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Les rotondes abriteront un atelier de fabrication de containers nucléaires

Industrie. Propriété de la SNCF, la rotonde de Charleville-Mézières, site emblématique de l’histoire industrielle ardennaise, va être rachetée par l’homme d’affaire aubois, Fabrice Devaud, qui veut y faire un atelier pour fabriquer 100 à 150 containers par an.

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Photo de Fabrice Devaud
En acquérant les rotondes de Charleville-Mézières où sont encore installés 37 machines, voitures et wagons historiques, Fabrice Devaud se veut ambitieux pour son entreprise. (Crédit : PR)

Spécialisés dans la fabrication et la rénovation d’équipements spéciaux pour l’industrie nucléaire (wagons, dispositifs de transports volumineux pour les déchets radioactifs et maintenance de containers), les Ateliers de Vendeuvre-sur-Barse installés sur trois sites de la commune auboise projettent de se développer à Charleville-Mézières.

En raison de la reprise du fret nucléaire et du fret généralisé, son président, Fabrice Devaud, a dévoilé qu’il envisageait d’acquérir la rotonde et les ateliers SNCF de Mohon : 12 800 m² de bâti au total, pour y installer une activité industrielle.

« Poussés par la demande croissante en pièces très lourdes de nos clients, nous avions besoin d’un nouvel espace. Ce qui nous a amené à entreprendre des démarches et d’entrer finalement en contact avec SNCF Immobilier qui nous a proposé une implantation sur ce magnifique site ardennais, créé en 1907 et à l’abandon depuis des années. Voulant nous positionner comme un acteur majeur de la filière ferroviaire, nous prévoyons donc d’acheter ce lieu juste incroyable. Notre essor passera par là », résume l’investisseur aubois.

Voilà six mois qu’il travaille sur un sujet déjà bien avancé. « Le projet n’était pas simple mais nous avons bien progressé au fil des réunions avec le Préfet, les services de l’Etat, la SNCF et Boris Ravignon, le maire de Charleville-Mézières.

Aujourd’hui, il reste à finaliser des choses dont l’accord des Monuments Historiques et à obtenir aussi des accords formels sur les conditions d’exploitation et financières. Les discussions sont en bonne voie. »

Début de production en 2025

Dans les Ardennes, l’objectif est de construire des wagons mais surtout de devenir le principal fabricant français de containers nucléaires en espérant en sortir 100 à 150 par an de ces ateliers, en recrutant une vingtaine de personnes sur place.

« Le démantèlement des centrales nucléaires et les grands carénages mis en place pour renforcer les installations débouchent sur une forte demande de containers. C’est donc le moment d’asseoir notre leadership national dans ce domaine », explique Fabrice Devaud.

Les Ateliers de Vendeuvre-sur-Barse travaillent de façon régulière avec des donneurs d’ordre comme EDF, Orano (ex-Areva), le Commissariat à l’Energie atomique et aux énergies alternatives (CEA), l’entreprise aéronautique Daher, la Direction Nationale des Chantiers Navals et aussi pour des centrales nucléaires de Gravelines et du Tricastin.

« Un outil extraoridnaire »

« Dans l’Aube, on reçoit 700 containers qu’on aménage sur place et on fabrique six à dix wagons par an pour Alstom », rappelle le dirigeant qui ne tarit pas d’éloges sur son futur lieu d’ancrage.

« Pour des gens issus du milieu ferroviaire, ce bâtiment hors normes est un outil industriel extraordinaire doté de ponts roulants d’une force de 50 tonnes, ce qui est peu courant, d’un faisceau de voies avec neuf embranchements. Il dispose déjà d’une zone pour expédier les produits dans la seconde rotonde de cette immense nef. Différents postes de montage, de découpe et de chaudronnerie peuvent être aménagés autour de la rotonde principale. Nous prévoyons une flotte résidente de 40 wagons 36 roues en gare d’attache. La SNCF devrait nous accorder, par ailleurs, l’autorisation de faire démarrer des trains de la gare de Mohon toute proche. »

Avant d’entamer l’activité industrielle à l’horizon 2025, Fabrice Devaud va s’atteler à restaurer et valoriser l’immense bâtiment carolomacérien qui doit être remis en état.

Ce qui n’est pas sans lui rappeler ce qu’il avait déjà fait en 2017 dans l’Aube au chevet de l’usine de la Brotte, datant de 1837, et sauvée de démolition.