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Woodoo lance une ligne pilote « flow »

Innovation. La start-up auboise poursuit la mise sur le marché de ses produits en « bois augmenté » tout en poursuivant les développements.

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Démonstration du bois translucide Woodoo
(Crédit : LL)

La révolution est déjà en marche dans les locaux de Woodoo. La start-up auboise fondée par Timothée Boituzet est en train de faire entrer le bois dans une nouvelle ère, en valorisant au mieux cette ressource renouvelable.

Photo d'Achille Arliguié
Achille Arliguié, ingénieur R&D de Woodoo avec du bois souple « flow » dont la première ligne pilote de fabrication vient d’être mise en place à Rosières. (Crédit : LL)

Le « bois augmenté » mis au point par Woodoo pourrait ainsi remplacer avantageusement le verre, l’acier, le béton et bien d’autres matériaux plutôt mal classés en termes de bilan carbone. Ainsi, après avoir levé 31 millions de dollars ce printemps auprès de grands investisseurs (voir Pamb 8019), la start-up qui totalise déjà une cinquantaine de brevets peut déjà compter sur deux technologies qui sont déjà utilisées et une autre en cours de développement avec de grandes perspectives.

Le principe de base est le même : utiliser du bois tranché en fine épaisseur dont la lignine est extraite et remplacée par des résines, biosourcées dans l’idéal. Un procédé qui confère des propriétés mécaniques assez extraordinaires au bois augmenté.

Par exemple, le « slim », tout en conservant un aspect bois, est translucide et permet l’affichage d’indicateurs lumineux. Une innovation qui intéresse déjà le marché automobile ou encore celui de l’agencement et de la décoration. Pour répondre à la demande, Woodoo a ouvert un site de production à la Chapelle-Saint-Luc s’ajoutant à celui de Rosières où est située également la R&D. La start-up compte déjà une quarantaine de collaborateurs.

Déjà des matériaux sur le marché

« Nous venons de franchir une nouvelle étape avec la mise en service, à la mi-septembre, de notre première ligne pilote de fabrication de notre deuxième technologie, le flow », annonce Sébastien Frin, directeur financier de Woodoo. « C’est en quelque sorte du bois qui est devenu souple et qui constitue par ses caractéristiques une alternative au cuir », précise Achille Arliguié, ingénieur R&D, en pliant une feuille de « flow » tout en souplesse. Un nouveau matériau écologique qui intéresse déjà des industriels et des entreprises à la recherche de solutions alternatives en adéquation avec les enjeux environnementaux.

Enfin, la troisième technologie est pour sa part encore au stade du développement mais la start-up touche au but. « Nous avons mis au point un matériau bois qui va permettre de construire, par exemple, des bâtiments de grande hauteur », ajoute Sébastien Frin. Ainsi transformé, le bois possède une résistance mécanique 23 fois supérieure au béton et ouvre la voie à une nouvelle génération de gratte-ciel en béton. Sur cette technologie aussi les choses avancent, Woodoo étant sur le point de présenter un système constructif avec ce matériau.

La start-up s’attache aussi à valoriser les bois dépréciés, issus des forêts françaises, par souci environnemental. Et travaille aussi avec l’écosystème local, par exemple l’UTT pour des recherches et des industriels locaux intéressés par ces nouveaux matériaux.

« L’Aube est un territoire à échelle humaine dans lequel les acteurs se parlent, ce qui génère des synergies intéressantes », fait remarquer Cécile Dindar, préfète de l’Aube, venue visiter une start-up lauréate du prix France 2030 et du programme French Tech 2030. Un programme qui sélectionne les entreprises à haut potentiel de croissance pour leur offrir un accompagnement sur mesure en vue d’en faire des champions internationaux.