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Quatre communes sur dix du Grand Est ont perdu tous leurs services de proximité

Services. L’essor de la voiture est la clé de la polarisation des emplois et des services, ce constat de l’Insee en accompagne un autre, la désertification des services dans le rural touche plus l’alimentaire et le scolaire que la santé.

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Quatre communes sur dix du Grand Est ont perdu tous leurs services de proximité
Les années 2000 signent l’avènement des regroupements scolaires. En 1980, 3 979 communes disposaient au moins d’une école élémentaire complète, avec ou sans classe de maternelle. En 2021, ces communes sont au nombre de 2 388, soit une baisse de 40%. (Crédit : Hofstein-Projects)

La facilité de déplacement permise par la voiture a bouleversé le maillage des équipements au cours des quatre dernières décennies : de nombreux petits commerces ont disparu et beaucoup de classes d’écoles primaires ont été regroupées, dans le Grand Est comme en France. En région, deux communes sur cinq ont perdu des services du quotidien et davantage dans le centre du Grand Est qu’en périphérie. En 2021, quatre communes sur cinq sont dépourvues d’un minimum d’équipements. La métropolisation des emplois contribue également à cette situation.

Ainsi, 2 250 communes de la région disposaient d’au moins un commerce d’alimentation générale en 1980, elles ne sont plus que 884 en 2021 (-61%). Cette évolution s’est effectuée avec une baisse de 73% est épiceries et supérettes et une hausse de 116% des supermarchés et hypermarchés. Le nombre de boulangeries a baissé de 23% et celui des boucheries de 53%. Depuis 2008, 130 supérettes alimentaires, de 120 à 400 m², ont fermé dans le Grand Est, dans le même temps, les implantations d’épiceries de moins de 120 m² ont augmenté avec 190 magasins de plus dans les villes.

Les équipements de santé en hausse de 20%

Les communes disposant d’au moins un équipement de santé sont passées de 1 192 à 1 431, soit une progression de 20%. Le nombre de communes disposant d’un médecin généraliste a progressé de 12%, c’est +15% pour la présence d’un dentiste, +83% pour celle d’un masseur-kinésithérapeute, + 29% pour celle d’un infirmier et +15% pour la présence d’une pharmacie. En 2021, le nombre de communes accueillant un médecin généraliste dans le Grand Est est supérieur de 12% au niveau de 1980, malgré des baisses enregistrées dans les départements de la Haute-Marne, de la Meuse et des Vosges. 130 communes de la région disposent d’une maison de santé pluridisciplinaire, un mode récent d’organisation qui induit une concentration des équipements de santé.


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A contrario, la présence scolaire a souffert de regroupements massifs. En 1980, 3 979 communes disposaient au moins d’une école élémentaire complète, avec ou sans classe de maternelle. En 2021, ces communes sont au nombre de 2 388, soit une baisse de 40%. Les classes de regroupement pédagogique intercommunal étaient au nombre de 1 113 et sont passées à 763, un recul de 58%.

670 000 habitants privés d’équipements de proximité

En 1980, la présence d’une école scolaire complète était encore quasi systématique dans les communes de plus de 500 habitants et dans plus de la moitié des communes de 200 habitants.
Désormais, la suppression des classes à plusieurs niveaux a favorisé les regroupements. Il en résulte, avec des pôles équipés de cantines et d’activités périscolaires, voire de garderies, que l’école primaire complète n’est généralisée qu’au-dessus de 1 000 habitants. Depuis 1980, 50% des communes qui avaient au moins un de ces services de proximité (alimentaire, santé ou scolaire) ont perdu leur dernier équipement. Cette situation concerne 670 000 habitants (12% de la population du Grand Est) et deux communes sur cinq. Les zones les plus touchées sont la Meuse, le sud de l’Aube et les environs du Parc naturel de Lorraine.

78% des communes de la région (1,2 million d’habitants) doivent se rendre dans une autre commune pour bénéficier de services de proximité (santé, scolaire et alimentaire). Un tiers de la population habite dans une commune qui ne dispose pas à la fois d’un commerce d’alimentation générale, d’un médecin généraliste ou d’une école primaire complète. D’une manière générale, résider hors de l’aire d’attraction des villes ou dans la couronne d’une petite aire (moins de 50 000 habitants) nécessite de composer avec une offre de services de proximité réduite. C’est en Meuse et en Haute-Marne que l’accès aux équipements s’est le plus dégradé, suivent les Ardennes, l’Aube, l’Argonne champenoise, dans la Marne et les Vosges.