Economie mondiale : inflation au programme…
Economie. La situation économique et géopolitique était au cœur de la conférence annuelle récemment organisée à Reims par Servyr, courtier en assurance, en partenariat avec la Coface.
Si la conjoncture économique internationale à court terme demeure plus que jamais un univers volatile et incertain, il faut se projeter dans le moyen, voire le long terme pour que se dessinent quelques grands scénarios d’évolution. Convié par Quentin Renard, président de Servyr, à en esquisser les principales tendances, Jean-Christophe Caffet, chef économiste de la Coface, en voit, quant à lui, trois. Le premier est celui d’un atterrissage ‘en douceur’ de l’économie mondiale, après le rebond de l’année dernière. Toutefois, un retour d’inflation tenace est à prévoir, avec une cible à 2 %.
Mais, passer de quelque 10 % actuels à 2 % d’inflation semble particulièrement compliqué et laisse entrevoir l’arrivée d’une période de récession - notamment dans les pays développés et émergents - accompagnée, là encore, d’un de retour de l’inflation. Enfin, troisième scénario privilégié par le chef économiste de la Coface et qualifié de « médian », une réapparition de la ‘stagflation’, avec une croissance économique faible et une inflation élevée, dans la mesure où les banques centrales mettent leur lutte contre l’inflation au second plan de leurs priorités.
Inflation et faible croissance
Par ailleurs, la crise énergétique apparaît comme une tendance « lourde et durable » selon Jean-Christophe Caffet. En revanche, la transition énergétique, qui est de nature inflationniste, ne se discute guère si l’on veut lutter contre le réchauffement climatique. Le prix actuel de l’énergie (gaz, pétrole, électricité…) pénalise les industries énergivores et renforce la tendance de fond de désindustrialisation de l’Europe. L’énergie peu chère et une faible inflation sont derrière nous. Commence donc, semble-t-il, « une période durant laquelle la pression inflationniste va s’intensifier, avec une croissance plus faible ». L’objectif des 3 % de croissance va plutôt être ramené à 1,5/2 % d’ici 2040.
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Jean-Christophe Caffet estime par ailleurs que « la fiscalité carbone est indispensable », en ce qu’elle constitue un mécanisme incitatif puissant vers une énergie verte. L’Europe, qui représente 20 % du PIB mondial, devrait l’instituer avec un mécanisme d’ajustement aux frontières. Problème : c’est compliqué et c’est surtout un sujet de gouvernance mondiale, ce qui ne facilite pas l’émergence de décisions rapides. L’économie mondiale est, bien entendu, impactée par la situation de la Russie, dont Simon Lacoume, économiste sectoriel Coface, rappelait « son isolement financier et technologique actuel, et la fuite de ses cerveaux », mais dont le poids est disproportionné sur l’échiquier économico-politique mondial du fait de sa production énergétique, et qui engendre une forte inflation.
Retour vers le futur ?
à long terme, la gestion de la transition énergétique devrait conduire vers un ‘équilibre de destruction créatrice’, avec un cycle de croissance plus équilibré, une chaîne de production raccourcie, mais toujours un cadre inflationniste. In fine, et devant la difficulté à prédire l’évolution économique à l’échelle de la planète, le chef économiste de la Coface se demandait s’il ne serait pas judicieux d’imaginer de nouveaux outils prévisionnels - si l’on veut bien admettre que les outils actuels n’ont pas, ou n’ont plus l’efficacité escomptée - en mettant un peu de côté les mathématiques, en se demandant par quoi d’autre (que l’économie) est mû l’humain, voire l’humanité, en se tournant vers les notions développées par les pères fondateurs de l’économie politique, à l’image d’Adam Smith… La question mérite d’être posée.