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Les défaillances d’entreprises en hausse de 51% dans le Grand Est

Conjoncture. Selon l’INSEE, la Banque de France et le cabinet Altares, les tendances de la démographie des entreprises sont bouleversées dans le Grand Est, avec des défaillances d’entreprises en hausse de 51,2% et des créations en recul de près de 1%. La région enregistre 64 000 entreprises nouvelles contre 3 000 en défaillance.

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Greffe du tribunal de commerce
320 procédures collectives ont été ouvertes en 2022 dans le département de la Marne. (Crédit : BB)

Avec près de 3 000 cas, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 51% en 2022, un bilan un peu plus lourd que celui du niveau national (+ 49,9%). Pour autant, en 2019, période d’avant crise, le nombre des défaillances, règlements ou liquidations judiciaires, accusait une centaine de procédures de plus.

Sur une plus longue échelle temporelle, le Grand Est a connu 12 500 défaillances entre 2017 et 2019 et 7 500 entre 2020 et 2022. Les dispositifs d’aides publiques aux entreprises expliquent cette inflexion. Les 3 000 procédures de 2022 mettent en jeu plus de 9 000 emplois.

L’augmentation moyenne régionale de 51,2% va de +34,3% pour la Moselle à +84,3% pour les Vosges. Les progressions sur le territoire champardennais sont de +41,1% pour les Ardennes, +59,2% pour l’Aube, +70,5% pour la Marne et +80,0% pour la Haute-Marne.

Dans le Grand Est, les TPE, Très Petites Entreprises, concentrent l’essentiel des défaillances (93%). Ainsi, au bilan 2022, ce sont 2 777 entreprises de moins de dix salariés qui sont concernées, un segment de taille qui progresse sur ce sujet de 48%. La situation se dégrade rapidement pour les PME, avec une progression des jugements de 108% dans l’année dans le Grand Est.

4 064 créations dans la Marne

En 2022, la Marne a enregistré, 4 064 créations d’entreprises, soit un recul de 12% par rapport à l’année précédente. Une baisse qui n’est pas particulièrement significative d’une chute du dynamisme entrepreneurial marnais, tant l’année 2021 avait été exceptionnelle en matière de création.

« L’année 2021 avait été excellente au niveau de la création d’entreprises. Pendant les confinements, en 2020, les gens avaient profité du temps passé chez eux pour mûrir leurs projets, qui se sont concrétisés en 2021 », souligne Pierre Di Martino, Greffier du Tribunal de commerce de Châlons-en-Champagne.

Le TC de Châlons a ainsi enregistré 765 créations en 2022, contre 846 en 2021 et 616 lors de l’année de référence 2019. Parallèlement, la Marne a vu disparaître 2 479 entreprises, soit une hausse de 17,8% par rapport à l’année précédente, expliquée le plus souvent par des difficultés de gestion, des charges trop élevées ou une forme de rééquilibrage avec des entreprises en difficulté avant la crise du Covid mais que les aides avaient permis de garder à flot.

Les procédures collectives sont elles aussi en hausse dans la Marne. 320 ont été ouvertes en 2022 dans le département, soit une hausse de +83,9% en un an.


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« La fin d’année 2022 a été particulièrement compliquée au niveau des dépôts de bilan. Cela s’explique notamment par la fin des aides et le début des remboursements des PGE », explique Pierre Di Martino.

Une tendance qui se poursuivra en 2023 avec la poursuite des recouvrements et des assignations engagés par les organismes sociaux et fiscaux.

Une année délicate donc mais qui ne devrait pas pour autant donner lieu au fameux « mur des dépôts de bilan » redouté depuis la fin de la crise du Covid. « Entre le 1er janvier 2023 et mi-avril, 29 ouvertures de procédures collectives ont été enregistrées, contre 26 l’année dernière sur la même période ».

Le défi de l’anticipation

Pour les dirigeants, l’heure est plus que jamais à la vigilance au niveau des signaux faibles et des premiers signes de fragilité. « L’une des premières choses à faire est de saisir la cellule de prévention du tribunal de commerce qui pourra présenter les outils mis à disposition des entreprises. Il est aussi conseillé aux chefs d’entreprise de se rapprocher de leur expert-comptable qui saura les aiguiller. Les Tribunaux de commerce ont aussi mis en place un site dédié : mesaidespubliques.infogreffe.fr qui est une plateforme d’information qui propose aussi un outil d’autodiagnostic à destination des entreprises ».

Cellule de prévention, procédure de conciliation, mandat ad hoc, négociation des échelonnements de crédit… les solutions intermédiaires existent pour venir en aide aux entreprises. Avec un mot-clé partagé par tous les Tribunaux de commerce : l’anticipation.

La restauration secteur le plus touché

Par secteur d’activité, les progressions de défaillances vont de +15% pour l’agriculture et les services aux entreprises à +131% pour la restauration, en passant par les +98% du transport routier et de l’entreposage, les +71% de l’industrie, les +56% des services aux particuliers, les +49% du commerce ou les +40% de la construction, secteur qui couvre le quart des défaillances totales de la région.

L’évolution de ces défaillances est en moyenne de 49,9% en France, aux alentours de celles du Grand Est (+51,2%) qui place la région au rang des cinq régions les moins touchées, comparativement aux Hauts-de-France (+78%), à la Corse (+70%), à la Normandie ou à l’Occitanie (+67%). Les deux régions les moins touchées par cette progression sont la Provence-Alpes-Côte d’Azur (+39%) et l’Ile-de-France (+40%).

Les créations d’entreprises en recul dans le Grand Est

Les créations d’entreprises dans le Grand Est (64 000) sont en recul de 0,9% en 2022, contrairement à la tendance nationale (+2,0%). Quatre des 13 régions métropolitaines, Bourgogne-Franche-Comté, Hauts-de-France, Normandie et Occitanie sont dans ce cas. à l’opposé, les régions Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes enregistrent des progressions entre 2 et 4%.

Considérant les départements du Grand Est, trois d’entre eux ont connu une augmentation de leurs créations d’entreprises : les Ardennes (+7,6%), la Meuse (+2,7%) et la Moselle (+0,6%). Les départements de la Meurthe-et-Moselle (-3,0%) sont les plus touchés par le recul des créations. Par grands secteurs d’activité, seul celui du commerce (-8,4%) accuse un repli. La construction progresse de 0,4% et les services de 1,0%. L’industrie (+8,2%) connaît un essor remarquable des créations.