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Le nouvel établissement CCI Marne Ardennes verra le jour en janvier 2024

Développement économique. La création d’un nouvel établissement, fruit du rapprochement entre la CCI Marne en Champagne et la CCI des Ardennes vient officiellement de voir le jour.

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Photo de François Gomariz et Aubin Jeanteur
François Gomariz, président de la CCI de la Marne et Aubin Jeanteur de celle des Ardennes. (Crédit : ND)

« Nos prédécesseurs le souhaitaient, nous l’avons fait », tranche d’emblée François Gomariz, président de la CCI Marne en Champagne en préambule de l’annonce officielle de la création d’un nouvel établissement, regroupant les CCI de la Marne et celle des Ardennes.

Pas de fausse modestie pour celui qui est aussi à la tête de Lustral, florissante entreprise aux 11 agences et plus de 3 000 salariés dont 92% en CDI et plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires.

Ce détail compte, car le nouvel établissement est bel et bien pensé « comme une entreprise, qui doit investir et gagner de l’argent. On gère les CCI comme des entrepreneurs, on vise la profitabilité et surtout, l’autonomie », insiste François Gomariz.

Certes, la CCI Marne Ardennes – de sa nouvelle et logique dénomination – est fondée sur « un projet ambitieux, au service du territoire, de ses habitants et de son écosystème ».

Un projet pensé par 10 élus de la CCI, à parts égales entre les deux départements. Mais pour le mener à bien et emmener ses 90 élus (60 dans la Marne et 30 dans les Ardennes), elle a besoin non seulement de ressources fiscales mais aussi de compléments financiers.

20 millions d’euros de budget

Or, comme l’explique le Directeur général, Philippe Wittwer, « en termes de budget, il faut intégrer diverses notions. » Les recettes fiscales tout d’abord, qui permettent « de couvrir le service public dans le cadre des missions obligatoires, aujourd’hui encadrées par un contrat d’objectif et de performance avec l’État (1,6 M€ pour la Marne et 1,4M€ pour les Ardennes). Ces dernières sont à la baisse, elles ont été divisées par trois en une dizaine d’années et vont encore continuer de baisser. »

Ces ressources fiscales sont « une partie infime des revenus et lorsque l’on sait qu’il y a un coup de rabot de l’ordre de 100 millions d’euros au niveau des CCI France l’année prochaine, il faut faire de nouveaux efforts et viser l’autonomie. »

Le complément des ressources ensuite, que ce soit, les activités aussi bien à l’intérieur de l’établissement public qu’à travers ses filiales.

« Concernant l’établissement public, il y a schématiquement 3 millions d’euros de ressources fiscales (en prenant en compte la baisse de 20%) et le reste, 17 millions d’euros de budget, basé sur les activités commerciales qui vont permettre d’être au plus proche des clients que sont les entrepreneurs. Soit donc un total de 20 millions d’euros de budget. »

En dehors de l’établissement public, la CCI opère via ses filiales dans différents métiers (aménagement, immobilier d’entreprise, formation) et en consolidant ces chiffres, « en y intégrant des paquebots comme Neoma et les activités d’aménagement, en réalité, elle est sur des chiffres d’affaires qui dépassent la centaine de millions d’euros. Les filiales génèrent aussi des revenus pour l’établissement public, qui en est l’actionnaire. »

Et si l’on devait comparer la CCI à une entreprise, selon les mots du PDG de Lustral, « la CCI serait une holding active qui possède des filiales dans différents types d’activités qu’elle anime et dont elle conserve les fruits. »

Et si l’objectif commun est de faire rentrer des recettes, les moyens pour y arriver ne sont pas historiquement les mêmes dans la Marne que dans les Ardennes.

« Dans la Marne, nous avons traditionnellement une histoire d’aménageur, c’est à dire que nous vendons des terrains, nous louons des surfaces, nous accompagnons les entreprises dans leur projet immobilier, en portant le bâtiment si elles n’ont pas les ressources nécessaires pour le faire », confie le président de la CCI Marne en Champagne.

Exemples dans le département avec les zones d’activités de Witry-Caurel, Cernay, La Veuve ou Saint Gibrien à Châlons-en Champagne. Dans les Ardennes, on est plus sur de la gestion d’infrastructures comme le port de Givet.

« Nous avons la volonté d’être un acteur qui sert le territoire », veut rappeler Aubin Jeanteur, Président de la CCI des Ardennes et à la tête des magasins éponymes, précisant que dans les Ardennes, la stratégie a été de se dessaisir de zones (comme celle de Tournes-Cliron) pour réutiliser l’argent au service de nouveaux projets comme le portage de plus de 150 usines relais.

« L’idée est de dire que nous n’avons pas une optique de rentabilité mais plutôt une volonté d’équilibre économique. Quand on accompagne une entreprise, que l’on construit un bâtiment en blanc et que l’on déduit les loyers du prix final, c’est se dire que sans nous, l’entreprise n’aurait pas pu s’implanter. Les 150 usines relais c’est exactement cette philosophie. »


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Et s’il y a eu des stratégies différentes des CCI (vente des actifs pour les Ardennes et stratégie « offensive » dans la Marne), aujourd’hui c’est d’une même voix que le nouvel établissement compte agir.

« Aujourd’hui, nous avons intérêt à investir, et de façon massive, sur du foncier et l’immobilier », juge François Gomariz.

« Car pour faire de la croissance sur le territoire, il faut d’abord conserver nos parts de marchés et celles-ci sont apportées par nos entrepreneurs. Il faut donc non seulement leur donner les moyens de rester sur le territoire mais aussi en attirer d’autres », se projette le chef d’entreprise en développant une vision globale.

« Au niveau de la CCI Grand Est, au niveau des Ardennes, on pèse 4,5%, pour ainsi dire pas grand chose, sans poste stratégique », souligne Aubin Jeanteur.

« Demain, on va peser pratiquement 16,5%. On devient, avec la Moselle, le 2e grand acteur du Grand Est. »

À noter que les deux sites, Reims et Charleville seront conservés ainsi que l’intégralité des effectifs (41 pour la Marne et 22 pour les Ardennes).

« Nous ne sommes pas sur une stratégie de repli », insiste Philippe
Wittwer.

L’aménagement mais aussi la formation

La CCI réalise tout d’abord des prestations de formation. « Les 5 jours pour entreprendre sont des formations que nous réalisons de manière quasi hebdomadaire en accueillant une dizaine de stagiaires à chaque fois. Cela ne génère pas de gros volumes de facturation mais, mis bout à bout, cela apporte aussi du chiffre d’affaires, de l’ordre de 700 000 euros », indique Philippe Wittwer.

« Parlons aussi d’In&ma qui est aujourd’hui autonome et rentable mais surtout qui ouvre aussi de nouveaux campus dans les Ardennes et à Rouen. » Au sein de la CCI, il y a aussi les CFA « Almea est le premier CFA du grand Est avec 5 000 apprenants au sein d’une gouvernance, Chambre des Métiers et CCI », précise Aubin Jeanteur.

Ces atouts sont ainsi mis au service d’un territoire élargi. « La frontière administrative n’existe pas en réalité », estime le président de la CCI des Ardennes.

« Une entreprise sur deux a ses services déployés dans les deux départements », indique-t-il pour appuyer sa démonstration, insistant aussi sur le fait que les flux sont quasi identiques d’un sens à l’autre des deux départements.

« Il y a une interdépendance économique qui a été mesurée par l’Agence de l’urbanisme. »

Politique

C’est en novembre 2021, avec une liste unique pour laquelle les représentants du Medef et de la CPME s’étaient mis d’accord, que les actuelles assemblées de la Marne et des Ardennes avaient été élues.

La question sur (presque) toutes les lèvres est alors, à quelques mois de la nouvelle installation (avec un calendrier la prévoyant pour la fin de l’année 2023) de savoir qui sera la tête de liste pour prendre la présidence du nouvel établissement.

Des réponses – très politiques – des principaux concernés : Pour Philippe Wittwer : « Nous sommes unis pour quelque chose. Le projet est partagé. » Aubin Jeanteur déclare quant à lui :

« La question de savoir qui sera le président de qui ou de quoi sera traitée le jour de l’élection. On est des entrepreneurs au service des entreprises. Nous ne sommes pas dans une posture individuelle. » François Gomariz insiste : « L’ensemble des élus ce sont présentés pour un mandat de 5 ans. Au bout d’un an et demi, on a un engagement avec eux, ils ont œuvré à ce rapprochement, on ne peux pas leur dire : ‘‘c’est terminé’’. On va représenter la même liste pour assurer la continuité. Le nouvel établissement a été construit avec les élus actuels, il faut donc que ce soit eux qui poursuivent cette construction, car on est loin d’avoir terminé. On a écrit ce qu’il fallait faire, maintenant il faut le faire. »

Et concernant la présidence : « Il n’y aura pas de bagarre, ce sera fait de façon très sereine. Ce n’est pas un sujet. » Rendez-vous fin décembre 2023…