L’extension du site de valorisation de mâchefers annoncée pour 3,5 M€
Recyclage. Le site qui valorise 15 000 tonnes de graves de mâchefers par an va connaître une extension conséquente grâce à un investissement du Grand Reims de 3,5 millions d’euros a annoncé Arnaud Robinet. Mise en service prévue fin 2028.
C’est un modèle inédit. Celui du partenariat entre une collectivité et un Groupement d’Intérêt Économique (GIE), en l’occurrence, Yprema / Moroni, pour valoriser ce que l’on peut appeler « les déchets de déchets » (voir PAMB 8133). Pour rappel, le mâchefer est le résidu final de l’incinération des ordures ménagères. Depuis 2005, la collectivité et le GIE ont mis en place un processus de valorisation des graves de mâchefers issus de l’usine d’incinération des ordures ménagères de Reims. Objectif : transformer ces résidus en matériaux pour les sous-couches routières. La plateforme emploie deux salariés et bénéficie du statut ICPE (Installation Classée pour la Protection de l’Environnement). « C’est un point essentiel. Nous sommes soumis à une réglementation stricte, à une enquête publique et à un arrêté préfectoral d’autorisation. C’est un gage de sérieux et de transparence », souligne Claude Prigent, président du GIE, exploitant du site et président d’Yprema. En 2014, le site obtient la double certification ISO 9001 et ISO 14001, qui atteste à la fois « de la qualité du traitement des matériaux et du respect des normes environnementales (gestion de l’eau, limitation des poussières et du bruit) ».
De déchet à matériau
1 000 kg d’ordures ménagères génèrent 250 kg de mâchefers. Ces résidus d’incinération sont séchés, triés, puis traités mécaniquement afin d’en extraire les métaux ferreux et non ferreux, eux aussi valorisés. Les mâchefers sont ensuite calibrés et contrôlés avant de devenir une grave recyclée appelée « Écograve », utilisée dans la construction routière.
« Pour obtenir un bon matériau, le brut ne doit pas contenir plus de 5 % d’imbrûlés. Cela garantit aussi la qualité de l’incinération », précise Claude Prigent. L’Écograve permet ainsi de remplacer une partie des granulats naturels, tout en offrant des performances techniques équivalentes pour un coût nettement inférieur. « Grâce à ce matériau, nous économisons 250 000 tonnes de matériaux naturels soit l’équivalent de 7 hectares », indique Hugues Moroni, responsable développement chez Heidelberg Materials. « La valorisation des mâchefers coûte deux à trois fois moins cher que leur mise en décharge. C’est une logique à la fois économique et écologique », affirme Claude Prigent. En vingt ans, le GIE a traité près de 300 000 tonnes de mâchefers bruts, dont 250 000 tonnes ont été transformées en matériaux commercialisables, soit un taux de valorisation de 84 %. De ces 300 000 tonnes, 10 000 tonnes de métaux ont été extraits (6 000 tonnes de métaux ferreux et 3 000 tonnes de non ferreux). « Ces métaux retournent dans les revenus du Grand Reims. »
Depuis, le Grand Reims, propriétaire de la matière brute, utilise systématiquement ces matériaux recyclés dans ses chantiers publics comme la friche Sernam (3 300 tonnes de matériaux recyclés), le pump track du parc Léo-Lagrange avec 1 800 tonnes d’Écograve ou encore les sous-couches d’enrobés du pont de Witry avec 1 300 tonnes. « Ce pont est un ouvrage d’art sous lequel passe des voies SNCF. Il a donc fallu rassurer l’entreprise sur l’utilisation de ce produit sur les 100 prochaines années », insiste Hugues Moroni. Avec une production annuelle d’environ 15 000 tonnes de matériaux valorisés dans un rayon de 15 km autour de Reims, le GIE Yprema-Moroni démontre la viabilité d’un modèle circulaire local. « Ce matériau est désormais utilisé dans nos chantiers publics, voiries, plateformes logistiques, aménagement urbain avec une traçabilité que l’on peut qualifier de rigoureuse et avec un encadrement technique et réglementaire exemplaire », indique Arnaud Robinet, Président du Grand Reims.
Extension du site pour 2028
C’est pourquoi, fort de ce succès, il a annoncé l’extension du site pour 2028. « Plus de 30 % des matériaux valorisés l’an dernier ont été utilisés directement par notre EPCI. Au vu de ces résultats, nous avons décidé d’aller encore plus loin avec une extension prévue du site pour répondre à la montée en puissance de la filière du recyclage. »
L’objectif de ce nouveau grand projet structurant est tout d’abord d’améliorer les performances du traitement avec une optimisation du tri, une meilleure récupération des métaux et une granulométrie plus fine. Ensuite, les travaux permettront d’augmenter la capacité de stockage pour assurer la maturation réglementaire, d’accueillir des mâchefers d’autres unités si besoin et de gagner en flexibilité logistique, afin de pouvoir absorber trois mois supplémentaires de production, soit environ 3 600 tonnes de grave. Des panneaux photovoltaïques seront aussi installés pour tendre vers l’autoconsommation du site voisin et centre de tri Trivalfer. « Ce projet d’un montant prévisionnel de 3,5 millions d’euros hors taxes va débuter par des études au premier semestre 2026. Les travaux seront engagés au premier semestre 2027 pour une mise en service complète fin 2028 », annonce Arnaud Robinet.