Les producteurs de betteraves demandent des hausses de prix d’achat
Agriculture. La Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) Champagne-Bourgogne s’est réunie en assemblée générale à Saint-Memmie (51). La première depuis sa fusion entre le syndicat betteravier du Nord Est, le syndicat betteravier de l’Aube et de celui de l’Yonne. Elle représente désormais 4 765 planteurs de betteraves soit 101 500 hectares de plantations.
Après deux années compliquées et très denses en actualité, avec des sujets aussi préoccupants que la jaunisse et une perte de 30% de la production et de 1,2 milliard d’euros sur l’ensemble de la filière, le scandale des produits Adama et la destruction de 7 000 hectares de plants au nom du principe de précaution, la CGB Champagne-Bourgogne se concentre aujourd’hui sur la fixation des prix des betteraves. « Il devient intenable que, contrairement à d’autres filières comme les céréales ou le colza, les planteurs ne soient pas en mesure d’avoir des prix de betterave pour sécuriser leurs marges en face de leurs achats de fertilisants », pointe Cyril Cognard, Président de la Commission économique de la CGB et président de la CGB Champagne-Bourgogne.
« Les sucreries engagent leurs ventes de sucre en fonction de leur couverture en gaz, et c’est une excellente chose. Les betteraviers doivent aussi avoir des outils pour sécuriser leur marge betteravière soit par des annonces de prix des sucreries soit au travers de l’indexation des prix de betteraves sur les marchés à terme du sucre comme au Royaume-Uni. » Ces revendications interviennent dans un contexte de hausse des coûts de production agricole de l’ordre de 20 %, avec une estimation de +5 € la tonne en 2022 et +7 € la tonne en 2023. « Il y a quelque chose à améliorer dans la façon de vendre les sucres en Europe », insiste ainsi Cyril Cognard.
UN OBJECTIF ENTRE 35 ET 40€ LA TONNE
Et alors que les prix annoncés fin 2021 par les sucreries de la région, dont Cristal Union, tournaient aux alentours de 30 € la tonne, il se pourrait que ceux-ci soient revus à la hausse dans un contexte plus favorable avec une annonce mi-juin.
> A LIRE AUSSI : Les défis environnementaux en ligne de mire pour Cristal Union
À titre de comparaison, la CGB Champagne-Bourgogne indique que là où des orges de printemps valent 310 €/tonne, pour dégager les mêmes marges, la betterave devrait être à 33 € la tonne et là où le colza, rendu à Rouen est à 750 € la tonne, la betterave devrait être à 40 € la tonne ! « Le marché est porteur et il y a une volonté collective à faire passer ces hausses », soutient Benoit Yot, Directeur de la CGB Champagne-Bourgogne.
« Nos objectifs de 35 à 40 € sont ambitieux mais nécessaires », observe quant à lui le Président de la Commission économique. En effet, le marché est porteur, avec tout d’abord celui de l’éthanol dont la France est le 1er producteur européen avec 32% de la production, destiné pour un tiers aux usages traditionnels (boissons, parfums, pharmacie, industrie) et pour deux tiers au marché des carburants (bioéthanol). Ensuite, celui du sucre, avec une hausse considérable des cours passant de 300€ la tonne en 2020 à 500 € la tonne en mai 2022.
Cette envolée logiquement se doit d’être bénéfique non seulement aux coopératives, qui ont vu leurs bénéfices augmenter malgré les fortes hausses de coûts de l’énergie, mais également aux producteurs. « Alors que les groupes privés français comme la plupart des groupes européens coopératifs ou privés, ont annoncé des prix supérieurs à 35 €/t pour les betteraves 2022, les coopérateurs français restent dans l’attente d’indications plus précises sur le prix des betteraves actuellement en terre », déplore Cyril Cognard. « Dans un contexte de hausse des coûts de production betteraviers historiques, de contraintes agronomiques fortes (obligations liées aux successions culturales, pressions parasitaires) ou encore d’importants renouvellements d’engagements coopératifs, des annonces claires de prix sont plus que jamais nécessaires pour conforter les surfaces betteravières. »
MOINS 33% D’AIDES DE LA PAC
Ces inquiétudes sont conjuguées aux baisses des aides de la PAC, passant de 409 € à l’hectare en 2009 à 273 € en 2021, sachant que dans le même temps, les aides en Pologne s’élèvent à 654 € à l’hectare… « Les grandes cultures sont bien malmenées dans les réformes successives. Depuis 2009, les aides PAC ont donc baissé de 33%, avec une iniquité entre les pays européens… Mais cette aide imparfaite est nécessaire car un tiers des exploitations seraient dans le rouge si elle n’existait pas », souligne Benoit Yot.