Le Syvalom investit 19 M€ dans une refonte totale du site de la Veuve
Énergie. Le tri des déchets évolue depuis le 1er janvier 2023. En conséquence, le centre de tri des collectes sélectives de La Veuve va effectuer d’importantes transformations sur son site, d’autant qu’il vient de signer une « entente de tri » avec le SDED 52 et le SMET 55.
« Tout le monde devrait un jour visiter un centre de tri des déchets », ne peut-on s’empêcher de penser lorsque l’on pénètre à l’intérieur du site du Syndicat de valorisation des déchets de la Marne (Syvalom) qui comprend, outre son centre de tri, une unité de valorisation énergétique par incinération et production d’électricité ainsi qu’une unité de valorisation agronomique par compostage. Ici, chaque jour, sont valorisés entre 40 et 50 tonnes de déchets, soit 200 à 350 tonnes hebdomadaires.
Papiers, plastiques, cartons s’amoncellent dans les unités de stockage et sur les tapis de tri auxquels s’affairent une trentaine de salariés, cinq jours sur sept. Si le rythme était déjà soutenu, il va encore s’intensifier ces prochains mois.
En effet, depuis le 1er janvier 2023, le tri des déchets a évolué et s’est simplifié, dans la mesure où tous les emballages plastiques et cartonnés, même souillés, peuvent être jetés dans le bac jaune. Pots, barquettes, canettes, boîtes de conserves, bouteilles et films en plastiques correspondent, pour le centre de tri, à une augmentation du volume de déchets de 30 à 50%.
À cette nouvelle réglementation vient s’ajouter la mutualisation du Centre de tri avec le Syndicat départemental d’énergie et des déchets de la Haute-Marne (SDED 52) et le Syndicat mixte en charge des études et du traitement des déchets ménagers et assimilés de la Meuse (SMET 55). De la prise en charge des déchets de 350 000 habitants de la Marne de 11 entités de collecte adhérentes, la mutualisation regroupera ainsi 630 000 habitants marnais, ce qui représentera l’acheminement de quatre camions en plus par jour.
« La Veuve-Verdun, c’est une heure de trajet. Pour les recyclables, il faut raisonner en termes de région, d’autant que les déchets enfouissables seront terminés en 2025 », indique Dominique Moussa, président du SMET 55. « Mutualiser les coûts et maîtriser notre avenir étaient nos objectifs. Notre dialogue a porté ses fruits puisque nous effectuerons une gouvernance partagée », relève Julien Valentin, président du Syvalom.
Marché attribué pour 7 ans à Suez
Mais pour absorber ce surplus de déchets, le Syvalom a dû mettre en œuvre une nouvelle stratégie en lançant, il y a un an, un marché public global de performance regroupant la conception ainsi que l’exploitation de son outil industriel. Ce marché a été attribué pour 7 ans à l’entreprise Suez, qui se chargera de la conception, la réalisation des travaux, l’exploitation technique ainsi que de la maintenance.
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« Nous souhaitons atteindre un taux de captage des matières valorisables de 95% sur les 100% qui arrivent sur le site », insiste Nicolas Portron, Directeur délégué des collectivités chez Suez. Pour cela, d’importants travaux vont être réalisés, à hauteur de 19,6 millions d’euros, dont 1,1 million porté par l’Ademe et 850 000 euros par Citeo (entreprise privée, à but non lucratif, spécialisée dans le recyclage des emballages ménagers et des papiers graphiques).
Le reste sera porté par les collectivités adhérentes, ce qui, selon les estimations, devrait coûter au citoyen, via les différentes taxes et redevances d’ordures ménagères, un coût supplémentaire de l’ordre de 3 euros par habitant par an.
Objectif 28 000 tonnes de déchets traités par an
Pour arriver à tenir ses objectifs de capacités d’accueil de 28 000 tonnes par an et d’optimisation des flux, Suez compte mettre en place six nouveaux appareils de tri optique fonctionnant par capteurs de dernière génération en plus des cinq déjà existants. Un deuxième pont à bascule sera également installé à l’entrée pour faciliter les allers et venues des camions.
« Ce tri positif permettra d’avoir de la matière valorisée. Nous avons repensé tout le parcours de l’entrée à la sortie des flux. L’enveloppe reste mais le site sera complètement réaménagé », promet Nicolas Portron. Ainsi, des 570 m2 de process la surface passera à 1 400 m2 avec une nouvelle circulation. « La réflexion a été de travailler à l’échelle du territoire sur la mutualisation des outils de traitement », souligne pour sa part Antoine Chiron, de l’Ademe Grand Est. Cinq nouvelles personnes seront embauchées par l’association de gestion de l’insertion de la communauté d’agglomération de Châlons-en-Champagne (AGICAC), organisme déjà partenaire.
« Le tri sélectif existe depuis 1992. En 2021, en France, nous avons recyclé 72% des emballages, en hausse de trois points par rapport à 2020 », fait savoir Catherine Metille, Responsable territoriale Bourgogne Franche Comté et Grand Est chez Citeo.
« Un taux jamais atteint, grâce notamment à la R&D et aux nouveaux systèmes de tri, la collecte, mais aussi l’engagement de tous les acteurs, car sans geste de tri de l’habitant, rien ne se passe. » Le centre de tri du Syvalom va donc monter encore en puissance. Une nécessité encore plus prégnante dans la mesure où, depuis l’année dernière et l’incendie ayant frappé la collecte collective de Valodéa, syndicat mixte de traitement des déchets ardennais, 200 tonnes des 350 tonnes de déchets hebdomadaires ardennais sont temporairement traitées dans la Marne.
Ce site de tri, inauguré en 2014 pour 14 millions d’euros va en effet devoir être totalement reconstruit, cette fois à l’aune des nouvelles réglementations et ce, pour un montant de 21 millions d’euros.
La phase de modernisation du site du Syvalom durera sept mois, de juillet 2023 à février 2024, période durant laquelle les collectes sélectives seront acheminées vers le centre de tri de Limeil-Brévannes dans le Val-de-Marne (94). Et si le site sera en capacité de traiter
28 000 tonnes de déchets par an, il sera dimensionné pour en accueillir 30 000.