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Vers le lancement d’une filière de valorisation de la venaison

Agroalimentaire. Un atelier de traitement et de découpe du gros gibier devrait voir le jour à Charleville-Mézières.

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Vers le lancement d'une filière de valorisation de la venaison
Le chantier pour abriter le bâtiment ainsi que tous les équipements nécessaires, devrait voir le jour en 2024. (Crédit : P. Rémy)

Un atelier de traitement et de découpe de viande de gibier sauvage (sangliers, cerfs, chevreuils) va être créé dans un bâtiment de 700 m² situé près de l’abattoir et appartenant à la ville de Charleville-Mézières. Bien connu pour ses spécialités de viandes et charcuteries, le département des Ardennes compte près de 8 000 chasseurs répartis dans 900 associations ou territoires de chasse. Néanmoins, comme dans d’autres régions, les gibiers consommés (15 000 tonnes sur le territoire national) sont à 80 % importés de l’étranger, les chasseurs ayant des difficultés à trouver des circuits de commercialisation.

Partant de ce constat, le Parc Naturel Régional et la Fédération Départementale des Chasseurs se sont associés pour mener une étude de faisabilité concernant l’implantation d’une filière venaison de proximité. Objectif : promouvoir et préserver le savoir-faire local des différents métiers de bouche et valoriser la consommation d’une ressource naturelle en circuit court. Confiée au cabinet Agrex Consulting, cette étude a permis de mesurer l’intérêt porté à ce projet par les chasseurs, restaurateurs, commerçants, distributeurs et transformateurs.

Appel à projets pour trouver un exploitant

Les porteurs de cette future filière (associations de chasse, restaurateurs, bouchers, abattoirs et collectivités locales) envisagent de traiter 20 à 25 tonnes de carcasse (soient dix tonnes de viande) lors de la première année d’activité pour arriver, à terme, à une capacité maximale de 100 tonnes produites. Un appel à projets sera lancé par Ardenne Métropole en 2023 pour trouver un exploitant. Le bilan d’aménagement prévisionnel des futurs locaux fixe le montant de l’opération à 2,2 millions d’euros pour lancer la structure adéquate (équipement en chambres froides pour entreposer le gibier, atelier de traitement...), dont 1,47 millions d’euros de travaux de réhabilitation à la charge d’Ardenne Métropole.


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L’investissement pourrait ensuite être amortie par des loyers ou redevances. L’Etat a confirmé sa participation à hauteur de 420 000 euros dans le cadre du Fonds friches, la Région pourrait injecter quant à elle, 220 000 euros. 45 % des sociétés de chasse se disent favorables à cette mise en place même si la plupart d’entre-elles émettent tout de même des réserves sur certaines contraintes (logistique liée au projet ainsi que le prix auquel elles seront en mesure de vendre leurs prises). Il est aussi apparu important de prévoir un système de mutualisation entre les sociétés de chasse pour pallier le manque d’équipements en chambre froide.

Les premières estimations réalisées par Agrex Consulting aboutissent à un potentiel de 1 300 animaux commercialisables, soit 89 cerfs, 847 sangliers, et 364 chevreuils. L’amélioration de l’image du terroir ardennais, le développement d’une alimentation locale et l’amélioration de l’image de la chasse incitent les chasseurs à s’impliquer dans cette filière. Autres avantages : limiter les importations polonaises, éviter les démarches administratives et diminuer le temps de travail lié à la découpe et la gestion des déchets qui pourraient être traités par des méthaniseurs locaux. Abattoir spécialisé dans le secteur du commerce de gros de viandes de boucherie, la Sarl SOCAVI abritera le lieu retenu par les décideurs. La durée du chantier étant estimée à dix-huit mois, l’atelier devrait être opérationnel pour l’été 2024. Avant cela, il va falloir réfléchir à la gestion de ce gisement naturel et à l’organisation de la collecte tout en recensant les sociétés de chasse en capacité de vendre.