Les Pressoirs Coquard, une marque devenue institution champenoise
Industrie. L’entreprise basée à Bezannes (Marne), qui fabrique une trentaine de pressoirs par an, est aujourd’hui un emblème de la Champagne. Elle vient d’enregistrer une année 2021 record en terme de chiffre d’affaires (6 M€).
Fondée en 1924, garante d’un véritable savoir-faire champenois, la société Les Pressoirs Coquard n’a pourtant jamais été aussi moderne et dans l’air du temps. La preuve, elle a réalisé une année 2021 record avec 6 M€ de chiffre d’affaires. « Nous avons doublé voire triplé nos commandes de certaines pièces pour pouvoir continuer à faire nos assemblages et livrer nos commandes. Nous sommes d’ailleurs fiers de dire que nous avons pu honorer nos livraisons cette année malgré les pénuries », explique son président et directeur technico-commercial, Jean-Pierre Masset.
Ce dernier a repris l’entreprise SA Coquard en 1999 avec plusieurs salariés pour lui redonner une impulsion et aboutir au résultat d’aujourd’hui. « Nous avons renommé l’entreprise Les Pressoirs Coquard et avons tout mis en œuvre pour redorer le blason de la société en continuant à fabriquer les pressoirs traditionnels tout en les mettant au goût du jour, mais aussi en innovant avec les pressoirs automatiques. Fidèles au concept champenois de pressoirs hydrauliques à plateau, on essaie de se démarquer complètement en proposant des modèles différents des autres fabricants ».
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Devenu une marque emblématique de la Champagne après presque 100 ans d’existence, la société a su moderniser ses méthodes pour garder son âme, ses principes et rester fidèle à ses valeurs. Le fruit d’un travail d’équipe, entre la vingtaine de salariés, soudés autour d’un projet commun et d’une dynamique en matière de recherche et d’innovation qui a d’ailleurs débouché sur le dépôt de plusieurs brevets ces dernières années. « Pour répondre au réchauffement climatique et aux nouveaux besoins, nous innovons afin de proposer des pressoirs adaptés, que ce soit avec des systèmes de refroidissement des jus ou avec des tailles adaptées à des petites quantités à presser, ou pour faire du parcellaire, par exemple. Aujourd’hui, nous proposons donc des pressoirs dans lesquels on peut réduire la quantité de raisin à presser de 50% grâce à un réglage ». Mais le pressoir traditionnel reste une valeur sûre en Champagne. « Il y a un vrai retour du pressoir traditionnel pour valoriser au maximum le côté qualitatif de certains clos et certaines parcelles ».
100% champenois
En 2021, l’entreprise a donc battu tous ses records de vente et de fabrication, malgré la crise du Covid, l’augmentation des matériaux, la pénurie des composants et le manque de personnel. « On a su faire face », explique Jean-Pierre Masset. Mieux que ça, Les Pressoirs Coquard ont, l’année dernière exporté plus de 50% de leur production, là où l’export représentait entre 30% et 50% les années précédentes. « On exporte dans toute l’Europe : Espagne, Allemagne, Italie, Suède, Hongrie, Bulgarie, Turquie, mais aussi en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis ou en Afrique du Sud. Et depuis peu au Japon ». Une bonne dynamique à l’export conjuguée à une Champagne en manque de jus sur les deux dernières années. Avec les ventes de champagne qui remontent en flèche depuis un an et les perspectives de rendement à la hausse pour la vendange 2022, le marché du pressoir devrait encore mécaniquement progresser l’année prochaine.
« Il y a un besoin, donc une demande dynamique de pressoirs en termes d’investissement de la part des opérateurs champenois »
« Il y a un besoin, donc une demande dynamique de pressoirs en termes d’investissement de la part des opérateurs champenois. Nous fabriquons des pressoirs standards et assurons également toutes les installations, sur demande et sur-mesure. Le pressoir s’adapte au client », souligne le président qui peine cependant à recruter de la main d’œuvre pour faire face à l’afflux de commandes.
« Nous recherchons deux à trois personnes en maintenance qualifiée, électromécaniciens, électrotechniciens… ici nous ne sous-traitons rien : nos opérateurs assurent la maintenance, la mécanique, les opérations de chaudronnerie, etc. Nous sommes 100% champenois », insiste le dirigeant dont les équipes sortent une trentaine de machines par an, sachant qu’il faut compter près de six mois pour réaliser un pressoir complet, tout en assurant le service maintenance 7 jours sur 7, 24h sur 24 lors des vendanges. Un rythme effréné qui n’entame pas l’enthousiasme des équipes de Jean-Pierre Masset qui l’assure : « Nous avons beaucoup de projets en tête pour 2023-2024 ! »