Une transmission en toute sérénité chez acorbois
Artisanat. Adepte de la formation et de l’apprentissage, Jocelyn Jacquet a préparé, depuis plusieurs années, la transmission de son entreprise à son associé.
L’aventure d’acorbois a démarré en même temps que celle de l’entreprise muizonnaise le Bâtiment Associé, créée en 1979. « Nous étions une des branches de l’entreprise et en 1986, la société a pris son indépendance en déménageant et en changeant de nom pour acorbois. à ce moment là, nous nous sommes vite orientés vers l’activité d’agencement », explique Jocelyn Jacquet, le dirigeant d’acorbois. En 2002, au décès de l’un des quatre associés, s’est posée la question de la reprise de l’entreprise. Jocelyn Jacquet accepte et reprend finalement la gérance en 2008. De 13 salariés à cette époque, l’entreprise compte aujourd’hui 29 personnes, « dont 6 apprentis », précise-t-il. Un développement des effectifs qui accompagne celui des marchés et des activités d’acorbois. « Nous avons développé certains marchés. Par exemple, nous travaillons pour une grande mutuelle française, pour qui nous fabriquons tout le mobilier des magasins d’optique et d’audio dans tout le quart nord-est du pays. Nous fabriquons aussi les agencements des boulangeries d’un célèbre minotier sur toute la France », explique le dirigeant. Au fil des années, son entreprise s’est aussi fait une belle réputation par le bouche à oreille auprès d’architectes et de particuliers, à Paris mais aussi un peu partout dans l’Hexagone et en Suisse par exemple.
Outre l’agencement (meubles de cuisine, bornes d’accueil, équipements de magasins, dressings, habillage mural…) la société effectue aussi de la restauration et de la fabrication de boiserie et de menuiserie. « L’agencement représente aujourd’hui 85% de notre activité, le reste étant le fruit de notre activité de menuiserie traditionnelle, escaliers, portes et fenêtres, principalement », souligne Jocelyn Jacquet dont les équipes réalisent globalement « tout ce que ne font pas les industriels ». Le bureau d’études est notamment à l’écoute des clients pour appliquer les moindres détails de leur projet lorsqu’ils en ont une idée précise, mais il peut aussi être force de proposition afin de les accompagner dans leur cheminement.
L’humain avant tout
« Nous avons établi de bonnes relations avec nos fournisseurs depuis des années, fondées sur un respect mutuel. Alors quand on se trouve dans des périodes un peu plus difficiles, nous ne rencontrons pas de problème majeur pour être livrés… », explique Jocelyn Jacquet qui insiste sur sa volonté de mettre l’humain au cœur des relations qu’il entretient aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’entreprise. Il se souvient en effet être lui-même entré au Bâtiment Associé le 5 mars 1984. C’est son cousin, qui travaille dans l’entreprise qui le recommande. Il est titulaire d’un CAP et « presque apprenti », sourit-il. Difficile alors d’imaginer qu’il prendra les rênes d’acorbois 25 ans plus tard. « Quand on débute, on imagine toujours qu’on pourra s’affirmer dans son métier et pourquoi pas développer sa propre activité. Et je suis tombé sur une équipe qui m’a tendu les bras », précise celui qui a depuis perpétré cette tradition d’accueil et d’hospitalité.
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C’est ainsi qu’acorbois forme en permanence 6 apprentis, pour mettre à de jeunes menuisiers le pied à l’étrier d’un métier qui peut exiger entre 8 et 10 années de pratique pour en maîtriser les ficelles. « Notre but c’est de former, c’est vraiment dans les gênes de notre entreprise », insiste le gérant qui avoue n’avoir jamais pris le temps de compter combien de personnes il avait pu former.
« Nous ne pouvons pas tous les garder, mais nous essayons de conserver les meilleurs. Nous leur demandons aussi d’aller faire leurs armes ailleurs pour « couper le cordon » et certains reviennent, parfois deux ans plus tard.
Dans cette même veine de confiance en l’humain, acorbois fonde depuis toujours sa gouvernance sur un socle d’associés. Une manière de promouvoir la notion d’équipe et de fidéliser les collaborateurs. Aujourd’hui l’entreprise compte six associés, dont les plus jeunes ont 23 et 25 ans, l’un étant même un ancien apprenti de la maison. « Je suis très fier de ça. J’ai foi en la jeunesse. Les gens bien, on ne les laisse pas partir ». Sauf quand il s’agit de retraite. Et à 60 ans passés, Jocelyn Jacquet s’apprête à quitter l’entreprise dans laquelle il aura effectué toute sa carrière. Là encore, le dirigeant a tout prévu, misant sur les relations humaines avant tout.
Une transmission en douceur et avec le sourire
« C’est mon associé Fabien Aucoulon qui va reprendre la tête de la société au 1er janvier 2023 », précise-t-il. Une transmission réfléchie quasiment depuis l’arrivée de ce dernier dans l’entreprise en 2000 et annoncée depuis plusieurs années déjà. « Cela fait plus de cinq ans que nous travaillons ensemble sur la transmission, c’est le temps minimum qu’il faut pour transmettre une entreprise, de la comptabilité au poste clients. D’ailleurs, Fabien est déjà bien identifié comme le futur repreneur et nous avons déjà prévenu tous nos clients et partenaires de cette transmission ».
Une officialisation qui sera réalisée en toute convivialité le 28 octobre, lors d’une passation de relais dans les ateliers de l’entreprise, où seront présentes plus de 300 personnes, salariés, clients, amis et partenaires d’acorbois pour assister à cette transition en douceur. Imperméable à toute nostalgie, Jocelyn Jacquet s’apprête donc à transmettre les clés de son entreprise « avec la banane », précise-t-il, lui qui a toujours eu à cœur de venir travailler avec le sourire malgré quelques épreuves personnelles difficiles à traverser ces dernières années. Un sourire d’autant plus franc et serein que les équipes sont au point et l’avenir radieux. « C’est l’année où je pars que nous avons notre meilleure équipe d’apprentis ! »