous ces coûts, sinon on va avoir du mal à réindustrialiser la France comme le souhaite pourtant le gouvernement », souligne le président du Medef 08, espérant qu’en 2023, « le prix de l’énergie puisse revenir à sa plus juste valeur. C’est l’action prioritaire que les chefs d’entreprise attendent avant toute chose. »