La Fondation du Patrimoine milite pour un patrimoine vivant
Mécénat. Le futur du mécénat en faveur de la sauvegarde du patrimoine n’échappe pas aux doutes de l’économie. Le Délégation Champagne-Ardenne de la Fondation du Patrimoine se contenterait bien d’une année 2023 à hauteur des bons résultats de 2022.
Les habitants d’une commune de 60 habitants qui récoltent 540 dons pour sauver Saint Gorgon, l’église du village, construction du XIXe siècle de style néogothique, abîmée par un incendie en 1930, les bombardements de la Seconde guerre mondiale et l’effondrement de sa flèche en 1990. C’est l’histoire de la réussite à la sensibilisation du publique à la sauvegarde du patrimoine, portée par une association rurale et qui vient de remporter le premier national du mécénat populaire 2022, avec un chèque de 6 000 euros qui vient épauler 60 000 euros d’aides diverses, mécénat et dons divers, à des travaux estimés à 170 000 euros.
11 M€ récoltés dans les dix dernières années
Un exemple parmi d’autres sauvegardes exposées lors du bilan 2022 de la Délégation Champagne-Ardenne de la Fondation du Patrimoine : « Pour les dons, précise le Président Pierre Possémé, ça va mieux avec 15% d’augmentation des dons en valeur, malgré les difficultés de certaines entreprises contraintes à réduire, voire à annuler, leur mécénat pour le patrimoine local. On passe ainsi de 850 000 euros l’année dernière à 1 000 000 euros cette année, bénéficiant à 80 projets ». La Délégation régionale de la Fondation fête ses 25 ans et révèle son bilan sur dix ans : 900 projets aboutis pour 11 M€ de dons qui déclenchent 150 M€ de travaux exécutés, avec quasiment 5 000 emplois préservés, dont des savoir-faire exceptionnels.
La fondation apporte en moyenne 10% du coût du projet. C’est souvent le bouclage manquant aux communes, après les subventions obtenues. Dans son budget annuel, la Délégation régionale évoque une recette entre 250 et 300 000 euros versés par l’Etat à partir du Fonds de déshérence, fonds issu de la déshérence de certains comptes bancaires et contrat d’assurance, du fait de l’absence d’héritiers identifiés (un montant national estimé à plus de 6 Md€) et alimentant pour partie la Fondation du Patrimoine et la Mission du Patrimoine.
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En évoquant la restauration du chevalet de Rimogne, Pierre Possémé est revenu sur une nécessité prioritaire : « Sauver le patrimoine, certes, mais le faire vivre c’est encore mieux ». Fermé depuis 1971, l’ardoisière désaffectée de Rimogne ne montre plus qu’un chevalet voué aux intempéries. La commune ardennaise et la Fondation ont décidé d’entreprendre une restauration complète de ce témoignage d’une forte activité d’alors. Ce sont 230 000 euros de dons qui viennent concourir au montant des travaux d’un coût de 440 000 euros. La plateforme du premier étage sera transformée en point de vue et permettra à l’édifice de conforter l’offre du circuit des ardoisières et du Musée de l’Ardoise. Derrière ce nouveau site touristique, le Président Possémé imagine même une reprise d’activité de l’extraction de l’ardoise. La sauvegarde du patrimoine devenant alors un pôle attractif et évidement économique. Et comme l’enthousiasme est contagieux, le Maire de Rimogne intègre la brigade des bénévoles de la Fondation.
Au fil des projets et des réalisations
Avec cette volonté de la Délégation régionale d’œuvrer sur les quatre départements champardennais, on peut citer les Ecuries du Gouverneur et le bastion du Roy de Rocroi devraient bénéficier de 0,4 M€ pour des travaux de 1,7 M€. Les grilles du Château de Dampierre, dans l’Aube, nécessitent 80 000 € de restauration. Les travaux pour Notre Dame des Trévois, toujours dans l’Aube, sont estimés entre 0,5 et 1 M€. Autre chantier de sauvegarde du patrimoine, les verrières Lalique de l’église Saint-Nicaise de Reims, avec un coût global de 1,6 M€, couvert pour moitié par l’Etat et pour moitié par des dons, le foudre de Chigny-les-Roses, avec une intervention du Club des Mécènes de la Marne, Notre-Dame de la Nativité à Fayl-Billot, une chantier à 1,3 M€, ou les jardins du château de Donjeux, en Haute-Marne, sans oublier la deuxième phase des travaux sur la Porte de Mars de Reims, un chantier évalué à 1,8 M€ et pour lequel la Fondation était intervenu sur la première phase à hauteur de 100 000 euros. En résumé, un bon bilan 2022, mais pour l’avenir, selon Pierre Possémé : « Une certaine inquiétude, avec le souhait de maintenir au moins le niveau de 2022. À nous, fondation, de faire un maximum de prospection, y compris en développant le porte-à-porte ».