UIMM Champagne-Ardenne : formation et RSE au programme
Industrie. À l’issue de son conseil d’administration du 3 mars, l’UIMM faisait un traditionnel "point de situation" de l’économie régionale du secteur et de ses entreprises. Entre manque de visibilité et démarches proactives du côté de la formation et de la RSE.
« Schizophrénique », résume Christian Brethon, président de l’UIMM Champagne-Ardenne, pour qualifier ce début d’année 2023. De fait, après une bonne année 2022, quelques nuages se profilent à l’horizon, engendrant ainsi une perception perturbée de la réalité. Le premier trimestre 2023 est encore sur l’élan de l’année 2022.
Mais un ralentissement se fait sentir. L’expectative sociale et politique freine l’investissement dans l’attente d’une visibilité plus claire de la conjoncture. Mais les entreprises ont également un besoin de fonds de roulement que les banques, à la demande de la BCE, n’accordent que parcimonieusement.
« Au plan national, auquel on peut comparer le régional, en juillet 2022, 80 % des entreprises n’avaient pas touché à leurs PGE. Six mois plus tard, en décembre, 70 % les avaient consommés intégralement », indique Christian Brethon.
« Ce n’est pas tant la question des taux que l’accès au financement à court terme qui inquiète les entreprises, malgré les commandes. » Fabien Forgeot, qui succède à Russell Kelly en qualité de président du comité local de l’Aube, soulignait la présence de l’activité mais également les inquiétudes dues aux prix de l’énergie.
Si les coûts estimés pour 2023, gaz et électricité cumulés, devraient être multipliés par trois (après déduction des aides de l’Etat), la fourchette des estimations va de 1 à 12 ! Dans les Ardennes, l’adaptation nécessaire des outils, en fonction des contraintes… météorologiques (par manque d’eau, alors que la consommation de la métallurgie est importante) ou réglementaires (passage du thermique à l’électrique) sont également sources d’inquiétudes, selon Nicolas Grosdidier, président du comité local.
Création d’une "Maintenance academy"
Un domaine qui mobilise toute la profession est celui de la formation. « Dans l’Aube, il y a des emplois à pourvoir, mais notre centre de formation ne trouve pas de jeunes à former », regrette Fabien Forgeot. « Comment attirer la jeunesse dans l’industrie ? "Usine" n’est pourtant pas un gros mot. Aujourd’hui, l’usine, c’est moderne et ça devrait être attrayant. »
Le constat est partagé dans tous les départements champardennais, et Richard Oliger insiste sur cet aspect de revalorisation de l’industrie : « En Haute-Marne, 1 emploi direct sur 5 est dans l’industrie, ce qui représente 15 000 salariés, dont 7 000 dans la métallurgie. 1 jeune sur 4 non diplômé est au chômage quand seuls 6 % des jeunes ayant un Bac+2 le sont. D’où l’importance de la formation pour trouver du travail. »
>LIRE AUSSI : L’effet Papillons Blancs sur l’économie locale
Christian Brethon rappelle d’ailleurs que les salaires de la branche UIMM sont supérieurs d’environ 10 % au salaire minimum au plan national, et entre 15 et 20 % en Champagne-Ardenne.
C’est ce qui préside à la création d’une "maintenance academy" à Saint-Dizier, de la même façon qu’il existe déjà de telles structures pour la robotique (Reims), l’impression 3D (Charleville-Mézières) et les objets connectés industriels (Troyes).
Comme le souligne Sébastien Guenet, délégué général de l’UIMM régionale, « Cette academy a une vocation transversale, au service de toutes les entreprises, et pas seulement métallurgiques. Elle doit aussi permettre d’attirer des jeunes sur notre territoire. »
La RSE à l’ordre du jour
Pour rendre attractive l’industrie et ses métiers (« tous ses corps de métiers, techniciens, ingénieurs, commerciaux, etc. », précise Christian Brethon), il s’agit aussi de montrer que les entreprises ont pris en compte les exigences sociales, sociétales, environnementales, qui se font de plus en plus prégnantes, dans le cadre d’activités économiquement durables.
En ce sens, l’UIMM est la seule branche à mettre en place une démarche innovante, pragmatique et pro-industrielle en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE).
À ce titre, l’UIMM Champagne-Ardenne engage une démarche inédite de la performance globale industrielle. Concrètement, elle va proposer des évaluations sur site, réalisées par des conseillers référencés, afin de valoriser les engagements RSE des entreprises. Une charte d’engagement RSE viendra formaliser les résultats des évaluations.