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Véolia ouvre au public son site de traitement de déchets à Beine-Nauroy

Environnement. Ouvert en 2011, le pôle multi-activités de valorisation et installation de stockage de déchets non dangereux (ISDND) de Beine-Nauroy (51), géré par Véolia, traite et valorise plus de 15 000 tonnes de déchets par an (10 000 t de déchets de bois, 3 000 t de biodéchets et 2 500 t de déchets de plâtre).

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Véolia ouvre son site de traitement de déchets à Beine-Nauroy
Les déchets de bois représentent la plus grand part des déchets traités sur le site de Beine-Nauroy avec 10 000 tonnes par an (Crédit : N. Desanti)

C’est sur une superficie de 25 hectares que s’étend le site de valorisation et installation de stockage de déchets non dangereux, géré par Véolia, à quelques encablures seulement du village de Beine-Nauroy, dans la Marne. Régulièrement, le site ouvre ses portes au public, aux riverains notamment, pour expliquer son activité et lever les inquiétudes inhérentes à ce type d’installation, concernant la santé publique mais aussi l’environnement.

D’entrée de jeu, Nicolas Sonzini, Directeur d’unité opérationnelle valorisation des déchets en Champagne-Ardenne indique : « Trois grands types de déchets valorisables sont reçus sur le site : du bois, des biodéchets ainsi que du plâtre. Pas de déchets considérés comme dangereux. » Il explique : « Quand on reçoit du bois, on extrait les matériaux potentiellement indésirables, ensuite on le broie selon un cahier des charges précis. Enfin, on l’expédie au niveau des chaudières biomasse dans des industries ou auprès de panneautiers pour en faire des planches à partir des particules. » Chaque année, ce sont 10 000 tonnes de déchets de bois qui sont ainsi broyés et préparés en vue de sa valorisation dans les filières de recyclage.

DROIT D’EXPLOITATION JUSQU’EN 2031

Les déchets ménagers et assimilés (DMA) ainsi que les déchets résiduels (déchets de cuisine, produits non consommés, emballages) représentant 3 000 tonnes par an environ sur le site de Beine-Nauroy, sont utilisés pour faire de la méthanisation. Ce sont eux, qui sont enfouis. Cette partie stockage est très réglementée et encadrée par un arrêté préfectoral, « autorisant un tonnage maximal de 50 000 tonnes de déchets par an », confie Paul Chaput, attaché d’exploitation. Tout le cycle est encadré par un arrêté ministériel datant de 1997. « Les déchets proviennent d’un périmètre à 100 km à vol d’oiseau autour du site. » Tous ces déchets sont enterrés dans des alvéoles de stockage, ayant une capacité de 60 000 tonnes. Deux sont sur le point d’être terminées et sept sont encore à créer, « avec un droit d’exploitation jusqu’en 2031 et une obligation de suivi pendant 27 ans ».

CINQ COUCHES

Ces alvéoles de stockage contiennent « plusieurs couches ». Une première membrane étanche va être apposée pour ne pas polluer la nappe phréatique. « Un mètre de couche d’argile est ensuite coulé pour créer une barrière de sécurité, puis une géomembrane, sorte de liner de piscine en plus solide, est installé. Un géotextile, qui vient protéger cette géomembrane, est ajouté. Au-dessus, on met du caillou pour drainer le lixiviat (jus de poubelle) qui va être collecté dans des bassins », détaille Paul Chaput.


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Les profondeurs des alvéoles sont de 15 à 20 mètres. « Une fois les casiers remplis, les déchets sont recouverts par une couverture imperméable minérale et / ou synthétique permettant d’empêcher toute émission gazeuse et infiltration d’eaux pluviales. » Un réaménagement paysager est enfin réalisé afin que le site s’intègre au mieux dans son environnement, avec une hauteur maximale de 25 mètres. Tout ce processus prend environ une année et demie.

UN BIOGAZ RÉINJECTÉ POUR DE LA PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ

Pour autant, le cycle de traitement des déchets ne s’arrête pas là. Les lixiviats issus de la décomposition des déchets et des eaux de pluies infilitrées sont chargés de substances minérales et organiques. Une forte odeur de soufre se dégage ainsi à proximité des gros tuyaux venant traiter 1 300 m3 de lixiviats répartis dans deux bassins de 350 m3. « La chaleur dégagée par la combustion du biogaz permet l’évapo-concentration des jus dans une installation dédiée. » Le biogaz est ensuite valorisé en énergie à travers la production d’électricité et / ou de chaleur. « Un des projets serait d’installer un moteur pour produire de l’électricité et alimenter la commune de Beine-Nauroy, on serait là dans la valorisation ultime », observe l’attaché d’exploitation.

À la fin du cycle, le résiduel est utilisé pour de l’épandage. Quant au troisième type de déchet traité, le plâtre, il est mis soit « en benne, soit massifié et expédié auprès de partenaires qui vont en extraire le gypse (roche à partir de laquelle la matière est fabriquée). Celui-ci est déjà trié à la source par les clients, collectivités, industriels, artisans. Nous, on s’assure de la qualité de la matière », explique Nicolas Sonzini. L’installation de stockage de déchets de Beine-Nauroy est triplement certifié Qualité ISO 90001, Hygiène et Sécurité OSHAS 18001 et Environnement ISO 14001. Véolia s’engage donc sur son site à protéger la biodiversité avec des installations spécifiques pour préserver les écosystèmes environnants.

Pour autant, comme toute installation de traitement de déchets, certains s’échappent du site lorsqu’ils sont en attente d’enfouissement, en voletant à proximité. Si ce type d’installation est à la pointe de la modernité, il n’en reste pas moins un axe de réflexion dans notre capacité à produire des déchets. Chaque année, 4,9 tonnes de déchets sont produites par habitant soit 342 millions de tonnes par an, à l’échelle nationale, englobant les entreprises, la construction et les ménages. Dans le détail, les entreprises produisent 63 millions de tonnes de déchets, la construction 240 millions de tonnes et les ménages 39 millions de tonnes soit 580kg par habitant.