Les entreprises s’engagent pour plus d’inclusivité
Emploi. Depuis 2018, à l’initiative du Gouvernement, les entreprises s’engagent au sein d’un « club » pour un fonctionnement plus inclusif et plus durable. Dans les Ardennes, c’est la CCI, en partenariat avec les organismes comme Pôle Emploi, la Mission Locale ou encore Cap emploi qui anime ce club.
En matière d’emploi, les Ardennes ont pour habitude de montrer l’exemple, avec un écosystème nourri autour de cette problématique. Organismes et associations fonctionnent bien souvent de pair pour initier des évènements mettant en avant la formation et les opportunités dans les entreprises du département. Il faut dire que ce territoire, qui a jadis connu une forte désindustrialisation, fait tout son possible pour changer cette image et démontrer son attractivité et son dynamisme.
Ainsi, le Club des entreprises qui s’engagent formalise ce qui se faisait déjà en bonne entente.
« De 10 entreprises adhérentes, nous sommes passés à cinquante en l’espace de quelques mois. Bien loin d’être un aboutissement, nous souhaitons montrer tout l’intérêt de rejoindre ce club », insiste Patrice Paquot, leader du Club des entreprises qui s’engagent et par ailleurs directeur d’exploitation chez Urano. « Cette animation a repris tout son sens, après le covid, avec une charte d’engagement avec le Préfet et la CCI en octobre de l’année dernière », précise-t-il, alors que le club a été mis en suspens pendant deux ans pour cause de Pandémie. Surtout, c’est aussi un moyen de valoriser des entreprises qui connaissent de nombreuses difficultés en matière de recrutement alors que l’activité bat son plein.
L’engagement des entreprises influe sur l’emploi
« Les entreprises doivent certes valoriser l’insertion, en effectuant des actions et tables rondes, mais elles doivent aussi savoir se montrer plus fun, plus sexy », n’hésite pas à avancer Patrice Paquot, précisant : « Les entreprises qui s’engagent, ce n’est pas qu’un mot ou un slogan, mais bien des actions qui ont un réel impact sur l’emploi. »
Plusieurs entreprises du territoire ardennais qui se sont engagées dans ce club sont venues apporter leur témoignage comme Gaëlle Vaucher (voir pamb 7995) à la tête de deux sociétés, Solcea et Comsea, spécialisées dans la communication pour les entreprises. « Nous sommes une entreprise de quatre personnes, mais on essaie de s’engager pour le territoire et les jeunes, notamment en faisant partie de l’association 100 000 entrepreneurs, grâce à laquelle on intervient dans les écoles et les lycées. Quand on a signé la charte, on a retrouvé des partenaires, des clients, autour de mêmes valeurs. Ce club c’est aussi une manière de mobiliser non seulement les dirigeants mais aussi les collaborateurs autour d’un objectif qui a du sens. »
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Directrice du site AG-Net de Charleville-Mézières, Christelle Giltaire explique pour sa part l’importance de son engagement afin de valoriser « le savoir-être, le savoir-vivre et de donner des valeurs de travail ». François Fetus, dirigeant de la société de BTP, Gabella à Sedan, avance lui, être confronté au « déficit de qualité et de compétences dans les activités du bâtiment. » Son entreprise, passée de 40 à 80 salariés en quatre ans intervient sur de nombreux chantiers ardennais, « si possible sans sous-traitants » avec comme objectif principal de répondre à la commande publique et privée, en local. Avoir une équipe locale et qualifiée est donc un véritable défi pour le dirigeant. À l’écoute des entrepreneurs et de leurs problématiques locales, le haut commissaire à l’emploi et à l’engagement, Thibaut Guilluy, venu officiellement lancer le Club ardennais soulignait « la responsabilité des pouvoirs publics dans la nécessité de créer un écosystème favorable au développement des entreprises. Nous avons des défis sociaux, environnementaux, sociétaux, et ce sont les entreprises qui sont au cœur de ces sujets-là », a-t-il fait valoir.
Un coup de pouce et du mentorat
Pour illustrer la mobilisation des entreprises, sur des actions et initiatives locales, a aussi été présentée l’action « coup de pouce » initiée collégialement par les partenaires de l’emploi dans le cadre des groupes de travail sur les tensions de recrutement. En effet, près d’un projet de recrutement sur deux est jugé difficile par les employeurs ardennais, c’est pourquoi un groupe de travail s’est réuni pour lever les freins principaux à l’emploi que sont, dans les Ardennes, la mobilité, l’attractivité des métiers et l’inadéquation entre l’offre et la demande. L’action coup de pouce donne ainsi la possibilité aux demandeurs d’emplois de se faire parrainer par une entreprise du département.
« Nous avons notamment travaillé sur le manque de repères, la perte de confiance et l’inactivité », explique Isabelle Rambourg, directrice de CAP Emploi, précisant que cette action coup de pouce comprenant entre 15 et 20 personnes, est limitée dans le temps et ne devrait pas durer « plus de six mois ».
Concrètement, le parrain accompagne le demandeur d’emploi sur cette durée, avec comme objectif un retour à l’emploi ou du moins dans une démarche pro-active sous six mois. La Mission Locale n’a pas attendu que le dispositif se mette en place puisque cela fait plusieurs années qu’elle effectue ces actions de parrainage. « En 2022, 39 jeunes ont bénéficié du programme avec 26 parrains et marraines mobilisés. Aidé d’un guide, ce programme favorise les rapprochements entre les jeunes en recherche d’emploi et les représentants de tous secteurs d’activités, occupant tous types de fonctions. Une personne sur deux accède à une formation à l’issue du parrainage », indique Laurence Stoupy, directrice de la Mission Locale de Charleville-Mézières. Le CNPE de Chooz, la Fonderie Rollinger, ainsi que l’entreprise Urano, sont venus témoigner de l’importance de ces parrainages :
« Un rôle de coach qui permet d’intégrer et d’entrer dans l’emploi », pour Patrice Paquot. « Avoir des coups de pouce c’est important dans la vie, de reconnaître que l’on a pu en bénéficier et de les renvoyer à son tour », confie Jérôme Théret, dirigeant de la fonderie Rollinger.
« On est à 150 000 jeunes ayant bénéficié de mentors au niveau national », relève le haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement, Thibaut Guilluy. « Peu importe le territoire, il faut qu’un jeune qui est en difficulté d’insertion professionnelle puisse compter sur une personne du monde de l’entreprise, sur le mentorat. » Et avec les actions mises en place dans les Ardennes, Nancy Turquin, présidente de la CPME des Ardennes et présidente de la Commission emploi de la CCI, formait le vœu que le Département puisse être « pilote » pour ces initiatives de soutien et retour à l’emploi.