Quand Vynex redevient un fabricant de visserie
Industrie. Depuis décembre, l’usine de Thelonne produit des vis Rocket de grande dimension.
Pour des raisons stratégiques, la vis de marque Rocket créée en 1995 par Vynex et longtemps co-développée avec un fournisseur taiwanais est désormais conçue en partie à Thelonne dans les Ardennes.
« Ce produit phare représente la moitié de la marge générée pat notre entreprise. Vynex dépend donc beaucoup de cette vis qui a pris de plus en plus de poids au sein de la société. On a donc jugé plus prudent de gagner notre indépendance vis-à-vis d’un fabricant situé à 10 000 kilomètres dont on ne maîtrisait pas la production et qui, en raison de la situation géopolitique et des relations tendues entre la Chine et Taiwan, peut devenir du jour au lendemain une menace pour les livraisons à nos clients », explique Jean-Louis Fontaine, le directeur technique et des approvisionnements de l’usine de Thelonne.
Déjà sept tonnes de vis « made in Ardennes »
Vynex qui, à son origine et jusqu’en 1997, sortait de ses ateliers ardennais des gaines de freins et des articles de quincaillerie, est ainsi redevenu cet hiver un fabricant de visserie. Le tournant a été opéré en décembre 2022 après la réception sur le site, suite à un investissement de 400 000 euros, de cinq machines : trois de frappe, une de roulage et une pour exécuter des entailles à l’extrémité des vis.
Après des essais et réglages, plus de 7 tonnes de vis made in Ardennes ont été mises en forme sur place sans rencontrer de points bloquants. Destinées aux professionnels, celles-ci de grande dimension, 100 à 400 mm de longueur, seront utilisées pour la construction de charpentes et de maisons à ossature bois.
>LIRE AUSSI : Un « AMI » qui veut du bien aux Ardennes
« On importait 2 400 tonnes de vis Rocket par an. On prévoit, au fil de la montée en charge de l’opération, d’en produire 420 tonnes en 2023 et 620 tonnes en 2024. Soit près d’un quart du volume effectué en Asie. La fabrication continuera néanmoins à Taiwan qui récupérera des parts de marché à l’export grâce à l’apport de Suki, notre nouvelle maison mère allemande », détaille Jean-Louis Fontaine.
À Thelonne, grâce à l’arrivée de onze machines de mise forme en juillet prochain dans un atelier de 1000 m² et l’installation d’une ligne de traitement thermique en septembre sur une surface de 800 m², 2023 sera l’année de la montée en cadence progressive de cette action de relocalisation nécessitant un effort financier de trois millions d’euros soutenu par l’Etat à hauteur de 800 000 euros.
« À plus long terme, on doit être en mesure de tripler la production prévue en 2024 après avoir fait un bilan économique et un point sur le coût de fabrication d’un kilo de vis pour voir. »
« Mais, il est d’ores et déjà programmé d’implanter une seconde ligne de traitement thermique » .
Idéalement, Vynex qui durant la phase de démarrage a recruté un directeur de fabrication, Olivier Parant, issu de Manquillet-Parizel, pourrait alors embaucher 20 à 25 personnes supplémentaires.
« C’est un vrai plaisir après 28 ans déjà passés dans cette entreprise de démarrer cette activité et de participer à cette transformation », conclut Jean-Louis Fontaine qui a initié ce programme dès 2016. Vynex compte actuellement 190 salariés dans les Ardennes : 100 à Thelonne, 75 à Donchery et 15 à Blagny.