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L’agriculture bas carbone, solution d’avenir pour les territoires

Agriculture. Maximin Charpentier en est convaincu : l’agriculture bas carbone est une solution d’avenir dans la lutte contre le réchauffement climatique. À condition de faire changer les mentalités.

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Maximin Charpentier, président de Terrasolis, et Carole Leverrier, nouvelle directrice de la structure. Jacques Rivière

En ouvrant les travaux du Terrasolis meeting - Agriculture bas carbone, le 22 mars dernier à Reims, Maximin Charpentier (président de Terrasolis et de la Chambre régionale d’agriculture Grand Est) rappelait que la France devait évoluer vers une économie bas carbone dans tous les domaines pour atteindre l’objectif de la neutralité carbone en 2050, contribuant ainsi à ce que le réchauffement climatique de la planète soit limité à +1,5°. Or, le dernier et récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) montre que cette limite de +1,5° pourrait être atteinte dès… 2030 !

Et l’actuel différentiel de température de… +40°, enregistré actuellement dans l’Antarctique par rapport à la « normale » saisonnière, n’est pas pour rassurer. À quoi s’ajoute aujourd’hui l’incertitude géopolitique, qui conduit à une augmentation du coût des céréales, des engrais, de l’énergie. Bien des éléments plaident donc en faveur d’une agriculture bas carbone permettant une réduction des gaz à effet de serre, une séquestration du carbone dans le sol, et davantage de souveraineté alimentaire, voire énergétique. Maximin Charpentier est convaincu « qu’il s’agit là de la solution d’avenir pour nos territoires ».

Changer de modèle agricole

L’agriculture a besoin de beaucoup d’énergie. Une production de 10 tonnes de blé à l’hectare nécessite l’équivalent de 500 litres de fuel (toutes énergies comprises), dont 200 litres rien que pour obtenir l’azote - c’est-à-dire l’engrais - indispensable à cette production. Une solution consiste à produire de l’azote non plus avec une énergie fossile mais avec un méthaniseur pour obtenir de l’azote organique.

« Sans porter atteinte à la souveraineté alimentaire, l’agriculture française pourrait couvrir 25 à 30 % des besoins à l’échelle du pays. »

C’est un moyen efficace de faire baisser l’empreinte carbone. En outre, la production agricole n’est pas antinomique avec la souveraineté alimentaire à condition d’utiliser des cultures à vocation énergétiques (comme les légumineuses, notamment, qui captent l’azote de l’air, à la différence des graminées) entre deux cultures dédiées à l’alimentation. Pour Maximin Charpentier, il est clair que « si on ne change pas de modèle agricole, en allant vers davantage de cultures à vocation énergétique, on n’atteindra jamais la neutralité carbone. »

Impliquer les populations

« Changer de modèle agricole suppose avant tout un changement des mentalités », assure le président de Terrasolis. Celles des agriculteurs, qui font cependant beaucoup d’efforts en ce sens, et celles des citoyens, surtout. Pour Maximin Charpentier, cela consiste d’abord à moins consommer (quasiment un prérequis), ensuite à favoriser les actions de souveraineté sur le territoire, enfin à faire participer les habitants du (des) territoire(s). « Si l’on envisage de rouler au biogaz, énergie par nature décarbonée, il conviendrait, par exemple, d’associer la population locale au capital des stations-services en énergies renouvelables. En outre, un usage de mobilité en carbone vert autorise une consommation qui n’est pas préjudiciable à la planète ! »

La production nationale de biogaz (biométhane) représente aujourd’hui 11 % du gaz produit en France. « Sans porter atteinte à la souveraineté alimentaire, l’agriculture française pourrait couvrir 25 à 30 % des besoins à l’échelle du pays. Cette production pourrait être développée dans les 5 prochaines années », assure Maximin Charpentier. À condition d’avoir le feu vert des autorités…