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Les défis environnementaux en ligne de mire pour Cristal Union

Agriculture. Le Conseil d’administration de Cristal Union, présidé par Olivier de Bohan, ainsi que le Conseil de Section de Sillery, ont tenu leur assemblée générale dans un contexte de hausse des coûts de production mais aussi de hausse des cours du sucre.

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Olivier de Bohan, Président de Cristal Union
« Le bioéthanol, issu de betteraves ou de céréales, ou de leurs résidus, permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus de 75% par rapport à l’essence », insiste Olivier de Bohan, Président de Cristal Union.

C’est par un retour sur l’année 2021 qu’a débuté l’assemblée générale du groupe coopératif Cristal Union, secteur de Sillery, marquée par trois évènements clés : les gelées de printemps, la dérogation concernant l’utilisation des néonicotinoïdes ainsi que la crise due à l’herbicide de la société Adama, entrainant la destruction de 2 620 hectares de betteraves. « 2021 s’annonçait sous de meilleurs auspices que 2020, c’était sans compter avec un nouveau caprice météorologique. Le conseil d’administration a rapidement pris la décision exceptionnelle d’accompagner les ressemis. Pas moins de 12 000 hectares sur les trois sites champenois en ont fait l’objet », indique Didier Blanckaert, président du Conseil de section de Sillery.

Quant aux néonicotinoïdes, dont les dérogations n’ont pas vocation à se poursuivre sur la durée, les espoirs des producteurs et de la coopérative se portent sur la R&D et l’avènement de nouvelles semences résistantes aux pucerons porteurs de la jaunisse, dévastatrice pour les plants de betteraves. « Nous participons très activement au Plan national de recherche et d’innovation afin de trouver des solutions alternatives aux néonicotinoïdes qui soient capables de concilier à la fois la résistance au virus de la jaunisse et un haut potentiel de productivité », relate Olivier de Bohan, président du Conseil d’administration de Cristal Union. « Nous avons des retours positifs des semenciers qui devraient être en mesure de proposer, dans les années qui viennent, des variétés résistantes, comme ce fut le cas pour la rhizomanie et les nématodes », poursuit-il, rassurant.

« Sur ces dix dernières années, nous avons réduit notre consommation d’énergie de 10% et nos prélèvements en eau de 65% »

Concernant « l’épisode » Adama, du nom de ce fabriquant dont la composition de l’herbicide a été jugée, après sa mise sur le marché et le constat de pollution, non-conforme (trois de ses substances actives étaient en réalité interdites dans l’Union européenne), il a conduit à la destruction pure et simple de 2 620 hectares de plans de betteraves sur la seule zone liée au site de Sillery, sur un total de 5 000 hectares. « Deux-tiers des agriculteurs impactés sont adhérents de Cristal Union », rappelle Olivier de Bohan. « Si les indemnisations d’agriculteurs ont été effectuées, la réparation du préjudice industriel, est quant à elle, loin d’être aboutie. » Mais heureusement pour le groupe coopératif, la campagne industrielle 2021 a été très correcte avec « un bon volume de production. » Avec un résultat net de 97 millions d’euros, la progression sur une année est de + 40%.

Rémunération en hausse

Le chiffre d’affaires global, atteint lui, les 1,8 milliard d’euros. « Flexibilité et agilité sont les clés de notre résilience. La force de Cristal Union est d’associer une gestion rigoureuse à une vision sur le long terme », se félicite le président de Cristal Union, poursuivant : « Cette stratégie nous permet de présenter des résultats positifs et d’assurer à nos adhérents une rémunération encore en hausse cette année. » Il faut dire que le cours du sucre s’est envolé, passant de 300 euros la tonne en 2020 à 500 euros la tonne en mai 2022. Et les débouchés ne manquent pas : alimentaire certes (48% du CA est apporté par l’activité sucre), mais aussi énergie et application industrielle avec l’éthanol (28% pour l’éthanol, 6% pour la raffinerie, 7% pour l’alimentation animale).

Cette bonne santé financière se conjugue à une stratégie d’économie des coûts de l’énergie mise en place depuis plusieurs années déjà. Et avec la crise énergétique, conséquence du conflit en Ukraine, l’empreinte environnementale de l’outil industriel est plus que jamais d’actualité. « Sur ces dix dernières années, nous avons réduit notre consommation d’énergie de 10% et nos prélèvements en eau de 65% », affirme Olivier de Bohan. Le groupe coopératif essaie aussi de travailler au maximum en circuit court, en recyclant l’eau de ses betteraves ou en utilisant le train plutôt que les poids lourds, ce qui lors d’une campagne, revient à économiser 24 000 tonnes de CO2.

Par ailleurs, sur le site de Sillery, 4 millions d’euros ont été investis dans la modernisation du lavoir, dont 75% ont été supportés par des certificats d’économie d’énergie. « Tous ces projets visent à continuer de développer et d’améliorer la performance du site », souligne Didier Blanckaert. En ce qui concerne les perspectives les objectifs sont ambitieux, avec -17% d’énergie consommée à horizon 2023, -35% d’émission de CO2 et -65% d’eau prélevée. L’objectif est bien d’équilibrer les dépenses et les coûts de production à la hausse avec les prix du marché, afin de dégager des bénéfices et de rémunérer correctement les adhérents. À plus court terme, c’est la gestion de la terre qui est primordiale avec le déploiement de chantiers de déterrage, « qui reste un enjeu économique fort et un défi environnemental ».