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« Des mesures salutaires obtenues par la CPME »

Énergie. Les boulangers mais aussi la plupart des autres secteurs sont soumis aux hausses des prix de l’énergie et des matières premières avec pour tous, de réels soucis à gérer au quotidien. Riccardo Agnesina, Président de la CPME Marne fait le point.

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CPME Marne
À gauche, Riccardo Agnesina, président de la CPME Marne (Crédit : BB)

PAMB : Depuis quand exactement les entreprises sont-elles soumises aux augmentations de leurs coûts ?

Riccardo Agnesina : Pour les hausses du prix des matériaux, cela a commencé dès le début du conflit ukrainien. Nous laissant par là même imaginer que tous les produits nous provenaient de ce pays ! La hausse des coûts a également été engendrée par la pénurie (réelle ou spéculative) qui a suivi et qui a entraîné des surcoûts de production importants. En ce qui concerne les surcoûts liés à l’explosion des prix de l’energie, cela a été progressif et intensif à partir du même moment et plus encore dramatique pour nos TPE-PME.

Peut-on parler d’un double effet Covid / guerre en Ukraine ?

J’irais plus loin en parlant de triple effet : Gilets jaunes / Covid / Ukraine. Tout cela a fortement impacté notre économie, mais les entreprises s’étaient adaptées et avaient pallié à ces difficultés. Ce qui devient compliqué, c’est l’accumulation de crises et de difficultés sans aucun répit alors que nous avons des solutions. Pour l’énergie notamment, avec le nucléaire alors que nous avons un potentiel énorme. Jusqu’à quand nos TPE-PME, et nous, entrepreneurs, tiendrons nous ?

Ces éléments sont-ils les seules causes d’augmentations des coûts ?

Non bien évidemment. À la sortie du Covid et des premiers confinements, l’activité de nos entreprises a fortement augmenté pour rattraper le retard induit par ceux ci, provoquant d’ailleurs une bonne reprise de l’économie française. Cette reprise avec des marchés et des commandes à prendre a été de pair avec la nécessité de recruter.

Mais nouvelle difficulté rencontrée : la pénurie de main d’œuvre. On parle de plein emploi alors que 2,3 millions de personnes sont au chômage ! L’effet miroir a donc été de privilégier la fidélisation des collaborateurs déjà en entreprise, avec de façon anticipée une augmentations des salaires, sans pouvoir forcément augmenter les prix. Ce qui a entraîné, pour beaucoup, une forte baisse des marges.


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Comment les entreprises font-elle face jusqu’à présent (hors mesures gouvernementales annoncées) aux crises ?

Subir de façon résignée en limitant les « dégâts » serait plus approprié. Malheureusement, il n’a pas forcement été possible d’augmenter nos prix, car dans certaines activités (dont le bâtiment) la concurrence est rude et les clients ne peuvent pas dépenser plus que le budget prévu.

Et s’il y a des répercussions de coûts sur le consommateur, ce dernier a tendance à baisser sa consommation. Donc les entreprises ont stocké, comme elles ont pu, les matériaux lorsque les prix demeuraient « raisonnables », elles ont tenté de renégocier les contrats avec les fournisseurs, mais sans rien de réellement très concluant.

Avez-vous des exemples concrets d’augmentation de coûts ?

Personnellement, dans mon entreprise de menuiserie et agencement nous avons augmenté les salaires de 10 %. Certains produits, dont le bois, ont pris 30 à 150 % mais aussi les matériaux nécessitant une fortement consommation énergétique pour leur production. Concernant l’énergie, nous en sommes à + 350 % !

Les toutes récentes mesures (bouclier tarifaire, amortisseur électricité) sont-elles suffisantes ? Concernent-elles toutes les entreprises ayant des problèmes ?

Ces mesures sont importantes et il faut reconnaître que nombre d’entres elles sont salutaires. D’ailleurs elles ont été pour beaucoup obtenues par la CPME. Notre président national est omniprésent pour défendre nos PME et faire prendre conscience au gouvernement des mesures nécessaires et urgentes à mettre en place pour éviter les défaillances.

Cependant, toutes les entreprises ne sont pas traitées de la même façon. Il faut aussi souligner qu’elles ont modifié ces dernières années leurs investissements et leur façon de travailler pour faire des économies en termes de chauffage, d’électricité. Elles ont même, pour certaines, investi dans des machines-outils plus productives et moins énergivores.