Qui se cache derrière le projet à 300 emplois sur la friche Deville ?
Implantation. Boris Ravignon a annoncé il y a une semaine l’implantation d’une entreprise nationale sur la friche industrielle Deville à Charleville-Mézières. Avec 300 emplois à la clé.
« Une entreprise nationale a fait preuve d’un intérêt manifeste pour ce site au point d’être fortement intéressée par la mise à disposition d’une partie (19 913 m²) de cette emprise (dont une façade Art déco). Soient les deux-tiers de l’ensemble du terrain et des bâtiments longeant l’Avenue Forest. Cela afin d’y créer un établissement qui emploiera 300 salariés.
Cette entreprise réalisera l’acquisition des parcelles nécessaires au prix fixé par les domaines. La décision de s’installer sur ce site doit être validée par les dirigeants le 31 mars », a dévoilé Boris Ravignon, président d’Ardenne Métropole, lors du dernier conseil d’agglomération, sans toutefois identifier le porteur du projet.
Trois hypothèses possibles
Première hypothèse, l’émergence d’un ensemble de bureaux, logements et commerces sous l’égide du puissant promoteur portuguais Alves Ribeiro mais difficile de croire que ce projet ferait naître 300 emplois.
Deuxième scénario possible, la venue d’une grande administration. Mais l’Etat, depuis l’appel à manifestation d’intérêt pour la création d’un nouveau pôle regroupant le conservatoire national de la presse et le centre de conservation pour les collections de Bibliothèque Nationale de France (pour lequel Charleville-Mézières avait candidaté) n’a pas à l’heure actuelle de projet équivalent. Troisième hypothèse donc, la concrétisation d’un projet déjà annoncé à certains élus locaux et à des acteurs économiques du département s’apprêterait donc à voir le jour.
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Tout porte à croire que l’investisseur en question pourrait être le géant du luxe, Hermès dont on sait depuis son arrivée dans les Ardennes qu’il a l’intention de fonctionner comme dans d’autres régions françaises avec un pôle maroquinier comprenant trois manufactures de 250 à… 300 emplois. Ce qu’il appelle « le phénomène de grappe ».
Après Bogny-sur-Meuse en 2004 et la zone industrielle de Tournes/Cliron où se termine actuellement une seconde unité, Charleville-Mézières pourrait très bien accueillir le troisième site ardennais du fleuron du luxe.
En 2022, Hermès a surclassé les attentes avec un chiffre d’affaires dépassant pour la première fois les dix milliards d’euros, grâce au dynamisme de ses ventes en Chine et en Europe.
Cet exercice historique lui avait d’ailleurs permis en février 2023 d’annoncer le versement d’une prime exceptionnelle de 4 000 euros pour chacun de ses 20 000 salariés.
Quatre ans pour préparer et exécuter le chantier
Situé en bord de Meuse à proximité du poumon vert de la ville et à quelques centaines de mètres de la gare, le site Deville, à l’abandon depuis 2016 et la fermeture du fabricant de poêles à bois par Invicta, s’étend sur une superficie de 32 000 m² de terrain qui avait été acquis comme les bâtiments en 2003, par le conseil départemental.
Pour envisager de réinvestir les lieux, il a en tout cas fallu faire modifier, par l’Etat, le plan de prévention des risques d’inondation et l’inscrire en zone d’exception permettant d’autoriser des projets d’intérêt stratégiques sous certaines conditions.
Ardenne Métropole s’apprête donc à engager une convention avec l’établissement public foncier régional pour qu’il se porte acquéreur de la totalité de la friche Deville tout en mettant à disposition une ingénierie technique et financière.
Chargé de la faisabilité du projet, l’EPFR s’occupera aussi de la dépollution de l’endroit. Une fois le portage foncier terminé, la collectivité locale sera désignée repreneur.
Le reste du foncier non occupé par le porteur du projet restera à la disposition de la communauté d’agglomération et fera l’objet d’un changement de destination pour y héberger du tertiaire public et/ou du logement. Des prospects oeuvrant pour des investisseurs publics et privés ont déjà montré leur intérêt.
Ardenne Métropole envisagerait de mener ici des projets immobiliers. Si le projet principal concerne Hermès, Charleville-Mézières bénéficierait là d’une belle vitrine économique qui deviendrait une réalité à l’horizon 2027. D’ici là, le chantier s’avère colossal…