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« Dans une économie de marché, la naïveté vous tue ! »

Economie. Le président national de la CPME, François Asselin, de passage à Troyes, fait le point sur le dossier des prix de l’énergie et de la réforme des retraites.

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François Asselin et Jean-Dominique Regazzoni
À gauche, François Asselin, président national de la CPME au côté de Jean-Dominique Regazzoni, président de la CPME Aube. (Crédit : L. Locurcio)

De passage à Troyes pour la remise des trophées de la performance, François Asselin en a profité pour rencontrer les chefs d’entreprise de la CPME Aube. L’occasion pour le président national de l’organisation patronale de faire le point, au cours d’une conférence de presse, sur les dossiers chauds du moment, à savoir le prix de l’énergie et la réforme des retraites.

Où en est le dossier des aides aux entreprises pour faire face à la crise énergétique ?

« Les TPE qui consomment très peu sont couvertes par le bouclier tarifaire et la limitation à 15 %, mais la très grande partie des entreprises se situe au-delà. Sans rentrer dans les détails, il y a un mécanisme d’amortissement qui amoindrit la facture de 20 %. Mais le problème demeure car, même avec une remise de 20 %, si vos coûts énergétiques dépassent vos résultats, plus vous produisez plus vous creusez le trou. »

Quelle sont les mesures concrètes que demande la CPME ?

« Nous avons demandé deux mesures avec insistance. D’abord le lancement d’un guichet de secours pour les entreprises saines, situées sur un marché porteur, et qui malgré ça ne peuvent plus s’en sortir avec uniquement leur amortisseur énergie. L’autre mesure consiste à mettre en place un référent dans chaque département pour que les entreprises qui n’entrent dans aucun des dispositifs prévus puissent tout de même avoir un interlocuteur au niveau de l’État pour rechercher des solutions. Enfin, tout cela doit être en ordre de marche très vite car la situation est très anxiogène. Les chefs d’entreprise sont habitués à franchir des obstacles, mais le plus terrible, c’est ne pas connaître la hauteur de ces obstacles…. »


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Est-ce que la France et l’Europe parviennent à défendre leurs intérêts sur ce dossier ?

« Globalement, les entreprises françaises vont se situer a priori dans la moyenne européenne, excepté les pays ibériques qui sont parvenus à sortir du système de l’offre globale de l’énergie. Il faut continuer à travailler pour plafonner le prix de l’énergie au niveau européen et sortir à terme du système de calcul des prix. Ça prendra au moins deux ans, et pendant ce temps-là il faudra tenir alors que la concurrence internationale, notamment outre-Atlantique, fait rage. L’Europe doit se ressaisir et prendre des mesures face aux tentations protectionnistes : dans une économie de marché, la naïveté vous tue ! »

Dans ce contexte compliqué, est-ce le bon moment pour lancer la réforme des retraites ?

« Pour le temps politique, il n’y a jamais de bon moment pour réformer les retraites, un sujet qui divise. Maintenant, il faut savoir ce qu’on veut. Notre système de répartition fonctionne sur la solidarité intergénérationnelle et ce sont les actifs d’aujourd’hui qui paient les retraites d’aujourd’hui. Ça devient plus compliqué lorsque le nombre d’actifs diminue par rapport au poids des retraites. Finalement la réforme des retraites, c’est assez simple puisqu’on connaît les trois paramètres que sont le niveau des pensions, le niveau des cotisations et la durée de cotisation. Baisser les pensions, personne n’a envie. Augmenter les cotisations ? Difficile puisque nous avons déjà les plus élevées d’Europe avec 28 % dans le secteur marchand. La seule solution possible est donc de cotiser plus longtemps, ce qui hérisse le poil des partenaires sociaux. Un effort qui nous va, à partir du moment où le montant des pensions est préservé, que le minimum contributif à 85 % du Smic sera de l’ordre de 1 200 euros dans la réforme, et qu’il y a une prise en compte les métiers dits pénibles avec une carrière longue. Demander aux Français de travailler plus longtemps n’est pas si difficile à l’échelle de l’enjeu, je comprends que ça ne fasse pas plaisir mais il faut faire l’effort pour préserver ces acquis. »