Entreprises

Terrasolis : un pas de plus vers l’autonomie énergétique

Agriculture. Voilà huit ans que Terrasolis, Pôle d’innovation de la ressource bas carbone, a vu le jour, avec comme mission principale d’accompagner les agriculteurs et les territoires dans une réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Plusieurs projets sont en cours, dont CarboneThink et ferti.click.

Lecture 5 min
Terrasolis : un pas de plus vers l'autonomie énergétique
Maximin Charpentier : « Le système vise à l’autonomie azotée, pour que demain, les agriculteurs puissent produire leur propre engrais. » (Crédit : N. Desanti)

La ferme expérimentale Terrasolis ne manque pas de projets ni d’ambition. Il faut dire que les enjeux de neutralité carbone à horizon 2050 deviennent urgents, notamment à la lumière des épisodes climatiques de plus en plus violents (tempête, canicule, etc.). « Notre mission est d’accompagner les agriculteurs et les territoires à atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 », indique Maximin Charpentier, président de Terrasolis.

« Nous ne sommes plus dans une transition mais bien dans une rupture. »

Or, l’agriculture est un des secteurs fortement consommateur d’énergie. Pour exemple, « une production de 10 tonnes de blé à l’hectare nécessite l’équivalent de 500 litres de fuel, dont 200 litres rien que pour obtenir l’azote - c’est-à-dire l’engrais - indispensable à cette production ». Une des pistes de réflexion de Terrasolis est de faire passer l’agriculture du statut de producteur de CO2 à celui de solution pour réduire les émissions. « Entre séquestration du carbone atmosphérique dans son sol et sa biomasse, l’agriculture constitue un secteur d’activité stratégique pour atteindre la neutralité carbone de nos territoire », soutient Maximin Charpentier.

« Valoriser les externalités carbone »

Un des leviers pour atteindre cet objectif, est la mise en place du projet pilote CarbonThink. D’un budget d’un million d’euros, porté par la Région Grand Est et le fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER), ce projet testé sur plus d’une centaine de fermes dans le Grand Est, vise « le développement d’une méthodologie d’évaluation et d’un modèle économique permettant aux agriculteurs de valoriser leurs externalités carbone ». Par exemple, grâce à Terrasolis Farm et au partenariat mené avec le programme de recherche européen Sarmenti, un capteur autonome au champ permettant à l’agriculteur de surveiller en temps réel les nutriments du sol et les émissions de gaz à effet de serre a été développé. « Le système vise l’autonomie azotée, pour que demain, les agriculteurs puissent produire leur propre engrais », espère Maximin Charpentier.


>LIRE AUSSI : L’agriculture bas carbone, solution d’avenir pour les territoires


Quant à ferti.click, l’application a été développée par trois acteurs, dont Terrasolis (et deux autres sociétés Rittmo et Ukoo), afin de proposer des solutions aux exploitants agricoles pour faciliter leur choix dans l’utilisation des matières fertilisantes ou biostimulantes. « L’objectif est de développer le recours aux fertilisants issus de la bioéconomie et de l’économie circulaire », insiste le président de Terrasolis, précisant que la structure ne manque pas de projets en ce sens puisqu’elle présente, dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA4), son démonstrateur de bioénonomie territoriale. « Nous allons expérimenter une bioraffinerie, qui permettra de valoriser le biogaz en hydrogène et en CO2 alimentaire. »

Concrètement, la production de matière organique des 200ha de la Terrasolis farm est utilisée dans le méthaniseur de Terralab. Là, la production de biogaz va servir à la bioraffinerie qui va produire du CH4 liquide et du CO2 liquide alimentaire. Le bouclage des flux de carbone sera lui, ré-utilisé pour des épandages au sol. L’hydrogène liquide pourrait par exemple, à terme, être utilisé pour des bus à hydrogène de la collectivité du Grand Reims. « On est dans la synergie des compétences de chacun dans le but de servir un but commun. »

Intelligence collective

« L’azote minéral avec du gaz qui vient de Russie, ce n’est plus possible », tranche Maximin Charpentier. « Il va falloir apprendre à faire autrement et c’est bien ce que nous expérimentons sur le site de Terrasolis », explique-t-il. « Nous ne sommes plus dans une transition mais bien dans une rupture. » D’ailleurs, les projets de Terrasolis ne se limitent pas au domaine de l’agriculture mais englobent tout un pan de l’économie. Ainsi, le pôle audiovisuel et cinématographique, dont les studios sont situés sur le site, travaille main dans la main avec Terrasolis dans l’approvisionnement de son énergie pour à terme, devenir un site autonome.