Le pôle européen du chanvre va pousser dans l’Aube
Agro-industrie. La structure est officiellement lancée afin de favoriser le développement d’un écosystème autour de cette culture et de ses applications.
Après plusieurs années de préparation, le coup d’envoi officiel du « pôle européen du chanvre » vient d’être donné à Troyes. L’idée portée à l’origine par le Collectif Construction Chanvre Grand Est, La Chanvrière de l’Aube et Troyes Champagne Métropole (TCM) va prendre corps avec la constitution d’une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif).
Cette structure va permettre de regrouper les acteurs publics et privés mobilisés autour du développement de la bioéconomie du chanvre dans l’Aube et la région. Depuis le lancement de l’idée en 2018, d’autres partenaires ont rejoint le mouvement comme l’Europe, la Région Grand Est ou encore les départements de l’Aube et de la Haute-Marne.
Beaucoup d’entreprises, notamment industrielles, se sont aussi mobilisées au même titre que les chercheurs pour favoriser les innovations techniques et les nouveaux usages. Au total, plus de 350 acteurs se sont impliqués déjà. La journée de lancement organisée au centre de Congrès de Troyes a permis d’en témoigner, avec la participation d’intervenants venus de toute la France mais aussi de Turquie, des États-Unis, de Belgique ou encore de République Tchèque.
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Les témoignages au cours des tables rondes ont permis de constater l’intérêt croissant pour des applications industrielles du chanvre. Une culture dont la France est le leader européen et qui se concentre surtout dans l’Aube et les départements limitrophes. Dans sa nouvelle usine de Saint-Lyé, La Chanvrière de l’Aube a collecté et transformé 11 000 hectares de chanvre en 2022. Une production en hausse constante d’autant que les usages et les investissements industriels se multiplient.
« Nous avons investi un bâtiment de 10 000 m² à Montieramey, dans l’Aube, pour développer des murs préfabriqués en ossature bois et béton de chanvre pour la construction », rappelle Didier Glais, président de Cibbios. Grâce à ses qualités isolantes, le chanvre est un matériau biosourcé de grande qualité. « Malgré cela la prescription est longue car il faut changer des habitudes », remarque-t-il aussi. La pédagogie autour de ces nouveaux matériaux fera justement partie des actions du pôle européen, en plus de la recherche et développement ou encore la promotion.
Un parc de la bioéconomie
« Nous avons aussi un rôle à jouer dans nos collectivités en permettant des applications chanvre dans nos constructions qui seront autant de démonstrateurs », promet Bertrand Chevalier, vice-président de TCM.
Dans la plasturgie, l’alimentation, la cosmétique, la santé, le chanvre est aussi désormais de plus en plus utilisé. Désormais, la filière textile aussi s’y met de plus en plus. « Nous utilisons de plus en plus de chanvre dans la fabrication de nos jeans », confirme Zennure Danisman, représentante d’Orta, un important fabricant basé en Turquie. Les industriels sont à la recherche de matières plus écologiques que le coton dont le bilan est très mauvais avec 2 000 litres d’eau par kg de fibre et beaucoup d’engrais et d’herbicide. Tout le contraire du chanvre qui ne nécessite ni eau, ni produits chimiques et qui améliore même les sols.
Tout le monde s’y met à présent, comme Décathlon qui incorpore désormais du chanvre en quantité toujours plus importante dans les chaussettes vendues. C’est bien parti pour la filière chanvre. « Nous avons ouvert un parc de la bioéconomie à Saint-Lyé, sur 40 à 60 hectares, prêt a accueillir de nouvelles activités autour de La Chanvrière de l’Aube », indique Bertrand Chevalier. « C’est une filière très prometteuse dont l’aventure commence à peine autour de deux enjeux majeurs, devenir la référence européenne et contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique », conclut Cécile Dindar, préfète de l’Aube.