Grand Pitch de la CCI : et de 6 !
Start-up. La sixième édition du Grand Pitch s’est déroulée à la CCI, regroupant sept porteurs de projets, soutenus par l’écosystème local de l’accompagnement à l’entreprise.
Le lendemain de la journée internationale des droits des femmes, la CCI organisait sa sixième édition du Grand Pitch où des porteurs de projets viennent présenter leur start-up, devant un jury, notamment composé de business angels.
Le timing a quelque peu son importance, car sur les sept projets présentés, plus de la moitié l’étaient par des femmes. Innovantes, combatives, fourmillant d’idées, s’inspirant de leur quotidien, de leurs expériences, sortant d’études ou déjà installées dans la vie, elles sont venues partager leur vision de l’entrepreneuriat.
Les enfants au coeur des projets
Deux d’entre elles avaient des projets s’adressant aux enfants et à leurs parents. La première, Valérie Roques, soutenue par Innovact, était venue présenter Les Cogiteurs, un magazine scientifique accompagné d’un kit d’expériences avec comme credo « la science accessible à tous les enfants de 8 à 12 ans ».
L’originalité de la proposition réside non seulement dans le fait que Les Cogiteurs ne se contentent pas de proposer un « pas à pas » d’expériences mais aussi de fournir tous les éléments pour les réaliser.
« Au mois de mars, nous avions 200 abonnés », indique Valérie Roques qui précise que la mise en page est également adaptée aux enfants souffrant de troubles « dys ». Si elle travaille déjà avec des enseignants, l’objectif est de faire agréer les Cogiteurs par l’Éducation Nationale afin de distribuer les kits en France, à l’horizon 2025.
« Nous avons des magazines et des kits prêts jusqu’en novembre 2023 », souligne Valérie Roques. Son ambition : atteindre les 1 000 abonnés à la fin de l’année puis 4 000 à fin 2024.
« Nous travaillons aussi bien avec des écoles qu’avec de orthophonistes. Nous souhaitons étendre notre palette de services aux musées et institutions, car nous avons déjà de très bons retours avec nos abonnés et partenaires. » Tellement bons que l’idée est de proposer une version pour les 4-8 ans.
« Nous avons atteint 260% lors du lancement des Cogiteurs avec la campagne Ulule et bénéficions de nouveaux abonnés tous les jours. »
La seconde, Floriane Challard, partant de sa propre expérience, a créé un jeu pour inciter les enfants ayant des troubles de l’oralité à dépasser l’appréhension de manger.
Soutenue par le Réseau Entreprendre en Champagne-Ardenne, elle expliquait « vouloir redonner l’envie et le plaisir aux enfants de manger sainement ». « Entre 3 et 6 ans, après une approche de découverte des aliments, 8 enfants sur 10 font face à une phase de néophobie alimentaire », fait-elle savoir.
Confrontée à cette étape en tant que maman avec un enfant atteint d’autisme léger, elle a décidé de prendre les choses à bras le corps pour redonner sa place au repas, comme moment important lié au plaisir et non à la contrainte.
Le jeu qu’elle a créé propose de découvrir des aliments inconnus ou bloquants grâce à une approche ludique et positive.
« Nous allons stimuler le taux de dopamine grâce à l’action de jouer pour programmer une expérience positive et plaisante aux enfants afin de leur permettre de découvrir une alimentation saine. »
La jeune femme connaît un succès auprès des professionnels de santé qui, nombreux, utilisent désormais son coffret, notamment les pédiatres et orthophonistes spécialisés dans les troubles de l’oralité.
« Je travaille avec l’hôpital Necker à Paris mais aussi des établissements spécialisés ainsi que des crèches et écoles. » Aujourd’hui vendu à un prix de 75 euros, l’objectif est de multiplier les réseaux de distribution pour accentuer la production et ainsi, faire baisser le prix du kit : « le coût d’achat d’un coffret pour une production de 1 000 kits est de 41 euros, il passe à 25 euros pour une production de 10 000 coffrets », révèle ainsi Floriane Challard. Enthousiaste et à l’ambition communicative, son prochain évènement clé est un congrès de 700 pédiatres à l’hôpital Necker…
Des tiny houses aux piscines à faire soi-même
C’est dans le domaine de l’écotourisme que s’est illustrée Camille Fabre co-fondatrice de la start-up Parcel, soutenue par l’œnotourisme Lab. Celle-ci a comme objectif principal « d’œuvrer pour un écotourisme durable au cœur des campagnes françaises et ainsi, de devenir la première chaine hôtelière dans les champs ».
La start-up fonctionne en partenariat avec des agriculteurs et des viticulteurs pour installer ses tiny houses, petites maisons déplaçables et autonomes en énergie, sur leurs terres. « L’idée est de recréer du lien entre les agriculteurs, les viticulteurs et les voyageurs dans la mesure où 73% d’entre eux cherchent à avoir un tourisme responsable », révèle la jeune femme.
Parcel se charge des réservations mais c’est l’agriculteur qui gère l’intendance et la gestion opérationnelle tout en présentant ses produits, en échange d’une commission sur une durée d’un contrat de quatre ans. Aujourd’hui la start-up commercialise 23 tiny houses sur les terres de 18 agriculteurs (12 fermes et 6 vignobles) dans toute la France.
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« Nous avons une stratégie de développement à 2h30 des grandes villes car cette proposition s’adresse principalement aux citadins. » D’un coût de 50 000 euros la tiny house, l’investissement porté par Parcel est rentabilisé par la commercialisation de la nuitée (entre 110 et 155 euros) et de tous les extras (85% de réservation en direct sur le site internet), « pour une rentabilité à 3 / 4 ans ». Sur un chiffre d’affaires de 294 000 euros, 122 000 vont aux agriculteurs.
L’ambition de Parcel est d’installer 100 tiny houses sur 40 lieux d’ici 2024. Quatrième proposition, celle de la start-up e-dem qui développe un concept de piscine connectée à monter soi-même.
« Aujourd’hui, le marché de la piscine est en plein boom », indique Eva Mazan, soutenue par Neoma. Le projet, issu d’une ambition mère / fille est de « permettre à tous d’accéder au savoir-faire du piscinier », en se positionnant sur deux marchés : celui du piscinier et celui du faire soi-même.
« Nous proposons de former les utilisateurs aux techniques et à l’entretien de leur piscine en présentant aussi des alternatives ecoresponsables. »
Les deux femmes ne se lancent pas dans l’inconnu puisque Virginie Mazan est piscinier depuis 15 ans. L’idée à terme serait même de développer un programme d’e-learning.
Des bancs en balles de tennis
L’écoresponsabilité était bien au cœur de plusieurs projets, car après Parcel et e-dem, c’est CFV qui proposait un concept respectueux de l’environnement avec le recyclage de balles de tennis usagées en sièges et bancs pour clubs sportifs (ou amateurs d’objets insolites).
Claude Luthar, soutenu par la CCI, est tennisman depuis 17 ans et au fil des ans, il s’est interrogé sur le devenir d’une balle de tennis. « Chaque année, 17 millions de balles sont utilisées en France, dont 60 000 rien qu’à Roland Garros », annonce-t-il.
« La durée de vie moyenne d’une balle en compétition est de 2 heures, ainsi, cela fait beaucoup de balles qui sont produites pour un temps d’utilisation extrêmement restreint. » Les chiffres sont édifiants et ne peuvent que pousser à la réflexion.
Claude Luthar a ainsi décidé de donner une seconde vie à ces balles en les réutilisant pour en faire des sièges ou des bancs, « sachant que le matériel des clubs n’est pas toujours de première jeunesse ».
Il a donc créé un banc écoconçu à l’aide de tubes en acier approvisionné dans des entreprises locales dans un rayon de 30 km.
« Le process de récupération des balles est aussi effectué par la Fédération Française de Tennis. Elles sont ensuite percées puis intégrées au banc. »
Avec un marché potentiel de 7 500 clubs en France, les bancs sont également en démonstration dans des magasins Intersport ainsi que sur la centrale d’achat de la FFT au prix de 225 euros. Un prototype de chaise d’arbitre a aussi été conçu.
Deux autres start-up présentant des applications ont pitché. La première, Mettr, soutenue par Rimbaud Tech présentait « une marketplace destinée aux métreurs indépendants leur permettant de déposer des métrés pour que les entreprises puissent répondre aux appels d’offres. Souvent les PME ont les moyens de répondre aux chantiers mais pas les moyens en interne de répondre correctement à l’appel d’offres. »
Le projet a débuté fin 2022 avec les premiers tests en septembre. « Nous sommes certes sur un marché de niche, avec 90 000 appels d’offres par an, mais on est sur des millions de réponses par an et plus de 20 000 métreurs en France », relate Maxime Toury métreur indépendant.
La seconde, DelivConsult, propose « une solution d’optimisation du process de livraison permettant aux restaurants de s’armer face aux litiges », explique Kouider Lahouari, co-fondateur. Cette dernière prendra en photo toutes les commandes avant qu’elles ne sortent du restaurant. La photo sera traduite sous forme de dashboard grâce à l’intelligence artificielle. « Cet outil accompagne le restaurateur quand il y a une réclamation. »
Le business model fonctionne sous forme d’abonnement du restaurateur. Delivconsult est en phase de test chez des partenaires reconnus comme Burger King ou Quick. Une sixième édition avec des projets une fois de plus très variés, démontrant la richesse et la diversité des créateurs d’entreprises en herbe.