Hommes et chiffres

Alain Bucquet : « Il faut tous être militants du territoire »

Conjoncture. Différents sujets d’actualité ont été abordés récemment par le préfet des Ardennes, Alain Bucquet.

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Photo d'Alain Bucquet
Alain Bucquet : « Si nous voulons attirer des gens de l’extérieur et fixer les jeunes Ardennais, il faut encore développer les filières de formation. » (Crédit : PR)

Économie : « Nous sommes dans un département attractif où la qualité de vie est préservée avec du foncier disponible. Ce qui a permis l’implantation de plusieurs entreprises comme Agronutris, Cibox et Sanou Koura ainsi que le développement de PME locales. Il tire aussi profit d’une situation géographique avantageuse en étant la porte sud de l’Europe du nord à un peu plus de deux heures de Paris tout en étant entre la métropole rémoise et la Walonnie. Cela peut ouvrir des opportunités. Ce territoire peut donc croire en lui d’autant qu’il est aussi en avance sur les énergies renouvelables avec l’émergence de parcs éoliens et photovoltaïques et de nombreux méthaniseurs. Il y a une volonté de produire de l’énergie décarbonée, ce qui est important pour le futur. Ce n’est pas par hasard si Bruno Le Maire a affiché son intention de faire des Ardennes le département pilote de la réindustrialisation verte. L’Etat a parfaitement conscience de nos atouts. »

Pacte Ardennes : Un peu oublié ces derniers mois, ce dispositif signé en 2019 continue néanmoins sa vie. « 90 % des fiches initiées ont été soit mises en œuvre, soit en cours de finalisation. C’est donc un dossier qui continue même s’il s’est fondu avec les actions concrétisées dans le plan de relance. D’autres projets de transition écologique sont aussi proposés aux intercommunalités ».

Conjoncture : « La flambée des coûts de l’énergie et des matériaux n’a pas été neutre pour les entreprises ardennaises, très impactées. On a fait bloc avec les chambres consulaires et notamment la direction des Finances publiques afin d’informer les sociétés sur les différentes aides existantes. Nous avons mis en place un guichet unique et fait aussi un travail très fin en direction des artisans et des TPE avec la Chambre des métiers. Jusqu’à présent, nous sommes arrivés à passer les différentes échéances. »

Bâtiment : Alain Bucquet est revenu sur la colère de la Fédération du BTP, se plaignant de la concurrence déloyale exercée par près d’un millier de micro entreprises.

« Nous avons eu des réunions de travail avec Samuel Deglaire sur ce sujet en remontant ces informations car il s’agit d’un phénomène national. Nos services se sont aussi livrés à des vérifications pour voir si des règles de concurrence étaient effectivement détournées. Des contrôles qui ont porté leurs fruits ont aussi été réalisés. »


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Difficultés de recrutement : « L’activité économique repart et au moment où il y a un besoin de main d’œuvre on bute paradoxalement sur des difficultés de recrutement, ce qui n’est d’ailleurs pas propre aux Ardennes. Ce n’est donc pas lié à un problème d’attractivité comme certains semblent le penser. Mais il est vrai que si on veut attirer des gens de l’extérieur et fixer des jeunes Ardennais, il faut encore développer les filières de formation en lien avec l’université de Champagne-Ardenne et les besoins des PME locales mais aussi travailler collectivement à des améliorations dans les équipements culturels, le transport et la sécurité. Il faut tous être militants de ce territoire. »

Emploi et insertion : « On constate une nette régression du taux de chômage. C’est une excellente chose même s’il est encore supérieure à la moyenne nationale. On travaille beaucoup avec le Département sur l’insertion par l’activité économique des bénéficiaires du RSA. C’est une solution qui fonctionne bien ici. Plusieurs entreprises ont recours à ce dispositif et sont très impliquées dans cette démarche citoyenne qui remet des gens dans le circuit professionnel et les resocialise par le travail. Ils entament ainsi une seconde vie ».

Valodea : Alain Bucquet est intervenu sur l’incendie survenu au centre de tri de Valodea qui a détruit la quasi-totalité de la chaîne de production et obligé la filiale d’Arcavi à décentraliser son travail dans la Marne.

« Ce sujet est du ressort des collectivités locales et on doit aboutir à une solution. On va aider le prestataire. Il faudrait peut-être aussi tirer parti de ce sinistre et au lieu de refaire quelque chose à l’identique mener une réflexion sur la politique de gestion des ordures ménagères en travaillant très en amont sur le tri et le recyclage pour avoir de moins en moins de choses à enfouir ou à incinérer. Ce qui permettrait aussi de réaliser des économies pour le budget des familles ».

Et d’ajouter sans citer le nom de Boris Ravignon mais en y pensant très fort : « Je demanderai aussi à l’Ademe d’aider les Ardennes à établir quelque chose d’ambitieux en en faisant, par exemple, un département exemplaire dans la gestion des déchets et de l’eau. On peut sûrement avoir une écoute positive de cet organisme… »

Nucléaire : « La situation va rentrer dans l’ordre, c’est heureux car cet équipement produit près de 4% de la production nucléaire du pays. Sa remise en service éloignera donc le spectre de délestages éléctriques. Je suis par ailleurs attentif au consensus des élus locaux pour être doté d’un nouveau réacteur dans la Pointe des Ardennes. »