Woodoo lève 31 millions de dollars pour imposer son bois « augmenté »
Technologie. La start-up auboise va doubler ses effectifs et accélérer ses développements dans le luxe, l’automobile et la construction.
Timothée Boituzet et les équipes du Woodoo ont toujours cru en leur objectif de faire du bois le matériau du futur, capable de remplacer le verre, le cuir, les métaux et le béton. Depuis six ans, la start-up de la Technopole de l’Aube a multiplié les innovations et les brevets pour que cette idée se concrétise.
C’est d’ailleurs ce qu’elle a déjà commencé à faire, en décrochant ses premiers marchés dans le secteur de l’automobile, du luxe ou encore du bâtiment. La résine biosourcée injectée dans le bois et le travail sur la lignine permettent une transformation spectaculaire du matériau qui peut devenir alors plus souple, plus solide et même translucide, selon les effets recherchés.
La dimension environnementale est essentielle, d’autant que des essences dépréciées et moins recherchées peuvent être utilisées pour diminuer l’usage de matériaux polluants, énergivores et qui s’épuisent.
« Les pénuries d’intrants bruts et les ruptures historiques dans les approvisionnements mondiaux menacent notre sécurité économique et nationale : l’alchimie biologique de Woodoo permet de faire évoluer les process industriels avec des nouveaux matériaux négatifs en carbone, sourcés ici même en Europe », explique Timothée Boitouzet.
Son idée de remplacer « l’héritage carbone » des industries avec des produits meilleurs, plus forts, plus rapides, plus propres et moins chers vient de trouver un allié de premier plan à travers une levée de fonds de 31 millions de dollars, soit environ 28 millions d’euros.
Grâce notamment à Lowercarbon Capital, puissant fonds « climate tech » doté de plusieurs milliards de dollars. D’autres investisseurs complètent le tour de table, parmi lesquels les fondateurs de start-up françaises connues comme Ynsect, Ledger, et bien sûr Woodoo.
Partenariat avec Garnica
Ces fonds vont véritablement permettre de passer à la vitesse supérieure, tant en matière de production que de développements techniques. Actuellement, Woodoo compte une quarantaine de collaborateurs sur ses deux sites aubois de La Chapelle-Saint-Luc et Rosières-près-Troyes, ainsi qu’à Paris.
La première étape sera de doubler la taille des équipes et d’atteindre les 80 personnes. L’ouverture récente du site chapelain a déjà permis de porter les capacités de production à 14 000 m² par an.
« Nous croyons en un modèle de production circulaire qui utilise des ressources locales et renouvelables, comme le bois, pour créer des matériaux innovants et durables et notre nouvelle usine s’inscrit dans cette vision, en s’approvisionnant dans des forêts voisines et en réduisant notre empreinte carbone grâce à des technologies de pointe », précise Timothée Boituzet.
Woodoo vient aussi de nouer un partenariat commercial et technique avec le leader européen du contreplaqué de peuplier, Garnica. Une alliance logique puisque le peuplier se prête bien à une transformation et que l’industriel espagnol a implanté dans l’Aube un important site industriel qui monte en puissance (voir PAMB 8006).
Cette collaboration verra les technologies innovantes de Woodoo intégrées au portefeuille de produits de construction de Garnica, offrant aux constructeurs une nouvelle gamme de produits durables et des matériaux à base de bois à haute performance.
« Cette collaboration nous permettra d’offrir une construction performante, innovante, économique et locale tout en engageant concrètement la transition vers une économie sobre en carbone, avec l’objectif commun d’accroître nos parts de marché aux États-Unis et le renforcement de notre positionnement en Europe », précise Juan Albiñana, chief innovation officer de Garnica.
La construction représente un énorme potentiel pour Woodoo, à l’heure où les réglementations se renforcent pour décarboner le secteur immobilier.