Les acteurs du bâtiment alertent sur leur « pouvoir de vente »
Bâtiment. La FFB de la Marne a présenté un cahier de 85 propositions aux candidats aux législatives pour porter les demandes des entreprises du secteur du bâtiment.
Après la crise du Covid et ses problèmes d’approvisionnements, la guerre en Ukraine met elle aussi les entreprises du bâtiment à l’épreuve depuis plusieurs mois. Elles doivent apprendre à composer avec des prix de matériaux et des disponibilités aléatoires, une situation rendant leur activité difficile à exercer, notamment avec le matériel électrique, les cartes électroniques, les tuiles, la brique, le carrelage… Pour d’autres matériaux tels que l’acier, l’aluminium ou les produits isolants (polystyrène, polyuréthane, laine de verre…) ce sont surtout les augmentations de prix qui posent problème. « Après +15% en janvier et +15% en mars, on a enregistré +15% en juin », précise Philippe Gayet, président de la Fédération Française du Bâtiment de la Marne. « Les travaux que nous réalisons aujourd’hui sont ceux que nous avons chiffré il y a un an voire deux ».
Pour tenter de ne pas être pris au dépourvu, la tendance est donc au surstock pour espérer obtenir des matériaux à des prix les plus proches possible des montants auxquels ils avaient été chiffrés. Pris en étau entre leurs fournisseurs qui augmentent les prix et leurs clients qui souhaitent ne pas les voir augmenter, les professionnels sont désormais sollicités par les politiques qui leur demandent de contribuer à l’amélioration du pouvoir d’achat des salariés. Une équation impossible à résoudre en l’état actuel de la conjoncture. « Avant de parler de pouvoir d’achat, parlons déjà de notre pouvoir de vente : il faut que nos entreprises puissent vendre et au juste prix. Et pour cela il faut aussi qu’elles disposent des matériaux, en temps et en heure ».
Indexer les prix
Pour le président de la FFB Marne, réviser les prix des marchés et revaloriser les prix des chantiers pourrait en effet permettre de pouvoir répercuter aux salariés. Il a demandé pour cela au Préfet de la Marne de pouvoir réactiver la cellule de crise du BTP, qui permet à quelques exceptions près de faire respecter des indexations de prix aux acteurs du marché, y compris au niveau des banques, qui doivent être sensibilisées à cette problématique. « Nous souhaitons, pour faire avancer les choses, que tous les prix prennent l’habitude d’être révisés, que les contrats en Vefa (vente en état futur d’achèvement), par exemple, puissent intégrer les index. Si chaque maillon de la chaîne prend une part de solidarité, l’impact sera moins fort ».
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L’inquiétude de Philippe Gayet c’est de voir les chiffrages de marchés gonfler, au risque de voir les clients et les maîtres d’ouvrage ralentir les commandes, voire stopper celles-ci. « Si la machin se grippe, le marché va rétrécir et on va se retrouver avec une crise du bâtiment », prévient-il. Au niveau national, la FFB a établi un cahier de 85 propositions à destination des candidats aux élections législatives, pour interpeller les députés sortants et les futurs élus chargés de rédiger et de voter les lois pour les cinq prochaines années.
« Nous sommes un secteur d’activité qui supporte assez mal l’absence de visibilité et le changement de règle du jeu. Le travail de la fédération est de simplifier et de stabiliser les règles », précise le président marnais. « En 2017, nous avions fait 112 propositions dont 65 ont été mises en place ». Un succès qui explique pourquoi la FFB remet le couvert cinq ans plus tard, espérant obtenir le même pourcentage de réussite, pour des mesures qui « bien souvent ne sont que du bon sens ». Accession à la propriété, apprentissage, formation, stabilisation des règles fiscales, législation du travail, rénovation énergétique… les sujets ne manquent pas pour aborder le quinquennat avec la nouvelle assemblée, quelle qu’en soit sa couleur, dès le 20 juin prochain.