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Aides de l’État : ces entreprises artisanales hors cadre

Énergie. Le cas de Morin Surface, qui voit la facture d’électricité atteindre 15 % de son chiffre d’affaires.

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Damien Morin et Georges Bell
Damien Morin, à gauche, au côté de Georges Bell pour trouver une solution à l’envolée de la facture d’électricité. (Crédit : LL)

Pas simple d’entrer dans les cases des aides mises en place par l’État pour aider les entreprises à faire face à l’envolée des factures d’énergie. « Dans l’Aube, on peut estimer qu’il reste peut-être 25 % d’entreprises artisanales qui n’entrent pas encore malheureusement dans le cadre de ces aides », déplore Georges Bell. Le président de la Chambre de métiers de l’Aube sillonne le département à la rencontre d’artisans confrontés à des problèmes insolubles. C’est le cas de Damien Morin, patron d’une petite entreprise de sept personnes basée sur la zone industrielle de La Chapelle-Saint-Luc.

« Nous travaillons en sous-traitance pour des entreprises le plus souvent industrielles et nous sommes équipés en conséquence », fait remarquer le dirigeant de Morin Surface, entreprise spécialisée dans le traitement de surfaces. Certaines activités comme le thermolaquage par exemple sont très énergivores. L’entreprise occupe d’ailleurs un bâtiment de 2 000 m² pour ses nombreuses machines. « En 2022, j’ai payé 26 000 euros d’électricité, soit environ 4 % de mon chiffre d’affaires annuel de 560 000 euros. Avec les nouveaux tarifs qui m’ont été annoncés, je vais passer à 70 000 euros pour la même consommation », déplore Damien Morin.

Question de survie

Avec une facture d’électricité représentant désormais 15 % du chiffre d’affaires, la situation n’est plus tenable. « Autant dire que la totalité de la marge brute est absorbée par le coût de l’énergie nécessaire à la production et que la situation est intenable plus de six mois », constate Georges Bell. Et ce n’est pas tout puisque l’entreprise s’attend aussi, à l’automne, à un doublement du prix du gaz. Si Morin Surface est en dehors des clous du bouclier tarifaire, c’est parce que ses machines nécessitent une puissance supérieure au 36 kVa retenus.


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Avec un compteur électrique à 180 kVa, l’entreprise artisanale se retrouve dans une situation comparable à celle d’industriels sans pour autant atteindre un chiffre d’affaires aussi important. « Il y a eu des mesures qui vont dans le bon sens et qui aident les artisans, mais il y a aussi encore des situations particulières dont il faudra tenir compte au cas par cas », analyse le président de la Chambre de métiers de l’Aube. Progressivement, des dispositifs se mettent en place pour les artisans « hors cadre », comme pour les entreprises créées en 2022. Une réunion a eu lieu à la préfecture de l’Aube avec les services de l’État et la DGFIP en vue de la mise en place du guichet unique.

« Dans l’Aube, ce guichet unique sera piloté par la préfecture avec l’accompagnement des chambres consulaires. Par ailleurs nous discutons aussi avec les partenaires bancaires pour voir comment des facilités peuvent être mises en œuvre », ajoute Georges Bell. L’heure est donc plus que jamais à la mobilisation face à une situation qui commence réellement à peser sur les trésoreries.