Ferry-Capitain garde un moral d’acier
Industrie. Le leader mondial des engrenages de grandes dimensions investit 10 millions d’euros sur son site de Vecqueville (52).
La vénérable usine située sur les bords de la Marne a presque deux siècles d’existence. Elle conserve encore des passerelles pour continuer à circuler lorsque le niveau du fleuve s’élève. À Vecqueville, en Haute-Marne, l’entreprise Ferry-Capitain continue toujours de se moderniser pour conserver son rang de leader mondial des engrenages de grandes dimensions. « Nous avons prévu un investissement de plus de 10 millions d’euros pour une extension de bâtiment et l’implantation d’un centre d’usinage de 10 mètres de diamètre », explique Marthe Prunier.
Sixième génération de l’entreprise familiale, elle est aussi la première femme à diriger le groupe CIF (Compagnie Industrielle et Financière de Bussy), un ensemble industriel de 1 300 personnes et 200 millions de chiffre d’affaires. Le groupe compte notamment des fleurons de l’industrie régionale, Ferry-Capitain – 320 personnes – et les aciéries Hachette & Driout à Saint-Dizier comptant 400 personnes, sans oublier les Ateliers Roche à Reims avec une centaine de personnes.
« Ferry-Capitain a évolué en conservant tous ses métiers, depuis le broyage de minerai à la fonderie, puis la fabrication d’acier, l’usinage et enfin les engrenages dont nous sommes aussi devenus des concepteurs avec notre bureau d’études : nous ne sommes plus des fondeurs mais des apporteurs de solutions », résume Christian Fontaine, le directeur de l’usine.
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Une spécialisation qui permet à l’entreprise d’exporter 80 % de sa production dans le monde entier, en direction des producteurs d’énergie, de l’industrie minière ou encore des cimentiers et de l’industrie.
Le spécialiste des pièces de transmissions de puissance innove aussi, par exemple en brevetant un pignon connecté, et dispose d’équipements permettant de fabriquer des engrenages de plusieurs mètres de diamètre. Une activité forcément énergivore qui a conduit l’entreprise haut-marnaise à s’adapter par exemple en décalant les horaires de production de la fonderie ou encore en installant une chaudière biomasse et des panneaux photovoltaïques.
Féminiser les emplois
Les pièces sont de grandes dimensions, mais tout est fait pour rendre plus facile leur manutention. « Nous avons 15 % d’emplois féminins dans l’entreprise et nous valorisons celles qui travaillent chez nous pour atteindre 30 % », ajoute Marthe Prunier. Des propos encouragés par Dominique Carlac’h, vice-présidente et porte-parole du Medef, fondatrice du réseau femmes du Medef. Venue sur le terrain, Dominique Carlac’h affirme haut et fort que « nous avons tout à gagner à féminiser les professions dans les entreprises ».
« Les femmes doivent aussi oser aller vers tous les métiers, et notamment dans l’industrie », ajoute-t-elle. Chez Ferry-Capitain, elles occupent des postes de production dans les ateliers, au bureau d’études, dans le management. « Dans les ateliers, passés parfois les vieux stéréotypes, leur intégration se passe très bien », constate le directeur de l’usine. Elles excellent même dans certaines activités comme le soudage où leur minutie est très appréciée.
« Je reçois de plus en plus de CV pour des postes de soudeuse », constate Nicolas Boulommier. Un progrès rendu possible aussi par des avancées techniques qui facilitent les tâches physiques.
Par exemple, dans l’entreprise, on utilise de plus en plus de chaînes de levage en kevlar, bien moins lourdes que celles en acier. Pour l’entreprise située dans le bassin de Joinville d’environ 10 000 habitants, c’est aussi une nécessité pour continuer à recruter et développer ses projets.