Nogent mobilise les énergies pour accueillir deux réacteurs EPR
Énergie. L’union sacrée autour de la candidature de la centrale nucléaire auboise pour un enjeu économique majeur et un chantier à 10 000 emplois.
Voici quelques mois, Emmanuel Macron a demandé à EDF la construction de six réacteurs nouvelle génération EPR 2 à l’horizon 2050. Des réacteurs plus puissants, capables de générer une puissance électrique de 1 670 MW alors que les réacteurs plus anciens sont autour de 900 MW. Plus récemment, le président de la République a réuni, pour la première fois, le CPN (conseil de politique nucléaire).
La réforme des retraites touchera aussi les centrales nucléaires puisque le CPN a déjà décidé de la durée de vie des centrales existantes à 60 ans. Celle de Nogent-sur-Seine, dont les deux réacteurs ont été mis en services en 1987 et 1988 jouera donc les prolongations. C’est le même jour qui a été choisi par François Baroin pour nouer ce qu’il a désigné lui-même comme le « serment de Nogent ». Aux côtés des présidents de régions, Valérie Pécresse pour l’Île-de-France et Franck Leroy pour le Grand Est, de nombreux élus venus visiter et surtout soutenir la candidature de la centrale de Nogent. « Avoir un tel projet ici, ça signifie 10 000 emplois pendant la durée du chantier et 3 000 autres après, pour le fonctionnement », souligne François Baroin.
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C’est d’ailleurs son père, Michel Baroin, alors maire de Nogent-sur-Seine, qui avait largement œuvré pour que la centrale actuelle s’y installe. « À l’époque, la centrale avait été prévue pour quatre réacteurs avec une surface foncière de plus de 200 hectares, deux sont en service et il reste la place pour deux autres », rappelle Estelle Bomberger-Rivot, l’actuelle maire de la cité nogentaise. Un premier atout de taille pour la candidature auboise qui s’en ajoute à d’autres.
« Nous importons 87 % de électricité dont nous avons besoin et il nous faut à proximité une source d’énergie décarbonée très importante », affirme Valérie Pécresse qui milite pour la relance de la filière nucléaire, par exemple en lançant de nouvelles formations spécialisées dans sa région.
Maîtrise de la ressource en eau
Autre atout essentiel au fonctionnement de la centrale, la maîtrise de la ressource en eau. Un point devenu crucial puisque les épisodes de sécheresse ont influé sur les prélèvements en eau pour le refroidissement des réacteurs. « Grâce à nos lacs artificiels, nous avons pu faire face sans problème : cet été, 50 % de l’eau de la Seine à Paris était celle relâchée par les lacs », précise Patrick Ollier, président de Seine Grands Lacs, l’établissement de gestion des lacs réservoirs aubois et marnais. Également président de la Métropole du Grand Paris, il « ne voi[t] pas comment le président de la République pourrait ne pas retenir la candidature de Nogent ».
« Il faut ajouter aussi l’électrification de la ligne 4 qui relie déjà Paris à Nogent et se poursuit jusqu’à Troyes pour 2028 ainsi que la mise à grand gabarit de la Seine pour 2030 », fait remarquer Franck Leroy. Le port fluvial de Nogent est déjà utilisé pour le transport de grosses pièces pour la centrale. L’expertise du millier d’agents EDF de la centrale est aussi à prendre en compte.
Avec tous ces atouts, Josiane Chevalier, préfète de la région Grand Est, estime que « la candidature de Nogent fait sens et qu’une dynamique constructive et collective est déjà bien enclenchée ». La prochaine étape pour François Baroin et ses alliés sera de voir le président d’EDF pour défendre le dossier nogentais, l’arbitrage final étant prévu pour 2025.