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Petit Bateau vogue sans eau

Développement durable. Les industriels se muent en chercheur d’eau pour le développement durable mais aussi pour maîtriser leurs charges.

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La teinturerie de l’usine Petit Bateau à Troyes vise à devenir totalement autonome en eau grâce à un investissement de 5 millions d’euros. (Crédit : Laurent Locurcio).

A l’occasion de ces rencontres, Jean-Marc Guillemet, directeur des opérations chez Petit Bateau rappelle que la firme textile troyenne s’est fixé des objectifs ambitieux. « Nous voulons atteindre le « zéro eau » et la neutralité carbone à l’horizon 2030 », explique-t-il. Pas évident pour un industriel qui possède toujours sa propre teinturerie au sein de l’usine historique Saint-Joseph à Troyes. Les opérations de teinture nécessitent beaucoup d’eau qui est ensuite rejetée dans les réseaux d’eaux usées. Mais les choses évoluent. « Nous remplaçons progressivement nos machines par des équipements plus sobres, capables de récupérer l’eau et les calories », ajoute Jean-Marc Guillemet.


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Autre grande nouveauté, l’installation de systèmes de récupération d’eaux pluviales sur les toitures de l’usine Saint-Joseph. Un équipement qui permettra de récupérer 10 000 mètres cubes d’eau chaque année et qui pourront être utilisés dans les process industriels. Ce programme baptisé « Mission 003 » s’étale sur trois ans, et nécessite un investissement global de l’ordre de 5 millions d’euros pour Petit Bateau. Une charge pour l’industriel ramenée à 4 millions d’euros grâce aux aides de l’Ademe et de l’agence de l’Eau à hauteur d’un million d’euros. « Cette aide financière était indispensable pour amorcer la pompe et nous permettre ce gros investissement », conclut le directeur des opérations de Petit-Bateau.

UN INVESTISSEMENT RAPIDEMENT RENTABLE

L’exemple de l’industriel textile troyen démontre que si les investissements à réaliser peuvent être importants, les bénéfices le sont tout autant, sur le plan environnemental bien sûr, mais aussi financier. Au prix actuel de l’énergie et de l’eau, Petit Bateau économisera un million d’euros de charges par an, une fois le programme mis en place. Sans doute bien plus au vu de l’envolée des prix dans les années à venir. Les industriels qui sont les premiers utilisateurs d’eau dans le Grand Est avec 645 millions de m³ par an, devançant l’alimentation en eau potable (431 m³) et l’agriculture (124 m³), ont tout intérêt à se muer en chercheurs d’eau. Les exemples ne manquent pas. Les sucreries de la Marne et de l’Aube de Cristal Union deviennent autonomes en eau en allant la chercher directement à la source. Les betteraves contiennent plus de 70 % d’eau, récupérée pour les besoins du process industriel.