100€ de bonus pour covoiturer
Mobilité. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires et Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, ont présenté, à Reims, le Plan covoiturage. Le gouvernement consacre une enveloppe de 150 millions d’euros pour inciter les Français à se saisir de cette pratique. 100 euros seront versés à ceux qui effectuent plus de 10 trajets en 3 mois, uniquement en 2023.
« C’est le Plan que nous attendions depuis 17 ans », révèle Frédéric Mazzella, fondateur de BlaBlaCar, en référence au Plan covoiturage présenté par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires et Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports, à Reims. « Ce plan réunit tout ce que nous attendions. Une incitation pour les usagers à franchir le pas du covoiturage grâce à un bonus financier de deux fois 100 euros, pour les trajets courts et les trajets longs, mais aussi le déploiement d’infrastructures grâce au soutien aux collectivités dans le développement d’aires et de voies facilitant le covoiturage », poursuit le président de la start-up aux 100 millions d’utilisateurs, aujourd’hui présente dans 22 pays.
Un plan à 150 millions d’euros
Frédéric Mazzella peut en effet se réjouir car le gouvernement, poussé par l’urgence climatique et les objectifs de réduction de gaz à effet de serre, a décidé de débloquer 150 millions d’euros pour inciter les Français à franchir le pas du covoiturage. « En moyenne, 80 % des trajets pour aller au travail en voiture se font à une seule personne », déclare Christophe Béchu. « Or, aujourd’hui, sur 100 millions de trajets dans le pays, nous avons seulement 900 000 covoiturages par jour. Nous portons l’ambition de multiplier ce chiffre par trois afin d’atteindre 3 millions de covoiturage journalier, soit l’équivalent de 100 000 pleins de carburant par jour. » Et si l’on parle du pouvoir d’achat, ce chiffre n’est pas anodin puisqu’il correspond à une économie de 1 300 à 1 500 euros par an par automobilistes. Quant à la planète, c’est l’équivalent de 400 millions de tonnes de CO2 économisés par an.
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Que d’avantages, peut-on penser ! Mais encore faut-il avoir les moyens de les mettre en œuvre. Une problématique que semblent avoir bien saisis les membres du gouvernement, puisqu’en plus de l’incitation financière de 100 euros (25 euros à l’inscription sur une plateforme partenaire dont BlaBlaCar, Ecov ou encore Karos, et les 75 euros restants au bout de 10 trajets dans un intervalle de trois mois) un ensemble d’infrastructures devrait être développé, des arrêts dédiés aux lignes de covoiturage, comme celle inaugurée par le Grand Reims avec Covoit’ici. Trois lignes sont en effet lancées à titre expérimental : la première reliant Ville-en-Tardenois et Pargny-Jouy à Tinqueux, entre 7 et 20 heures, la deuxième, permettant de rejoindre Reims Jean-Jaurès et Reims Farman depuis Warmeriville et la troisième reliant la gare TER de Bazancourt depuis Warmeriville, Isles-sur-Suippe et Boult-sur-Suippe entre 6 et 20 heures (les informations pratiques sont disponibles sur www.grandreims.fr/se-deplacer/covoitici-votre-ligne-quotidienne-de-covoiturage-sans-reservation.
« L’État finance à hauteur de 50% les dispositifs »
On le constate avec Covoit’ici, beaucoup de ces initiatives reposent sur les collectivités, qui ont enclenché des Plans mobilité. « Le Grand Reims, c’est 143 communes », rappelle sa présidente Catherine Vautrin. « Alors lorsque les familles accèdent à la propriété, cela se fait souvent dans un périmètre d’une vingtaine de minutes en voiture de Reims. Nous travaillons sur ces sujets depuis 2014 », insiste-t-elle. Le Plan covoiturage repose, lui, uniquement sur l’année 2023 mais avec des ambitions sur plusieurs années. 14 mesures sont édictées dont trois principales, auxquelles sont consacrés 50 des 150 millions.
« Une mobilisation du Fonds vert à hauteur de 50 M€ en 2023 sera mis en œuvre pour soutenir les collectivités. Car on s’aperçoit qu’il y a des décalages énormes sur le territoire dans le recours au covoiturage. Et nous avons constaté que l’un des incitants les plus efficaces, c’est quand les collectivités versent une prime à ceux qui covoiturent. Tous ceux qui ont effectué ce lancement connaissent une explosion du trafic. » C’est ce qu’a mis en place le Grand Reims, avec le versement d’une indemnité, d’un montant allant de 0,5 € à 1,5 € par trajet et par passager transporté. « Aider les collectivités à aider les covoitureurs, c’est le bon dispositif », juge Christophe Béchu. « Quand une collectivité met de l’argent, la moitié de l’argent qu’elle met, l’État le finance. »
« Notre objectif c’est de la faire de la France le leader européen du covoiturage dans les trajets du quotidien domicile-travail »
« L’infrastructure induit l’usage », souligne pour sa part Thomas Matagne, Président fondateur d’Ecov, qui opère déjà plus de 50 lignes de covoiturage avec les collectivités locales dans des territoires périurbains et ruraux, sous différentes marques d’exploitation dont Covoit’ici. « Les voies réservées, les arrêts de covoiturage sont autant de points d’entrée du réseau pour créer un service à haute fréquence. » Si ce Plan vient cibler les transports du quotidien, il intervient en complément d’autres modes de déplacements. « Dans certains milieux ruraux, les trains, les bus à haut niveau de services, ce n’est pas possible. Il faut donc trouver les solutions qui évitent d’avoir des voitures individuelles à vide. », soutient Christophe Béchu. « Au fur et à mesure du temps, les gens se sont éloignés des villes et il faut avoir le choix de transports où on peut mettre un minimum d’habitants car un bus qui fonctionne à vide ce n’est pas satisfaisant non plus. »
« Notre objectif c’est de la faire de la France le leader européen du covoiturage dans les trajets du quotidien domicile-travail », ambitionne le ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune. « On annonce un plan qui représente 200 millions d’euros, on aura l’occasion dans quelques semaines de présenter la stratégie ferroviaire pour les années qui arrivent et on discutera en dizaines de milliards », répond Christophe Béchu à la supression de dizaines de lignes ferroviaires, moyen de transport plus décarboné que la voiture, ces dernières dizaines d’années dans des zones rurales car jugées à l’époque, peu rentables. Entre la hausse du prix des carburants et l’urgence à moins polluer, le co-voiturage, en l’absence d’autres solutions, semble s’imposer peu à peu. « L’avantage de ce plan c’est que c’est disponible tout de suite, dès le premier janvier, et ça coche beaucoup de cases », tranche le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires.