La bioraffinerie du sainfoin s’installe dans l’Aube
Agro-industrie. Le premier démonstrateur industriel sera opérationnel en 2024 pour permettre le développement d’une nouvelle filière.
Après le chanvre, le sainfoin pourrait bien être le second fleuron agroécologique de l’Aube. La mise en place d’un démonstrateur industriel à Viâpres-le-Grand est une étape décisive pour une filière jeune mais déjà bien enracinée.
Cette légumineuse aux multiples vertus permet déjà de décliner une gamme de produits grâce au travail d’une coopérative auboise, Sainfolia, qui a décidé de relancer la culture de cette légumineuse aux mille vertus. Aujourd’hui 80 adhérents répartis dans l’Aube, le sud de la Marne, la Côte d’Or et la Haute-Marne cultivent 800 hectares de sainfoin. « Il y a un réel potentiel agro-industriel d’autant que la filière a adopté dès le départ une démarche scientifique en s’appuyant sur des travaux de recherche », fait remarquer Philippe Charmont qui accompagne le dossier au titre de Business Sud Champagne, l’agence de développement économique de l’Aube et la Haute-Marne.
Multiples développements
Pour faire fonctionner le démonstrateur industriel, c’est la technologie mise au point par une start-up de Nancy, Biolie, qui sera utilisée. « Notre technologie est basée sur l’extraction enzymatique d’ingrédients naturels d’origine végétale, en utilisant des enzymes non OGM et de qualité alimentaire », précise Nicolas Attenot, fondateur de Biolie. En bref, les enzymes permettent d’extraire des molécules sans utiliser de produits chimiques ni solvants et d’aller plus loin dans l’extraction.
« L’idée est de développer une bioraffinerie du sainfoin grâce à cette technologie à valeur ajoutée », ajoute Pascale Gombault, présidente de Sainfolia. En fait, il y a déjà des débouchés commerciaux pour des produits élaborés à base de sainfoin, notamment en viticulture, alimentation animale et plus récemment en direction de la filière équine. Ce démonstrateur industriel, opérationnel début 2024 sur un site de deux hectares, permettra de valider les procédés en laboratoire et de développer de nouveaux produits à partir de la biomasse de cette culture. Un « champ des possibles » quasiment infini avec cette légumineuse qui ne nécessite pas d’intrants.
L’annonce de cet investissement d’un million d’euros s’est faite à l’occasion des Rencontres nationales du sainfoin qui se sont tenues pendant deux jours à Troyes. L’occasion de réunir la communauté scientifique pour faire le point sur les avancées et les travaux de recherche. S’il n’y a pas débat sur la valeur scientifique du sainfoin en termes de santé et d’alimentation notamment, le démonstrateur va permettre aux industriels de s’y intéresser de plus près.
Le futur démonstrateur pourrait donner lieu à un complexe agro-industriel, mais avec mesure. « L’idée est de transformer sur place en amenant la technologie sur les lieux de production », rappelle le patron de Biolie. En attendant, 2024 pourrait bien être l’année du sainfoin avec ce démonstrateur industriel et l’homologation européenne à venir d’une application destinée à la viticulture.