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Hervé Garnier : « Nous n’avons aucune influence politique au sens propre du terme »

Conférence. Dans le cadre de ses Universités Maçonniques, le Grand Orient de France tenait une conférence ouverte à tous sur le thème de « la laïcité à l’école : transmission, liberté d’expression, émancipation ». Hervé Garnier, Grand Maître adjoint, a livré sa vision de la laïcité aussi bien au sein de l’école que de la société.

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Photo d'Hervé Garnier
Hervé Garnier est Grand Maitre adjoint du Grand Orient de France. (Crédit : ND)

PAMB : Dans une société où la communication est reine et où les cabinets de conseils ont une influence grandissante, comment les Francs-Maçons trouvent-ils leur place ? Quel est leur poids dans la société d’aujourd’hui ?

Hervé Garnier : Tout d’abord, la Franc-Maçonnerie en général et nous, Grand Orient de France en particulier, ne sommes ni un parti politique, ni un groupe de pression, ni un syndicat.

Pour autant, nous pouvons être sollicités pour donner notre éclairage sur un sujet de société, comme lorsqu’il y a eu la loi dite séparatisme en 2021, visant à garantir les principes républicains.

Nous avons fait part de nos propositions, de nos remarques. Après, le pouvoir politique prend en compte ou non, ce qu’on lui suggère. Notre poids s’arrête là.

Nous n’avons aucune influence politique au sens propre du terme, comme cela a pu être le cas sous la IIIe République notamment, où dans un gouvernement qui comptait 11 ministres, 7 étaient Francs-Maçons.

Et aujourd’hui ?

Il doit y en avoir... Mais pas nombreux.

Vous dites être consultés sur certains sujets, est-ce que récemment, sur un sujet d’actualité comme l’âge légal de départ à la retraite, vous l’avez été ?

Non, pas sur les retraites. Nous sommes plutôt consultés sur des sujets de société. Sur les retraites, on ne s’amusera pas à intervenir car le Grand Orient de France c’est 53 000 membres, de différentes orientations et sensibilités politiques avec toutes les catégories socio-professionnelles représentées…

En revanche sur la fin de vie, oui, j’ai été en contact avec la ministre chargée du sujet, Agnès Firmin-le Bodo, ministre déléguée auprès de François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, au moment du lancement de la convention citoyenne.


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Nous avons été auditionnés par la convention citoyenne et également pas les Parlementaires en faisant part de notre avis sur la question. Y’a-t-il un sujet symbolique sur lequel le Grand Orient de France a été consulté et son avis suivi ?

La loi du 19 décembre 1905, sur la séparation de l’Église et de l’État où les Francs-Maçons ont largement contribué à l’aboutissement de cette loi. Mais sur les autres sujets, si nous pouvons prendre position, comme pour la loi sur le Mariage pour tous, nous ne sommes pas non plus les fers de lance.

Aujourd’hui, vous venez parler de laïcité. Comment sont sélectionnés les sujets de travaux sur lesquels vous travaillez ?

Cela part bien souvent de constats. L’école laïque et républicaine est aujourd’hui en souffrance, en panne. Quand on regarde le niveau des élèves, c’est plutôt moyen, en témoigne le Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves (Pisa). Quant aux professeurs, un grand nombre d’entre eux quittent l’institution.

Le Grand Orient de France souhaite contribuer à la réflexion et aux propositions menées sur ce sujet. Tout d’abord en s’interrogeant sur les savoirs fondamentaux que doivent acquérir les élèves pour devenir des citoyens et des citoyennes libres et éclairés, accéder à la pensée critique, et être acteurs demain dans la société. Pour « faire société » justement, expression que je préfère au « vivre ensemble » qui peut signifier l’inverse de ce qu’elle semble vouloir dire.

Car, nous pouvons vivre ensemble dans des communautés séparées… Ensuite en travaillant sur les formations et sur les moyens à donner aux enseignants pour répondre aux situations qu’ils vivent.

Enfin, en prenant en compte toutes les parties prenantes de la formation des jeunes que je me figure comme un triangle : l’école, la famille mais aussi l’État, les collectivités et associations…

Et dans les entreprises ? On l’a vu à la RATP par exemple où la religion prend une grande place et où la laïcité reste un combat…

Il y a quelques années, nous avons déjà fait part de nos réflexions. Concernant les règlements d’entreprises, aujourd’hui, les signes distinctifs religieux et tout ce qui est prosélytisme doivent être maîtrisés.

Mais c’est aux entreprises elles-même de faire ou de ne pas faire. Ce sont à elles d’instaurer des règles.