« Un pic inflationniste qui va encore durer »
Finance. À l’occasion d’une intervention lors de l’assemblée générale de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Ardennes, David Picatto, directeur de la succursale ardennaise de la Banque de France a fait un point sur la conjoncture économique.
La guerre en Ukraine et les mesures de confinement en Chine ont continué de marquer l’économie française depuis avril. Or l’impact de ce double choc s’est fait sentir de façon différente selon les secteurs.
Concernant l’activité industrielle, il apparait que la pénurie des composants, accentuée par le confinement en Chine, limite les cadences de production des entreprises tout en générant des stocks d’encours. Combinées à une nouvelle envolée des prix, les marges fléchissent et les trésoreries, même si elles restent correctes, sont moins larges. En lien avec ces difficultés et afin de répondre aux pressions persistantes sur les prix des matières premières, les industriels déclarent augmenter de plus en plus fréquemment le prix de vente des produits manufacturés. L’attentisme des clients se traduisant par des carnets de commandes appauvris.
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Selon David Picatto, directeur de la succursale ardennaise de la Banque de France, « la dégradation des rythmes affecte essentiellement le secteur automobile qui a perdu de nombreuses immatriculations pendant une longue durée ».
LE RISQUE D’UN SCENARIO DÉGRADÉ
Particulièrement marquée dans le secteur automobile, la production industrielle est diversement affectée par une moindre consommation du client final. Et même si les carnets de commandes et les trésoreries restent corrects, les projections pour l’avenir sont toutefois teintées d’incertitudes.
Suite à la levée des mesures sanitaires, les services marchands continuent leur redéploiement et reprennent du poil de la bête. Seule la branche information-communication enregistre une dégradation ponctuelle, en raison du report d’un semestre de quelques projets dans l’évènementiel. Mais dans un proche horizon, les recrutements vont se poursuivre afin de répondre à une demande croissante. Une légère augmentation du volume d’affaires est donc envisagée.
Quant aux activités du bâtiment, elles peinent à se stabiliser et fluctuent légèrement à la baisse. Ce léger repli résulte de chantiers retardés par les difficultés d’approvisionnement alors que les hausses des devis liées au renchérissement des coûts des matériaux, de l’énergie, de l’acier ou du bitume ralentissent aussi la signature des contrats.
Dans cet environnement inflationniste, de nombreux promoteurs gèlent les nouveaux chantiers. Il s’avère donc difficile pour les professionnels d’anticiper le plan de charge pour les semaines à venir. Si la demande privée progresse fortement, les appels d’offres ont quant à eux, tendance à s’étioler, la commande publique étant contrainte par les échéances électorales, mais également par des enveloppes qui ne peuvent suivre l’inflation.
A l’occasion de ce focus, David Picatto a avisé son assistance que les prévisions futures indiquent un pic inflationniste qui va durer au minimum jusqu’à la fin de l’année et que les coûts des crédits et les taux d’intérêt directeur vont remonter. « On risque d’aller vers un scénario dégradé », a-t-il conclu en évoquant un recul probable du PIB.