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Les grands chantiers du modèle coopératif

Champagne. La section Champagne de la Coopération Agricole Grand Est (LCA GE) s’est réunie pour son assemblée générale annuelle à la COVAMA, à Château-Thierry (Aisne) afin de plancher sur les dossiers de la coopération champenoise.

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Les dirigeants de LCA Grand Est
La question du foncier champenois reste un enjeu majeur pour les dirigeants de LCA Grand Est. (Crédit : BB)

Sujet abordé dès l’ouverture de cette assemblée générale, le maintien du foncier est un des piliers de la réussite de l’interprofession, explique Xavier Muller, secrétaire général de la Coopération agricole Grand Est section Champagne. Il affirme ainsi que le niveau d’exploitation par le vignoble doit être maintenu à 90%, tel qu’aujourd’hui pour garantir les équilibres champenois.

Un enjeu majeur pour les prochaines années face au risque de démantèlement des exploitations qui menacent le modèle familial séculaire « L’enjeu pour les coopératives est de stopper l’érosion des surfaces engagées », poursuit-il.

Pour ce faire, elles doivent assurer l’accompagnement des exploitants. « La problématique du foncier est collective, elle nous concerne tous. Si nous ne sommes pas en mesure de leur apporter des outils, les négociants sauront le faire », alerte-t-il.

Parmi ces outils, la Coopération Agricole Grand Est a développé grâce à un partenariat avec France Valley, la Safer et le SGV, un actif foncier spécifique à la Champagne. En 2022, 6 exploitants ont bénéficié de cet outil pour une surface globale de 6 ha et 66 a. Un portage a également été réussi en 2022 pour assurer une installation.

Le président de la Covama (coopérative Vinicole de la Vallée de la Marne), Manuel Michaux a quant à lui rappelé le rôle essentiel des coopératives dans l’accompagnement des viticulteurs, dans le développement des marques de notoriété et dans le maintien de la distribution.

Les 325 millions de bouteilles expédiées en 2022 et le cap des 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires dépassé ne doivent pas occulter la baisse récurrente du marché français.

« L’export a encore progressé de +4,8% en 2022 par rapport à 2021 et il représente désormais 58% des ventes de champagne ». Le vignoble détient désormais 27,4% des parts de marché du champagne, un chiffre insuffisant pour les représentants des coopératives.

« L’objectif est de retrouver des parts de marché supérieures à 30% pour assurer la conservation du partage de la valeur », insiste Manuel Michaux.

Les enjeux de la gouvernance

Vice-présidente de la section champagne de LCA Grand Est, Véronique Blin insiste quant à elle sur l’importance de la gouvernance au sein des coopératives. Peu importe la taille de la structure, la gouvernance est toujours un enjeu stratégique, raison pour laquelle un guide des bonnes pratiques a été édité par la Fédération à destination des administrateurs champenois. « ça n’est pas toujours simple », concède Véronique Blin.

« Mais il faut réfléchir au fonctionnement humain du conseil d’administration et au savoir-être des administrateurs. Cette réflexion n’est pas réservée qu’aux grandes unités, et chaque administrateur doit se sentir concerné ».

Exemplarité, assiduité, solidarité et confidentialité doivent ainsi guider les gouvernances dans un monde changeant et de plus en plus exigeant rendant la gestion de plus en plus complexe.


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Si elle conseille vivement la signature d’une charte éthique et un accompagnement permanent des administrateurs, Véronique Blin n’en oublie pas de rappeler deux enjeux majeurs qui s’imposent aujourd’hui aux coopératives : la mixité et le renouvellement des générations. Côté représentativité féminine au sein des CA on progresse à petits pas : « De 8,4% des femmes en 2017 on est passé à 9,7% en 2021 ».

Enfin, concernant l’indemnité de temps passé pour les dirigeants, la vice-présidente est claire, celle-ci doit compenser l’implication des coopérateurs à hauteur du temps passé : « Ceux qui consacrent du temps au collectif ne doivent pas le faire au détriment de leur exploitation ».

En conclusion de cette Assemblée générale, le président des Vignerons coopérateurs de France, Joël Boueilh a rappelé l’importance de la Fédération qui « quand elle prend la parole, le fait au nom de 95% à 98% des coopérateurs français ».

S’il a félicité les Champenois pour le succès de leur modèle, le vigneron béarnais n’a pas manqué d’attirer leur attention sur « l’organisation et les tailles des entreprises » en Champagne.

Après avoir salué avec émotion le départ du vice-président Christian Jojot après 25 années d’engagement au sein de la Fédération, le président régional Vincent Jourdan a rappelé les points de vigilance et de réflexion de la coopération champenoise pour les années à venir :

Commercialisation et importance des marques, négociations et maintien des équilibres, gestion du foncier et pérennisation du modèle familial... Sans oublier les questionnements sur la taille critique du modèle coopératif : « La mutualisation entre coopératives est une des clés de notre avenir, il faut faire sauter le verrou psychologique autour de cette question ».