Saint-Quentin : L’Oréal mise 70 millions d’euros sur l’innovation dermatologique
Industrie. À Saint-Quentin, le géant français de la cosmétique L’Oréal vient d’achever une transformation majeure de son usine historique. Un investissement de 70 millions d’euros qui positionne le site axonais comme le centre européen de production de la marque dermatologique CeraVe.
L’usine Soprocos de Saint-Quentin, inaugurée en 1965 par Liliane Bettencourt, célèbre cette année ses 60 ans d’activité (cf article sur l’Oréal). Loin de se perdre en nostalgie, le site écrit aujourd’hui un nouveau chapitre de son histoire industrielle. Entre 2022 et 2026, L’Oréal y consacre 70 millions d’euros pour transformer ce qui était historiquement une unité de production d’aérosols en un centre de fabrication de soins dermatologiques de pointe.
Une mutation industrielle d’envergure
La transformation s’est traduite par la déconstruction puis la reconstruction de 4 600 m² d’installations sur les 55 000 m² du site, soit près de 10% de la surface totale. Le défi technique était de taille : mener ces travaux d’ampleur tout en maintenant la production quotidienne d’un million d’unités que fabrique le site.
Quatre nouvelles lignes de production ont été installées, dédiées à la fabrication des produits CeraVe pour l’ensemble du marché européen. Cette marque américaine de dermocosmétique, acquise par L’Oréal en 2017 et lancée en Europe en 2018, représente un segment stratégique pour le groupe. L’objectif : atteindre 200 millions d’unités produites annuellement sur le site saint-quentinois.
Un double investissement dans l’Aisne
Le projet s’inscrit dans une stratégie d’investissement plus large : à quelques kilomètres de là, à Gauchy, l’usine Fapagau fait également l’objet d’une modernisation de 65 millions d’euros. Au total, 135 millions d’euros sont déployés sur ces deux sites axonais, confirmant le rôle central des Hauts-de-France dans la stratégie industrielle de L’Oréal.
Le groupe, qui compte 11 usines en France sur 38 dans le monde, concentre 25% de sa production mondiale dans l’Hexagone, dont 80% destinés à l’export. Dans la région, quatre sites emploient plus de 1 300 personnes : outre Saint-Quentin et Gauchy, les usines de Caudry (Nord) et Lassigny (Oise) complètent ce maillage industriel.
Au-delà des chiffres, c’est une leçon de stratégie industrielle : investir massivement dans ses outils de production existants plutôt que délocaliser, former ses équipes aux nouvelles technologies, et faire des territoires ruraux des centres d’excellence. Une approche qui fait de Saint-Quentin non pas un vestige du passé industriel français, mais un laboratoire de son avenir.