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L’aviation décarbonée en démonstration à Reims

Aviation. Edeis, gestionnaire de 16 aéroports régionaux, organise en partenariat avec la Fédération Française Aéronautique (FFA) le tour de ses aéroports de l’Est en avion 100% électrique du constructeur Pipistrel. La première étape s’est effectuée à l’aéroport de Reims Champagne, à Prunay.

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Photo du Velis
Le Velis se recharge comme une voiture électrique, avec une borne. Comptez une minute de charge pour une minute de vol. (Crédit : ND)

Un léger bruissement… Contrairement aux avions de sa catégorie, le Velis, engin 100% électrique de la société Pipistrel, constructeur d’avions privés basé en Slovaquie, est d’un quasi silence en déplacement et en vol.

Tout juste émet-il son plus gros bruit au moment de décoller. Tout premier avion 100% électrique certifié en Europe, il est utilisé depuis deux ans par les aéroports du groupe Edeis, essentiellement à destination de l’apprentissage.

En effet, d’une autonomie de 45 minutes de vol soit environ 200 km, à une vitesse d’environ 160 km/h, il s’avère être imbattable au niveau du rapport coût à la minute de vol.

« Une recharge pleine coûte 2,70 euros quand un litre de carburant a le même coût. Sachant que pour un avion biplace de ce type, il y a un réservoir de 150 litres… », explique Jacques Carriquiriberry, pilote démonstrateur de la Fédération française d’aviation, précisant aussitôt : « Pour le reste, il se pilote comme un avion classique, sauf que l’on entend le bruit du vent à l’intérieur au lieu de celui du moteur. »

L’aviation décarbonée en marche

Edeis, gestionnaire de l’aérodrome de Reims Champagne, au titre d’une délégation de service public (le Grand Reims est le propriétaire de la plateforme) entame ainsi un tour de ses aéroports avec le Velis, dans le but de démontrer que l’aviation décarbonée est en marche, chacune de ses étapes étant aussi accompagnée par un constructeur au prototype innovant.

« Notre slogan est d’être l’allié des territoires, en donnant de l’attractivité là où nous sommes implantés, et dans cet objectif, nous souhaitons valoriser la décarbonation de l’aérien autant que nous le pouvons, car c’est aujourd’hui une nécessité », indique Victoire Totah, directrice commerciale et marketing du groupe Edeis qui possède 60 Velis en Europe dont la moitié en France.


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« L’aviation électrique est désormais certifiée et n’est pas qu’une utopie à très long terme », insiste-t-elle, soulignant aussi qu’aujourd’hui, « les aéroports s’engagent pour s’inscrire dans cette démarche, loin des polémiques actuelles qui accablent l’aérien ».

Nombre de projets d’aviation verteuse se multiplient donc, à l’image de la société française, Blue Spirit Aero, venue présenter à l’occasion de la démonstration du Velis, le projet de son Dragon Fly, avion quadriplace électrique hydrogène, encore en développement.

Le Velis, lui, est alimenté par une borne électrique qui doit être installée par les aéroports ayant effectué un achat (220 000 euros) ou une location de cet avion. Aéroport de Paris en a ainsi installé trois, avec la collaboration de TotalÉnergies sur son site. En attendant, les avions sont livrés avec une borne de recharge.

Armand Lecorché, président de l’aéroclub de champagne se dit, pour sa part, intéressé par la location d’un tel modèle (engagement de trois ans à raison de 24 heures par mois de vol pour un loyer de 3 000 euros) pour la formation des pilotes privés.

« L’aspect économique serait très intéressant car cela permet de garder des offres attractives et aussi, de commencer à travailler avec des machines écologiquement intéressantes. De plus, au niveau sonore, par rapport à un bimoteur d’école, on ne le remarque pas. »

En effet, le Velis dégage à peine 60 décibels, là où dans certains régions, les aérodromes ont des restrictions de vols le week-end sur certains horaires à cause des émissions sonores. Aujourd’hui, l’aéroclub possède sept appareils classiques, comprend 150 membres et effectue 2 000 heures de vol par an dont 50% de formations.

Sur les 8 000 élèves pilotes que compte chaque année la France, de plus en plus de jeunes apprennent à piloter sur ces avions décarbonés, une manière aussi, de réconcilier la jeune génération avec le secteur de l’aérien.