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Les chefs d’entreprise aubois affichent leur attentisme

Conjoncture. Après une bonne année 2022, les prévisions sont plus mitigées face aux difficultés à surmonter.

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Photo des chefs d'entreprise aubois
Les chefs d’entreprise aubois ont détaillé leurs solutions pour faire face à la flambée des prix de l’énergie au cours d‘une table ronde. (Crédit : LL)

La maîtrise des coûts énergétiques restera une préoccupation forte chez les dirigeants aubois et pour un certain temps. « À force de lire beaucoup de rapports sur le marché des énergies et tous les contrats, je suis devenu un expert dans ce domaine, ce qui m’a d’ailleurs permis de réaliser des économies », analyse Hugues Dugrés, l’un des intervenants de la table ronde consacrée à cette thématique et plus largement à l’évolution durable.

Le directeur de l’usine auboise d’Accuride, un grand fabricant de roues automobiles, a vu la facture électricité passer de 1,2 million à 3,6 millions d’euros en 2022. « Pour 2023, on devrait s’en tirer pour 5,5 millions d’euros mais j’espère une diminution pour 2024 », explique-t-il. Les 240 salariés de l’usine de la Chapelle-Saint-Luc ont accepté de travailler la nuit pour réduire la consommation d’électricité mais aussi diminuer les risques de coupure de courant.

« Nous avons un bâtiment de 1 400 m² sur lequel nous pensons poser des panneaux photovoltaïques pour être en autoconsommation électrique », ajoute Angélique Guilleminot. Pour le traiteur de Brienne-le-Château, il est plus difficile en revanche de réduire les consommations avec des chambres froides qui doivent fonctionner en permanence pour préserver la sécurité alimentaire. Alain Gamba, patron d’une importante société de transport et de logistique à Vendeuvre-sur-Barse, estime que des grands pas ont été faits.

« Lorsque j’ai débuté, un poids lourd de 44 tonnes consommait 58 litres au 100, on est descendu à 22 litres aujourd’hui », souligne-t-il.

« Au niveau de la logistique il y a encore des marges de manœuvre, nous allons expérimenter un système permettant de diviser par 50 le coût électrique au niveau de la manutention. »

Julien Gervasoni, délégué territorial de Bpifrance rappelle que plusieurs dispositifs de financement sont disponibles pour aider les chefs d’entreprise à accélérer leur transition énergique et les accompagner en termes de diagnostic et de conseil. « La nécessité d’aller vers la transition écologique peut aussi permettre de saisir des opportunités nouvelles », conclut-il.

Attentisme ou pessimisme

Un défi énergétique qu’il faudra relever dans un contexte qui se dégrade, comme en atteste la présentation des études de la Banque de France, de la CCI et de l’ordre des experts-comptables. « Depuis la mise en place de notre indice de confiance à partir du ressenti de chefs d’entreprise aubois, c’est la troisième note la plus basse, soit 10,2, que nous ayons enregistrée », relève Sylvain Convers.

Pour le président de la CCI de l’Aube, les résultats de l’étude de conjoncture effectuée auprès des ressortissants laissent apparaître un certain pessimisme pour 2023, consécutif aussi à la succession de crises que les chefs d’entreprise ont rencontrées.


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Malgré tout, l’esprit de résilience demeure, et même s’il y a des craintes sur les trésoreries et les carnets de commande, près de 70 % des dirigeants interrogés vont maintenir les effectifs et 15 % les augmenter au cours de l’année. Les chiffres des experts-comptables sur l’activité des TPE-PME, détaillées par Virgine Vellut, laissent apparaître que si l’activité a été globalement correcte en 2022, l’inflation des matières premières, des salaires et de l’énergie vont inévitablement peser sur les marges.

« La rentabilité des entreprises sur l’année 2022 en sera affectée de manière significative », craint Virginie Vellut. Malgré cela, des secteurs parviennent à tirer malgré tout leur épingle du jeu. « Les prévisions d’investissements dans les entreprises du Grand Est pour 2023 s’établissent à 5,5 milliards d’euros, dont 4,7 milliards pour l’industrie », souligne Ophélie Besson.

La directrice de la Banque de France de Troyes rappelle que l’industrie est le secteur qui affiche la plus forte progression en 2022 dans le Grand Est (+ 13,6), devant les services (+ 5,7%) et la construction (+4,6%), selon l’enquête régionale bilan 2022 et perspectives 2023 de la Banque de France. L’industrie affiche aussi les prévisions d’activité les plus optimistes (+ 4,9%), devant les services (3,4%) et la construction (+1,4%).