Le mécénat d’entreprise bien inséré dans les territoires

Résumer le mécénat d’entreprise à une niche fiscale serait plus que réducteur. Bien au contraire, « le mécénat est un rouage essentiel pour la dynamisation des écosystèmes locaux », estime Vanina Paoli-Gagin, sénatrice de l’Aube, en conclusion d’une conférence nationale organisée à l’Université de Technologie de Troyes. Pour la première fois, les fédérations nationales représentatives du mécénat en France - Centre français des fonds et fondations, Admical et l’Association française des fondations - s’étaient réunies pour promouvoir la pratique du mécénat comme un outil de développement territorial. Premier constat, 91 % des Français ont une image positive des fondations et des fonds de dotation. Elles investissent chaque année 14 milliards d’euros au service de l’intérêt général, en particulier dans les domaines de la santé, la lutte contre la pauvreté et le médico-social.

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Leur place est croissante puisque les deux tiers des fondations françaises ont moins de 20 ans. « Malgré la crise sanitaire, le mécénat d’entreprise en France est en hausse », constate Yann Queinnec, délégué général d’Admical. Selon le dernier baromètre 2022 du mécénat d’entreprise publié par Admical, cela représente 3,6 milliards d’euros versés par 107 000 entreprises, dont 96 % de TPE ou PME. « Presque une entreprise sur dix est mécène », précise-t-il en détaillant les trois motivations des dirigeants : l’ancrage territorial, la mobilisation des collaborateurs et l’alignement avec les activités de l’entreprise.

Un engagement de proximité

Le Grand Est compte 8 318 entreprises mécènes pour 77,5 millions de dons déclarés, soit 9 321 euros en moyenne. Un mécénat de proximité en forte croissance aussi puisque entre 2010 et 2020, toujours dans le Grand Est, le nombre d’entreprises mécènes et le montant des dons ont triplé. Des chefs d’entreprise ont témoigné de leur engagement dans le territoire à travers le mécénat. « Notre mécénat envers la fondation de l’UTT nous permet de créer du relationnel avec les étudiants et les chercheurs », fait remarquer Olivier Thénaisy, dirigeant de l’entreprise Othélys. « Les fonds permettent d’aider les étudiants, de soutenir leurs projets de création d’entreprise, de renforcer les liens avec l’écosystème », rappelle Philippe Adnot qui préside la fondation de l’UTT.

Lorsqu’il était sénateur de l’Aube, il avait porté un amendement pour permettre la création de fondations universitaires patrimoniales. Dans les territoires, la proximité reste le premier facteur de l’engagement dans le mécénat, quel que soit le terrain choisi par l’entreprise. Y compris dans le sport, où pourtant la différence entre sponsoring et mécénat peut prêter à confusion. À la différence du premier, le mécénat sous la forme de dons financiers ou en compétences doit se faire dans l’intérêt général et doit être désintéressé. Les objectifs sont donc sociétaux et s’inscrivent bien dans l’évolution actuelle du monde du travail. « Nous entrons dans une économie du sens et de la valeur où le mécénat d’entreprise prend toute sa place », conclut Vanina Paoli-Gagin.