Métiers du gros œuvre : optimisme et détermination
Agriculture. Pour éculé qu’il paraisse, le vieil adage prétendant que ‘‘quand le bâtiment va, tout va’’ n’en figure pas moins une sorte de thermomètre de l’économie générale. On a pu encore s’en rendre compte à l’occasion des Rencontres des métiers du gros œuvre qui se sont tenues mi-septembre à Reims.
Dans son discours de clôture des Rencontre des métiers du gros œuvre, Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment, a dressé un tableau en demi-teinte de l’activité du secteur. Il y a du positif : d’une part, les carnets de commandes restent ‘‘garnis’’ et l’année 2022 semble globalement assurée, d’autre part, les besoins qui se font jour, à moyen et long terme, sont dans l’ensemble porteurs pour le bâtiment. La croissance de l’activité sur 2022, quoique légèrement révisée, s’établirait à +3,8 % en volume (contre +4,3 % envisagés fin 2021), rattrapant ainsi le niveau d’activité d’avant confinement avec un chiffre d’affaires global de près de 150 Md€.
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Pour autant, la crise énergétique qui s’ajoute à l’augmentation du prix des matériaux*, le bouclier artificiel maîtrisant l’inflation qui ne sera pas indéfini, la hausse du gazole non routier (GNR) repoussée à 2024 (mais qui ne sera pas non plus éternelle), la prime Macron qui ne repose que sur la capacité des entreprises à la financer (« les marges se réduisent et nous ne réalisons pas de ‘‘super-profits’’ » a martelé Olivier Salleron), font peser bien des incertitudes sur l’avenir.
Le bâtiment à la relance
Si le secteur du bâtiment n’a ni pétrole ni gaz, il a cependant des idées et le président de la FFB estime que l’ensemble de la filière a un rôle central à jouer dans la relance de l’économie nationale. Olivier Salleron assure que « la rénovation énergétique est le défi des 30 prochaines années. Il y a 7,2 millions de ‘‘passoires énergétiques’’ en France. Atteindre la neutralité carbone en 2050 suppose d’investir 40 Md€ par an en matière de rénovation énergétique. C’est dans ce secteur que l’Etat doit investir et lever certaines contraintes urbanistiques. Le coût de rénovation globale d’une maison, pour une étiquette énergie A ou B, varie de 30 à 60 000 €. S’il n’y a pas de financement, ça ne sera pas possible. C’est un choix politique ! »
Voilà pourquoi le président de la FFB appelle notamment à la création d’un Conseil national de la construction. Cependant, la reprise d’activité que connaît le secteur industriel constitue une perspective encourageante pour le bâtiment. Entre chaud et froid, inquiétude et espoir, Olivier Salleron relève que « ce n’est ni la première fois, ni la dernière, que les chefs d’entreprise du bâtiment affrontent une crise. » Il appelle à l’optimisme et à la détermination, persuadé que « nous nous en sortirons collectivement ».
*Sous l’effet de ces hausses, les coûts des entreprises de bâtiment ont déjà progressé de 12 % entre la fin 2020 et juin 2022, selon l’index BT01 de l’Insee.